L'Afrique du Sud accuse Israël de génocide devant la Cour internationale de Justice

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La veuve de Hamza Wael Dahdouh, journaliste à Al Jazeera, et son père, Wael Al-Dahdouh, chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza, se recueillent sur son corps après qu'il ait été tué lors d'une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, le 7 janvier 2024. C’était ce qui restait à Wael Al-Dahdouh qui a déjà perdu sa femme et ses autres enfants ainsi que membres de sa famille lors d'une frappe israélienne sur le camp de Nuseirat, le 26 octobre 2023

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L'Afrique du Sud a accusé jeudi Israël d'avoir violé la Convention des Nations unies sur le génocide, affirmant que même l'attaque du Hamas du 7 octobre ne pouvait justifier de telles violations.

"Aucune attaque armée sur le territoire d'un Etat, aussi grave soit-elle (...) ne peut justifier une violation de la convention", a affirmé le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, devant la plus haute juridiction de l'ONU.

"La réponse d'Israël à l'attaque du 7 octobre a franchi cette ligne et a donné lieu à des violations de la convention", a-t-il ajouté, lors d'une audience devant la Cour internationale de Justice (CIJ), qui siège à La Haye.

Pretoria a saisi en urgence la CIJ pour qu'elle enjoigne à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza.

Génocide à huis-clos

La campagne d’extermination dans ce territoire palestinien a fait au moins 23.357 tués, en grande majorité des civils dont plus de 10.000 enfants et près de 8.000 femmes. Rien qu’au cours de la nuit du mardi à mercredi, on compte plus de 70 tués dans des frappes dans différents secteurs de la bande de Gaza. Encore que cette macabre comptabilité évoque rarement les blessés dont le nombre dépassent les 70.000. Elle omet également les dizaines de milliers portés disparus sous les décombres et le champ de ruine auquel Israël a réduit la bande de Gaza.  

Le nombre élevé des journalistes tués à Gaza trahit le dessein d’éliminer les témoins directs qui peuvent transmettre au monde le génocide qui se déroule à Gaza. Sans vergogne, le Tsahal assure que les journalistes" tués à Gaza étaient, comme les 10.000 enfants qu’elle a assassinés, sont des ‘’terroristes qui constituaient une menace’’. Une menace de dénoncer ses crimes et son atrocité à l’opinion publique.

D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières (RSF), une organisation occidentale, au moins 79 journalistes ont été tués. Le Syndicat des journalistes palestiniens confirme, lui, que plus de 100 journalistes ont perdu la vie depuis le 7 octobre 2023. L'Organisation des Nations Unies a exprimé de son coté de sérieuses préoccupations concernant le nombre élevé de victimes parmi les journalistes à Gaza et la nécessité d'enquêtes approfondies et indépendantes pour garantir le respect du droit international.

L'Afrique du Sud affirme qu’Israël rompt ses engagements pris en vertu de la Convention des Nations unies sur le génocide, signée en 1948 à la suite de l'Holocauste.

En tant que cosignataire du traité, Pretoria peut poursuivre Israël devant la CIJ, qui statue sur les différends entre Etats.

Dans sa requête de 84 pages, l'Afrique du Sud reconnaît le "poids particulier de la responsabilité" de l'accusation de génocide contre Israël et condamne "sans équivoque" l'attaque du du 7 octobre.

Mais les actions israéliennes à Gaza sont destinées "à provoquer la destruction d'une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien", accuse-t-elle.

Israël bombarde et affame 

L'Afrique du Sud s'est exprimée jeudi devant les magistrats, Israël vendredi. S'agissant d'une procédure d'urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines. Les opérations militaires israéliennes à Gaza ont poussé la population au "bord de la famine", a déclaré jeudi une avocate de l'Afrique du Sud devant la plus haute juridiction de l'ONU.

"La situation est telle que les experts prédisent désormais que plus de personnes à Gaza pourraient mourir de faim et de maladie" que par une action militaire directe, a affirmé Adila Hassim, avocate de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye.

La campagne de bombardements menée par Israël vise à "la destruction de la vie des Palestiniens" et pousse les Palestiniens "au bord de la famine", a encore affirmé Adila Hassim.

"Les génocides ne sont jamais déclarés à l'avance, mais cette cour bénéficie des 13 dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d'intention qui justifie une allégation plausible d'actes génocidaires", a-t-elle déclaré.

S'agissant d'une procédure d'urgence, la CIJ pourrait se prononcer dans quelques semaines. Ses décisions sont sans appel et juridiquement contraignantes, mais elle n'a aucun pouvoir pour les faire appliquer. Elle a par exemple ordonné à la Russie de suspendre son invasion de l'Ukraine.

Une décision de justice contre Israël augmenterait cependant la pression politique sur le pays, et pourrait éventuellement servir de prétexte à des sanctions. La résolution complète de l'affaire devant la CIJ peut prendre des années.

A La Haye, la police séparait des manifestants pro-israéliens et pro-palestiniens, munis de pancartes disant : "Mettez fin à l'apartheid israélien".

Les dirigeants israéliens "ont explicitement exprimé leur mépris pour la vie des civils palestiniens", a déclaré Zohar Janovitch, 40 ans.

La résolution complète de l'affaire devant la CIJ peut prendre du temps.

A ce stade, "la cour ne déterminera pas si un génocide est en train de se dérouler à Gaza", selon Cecily Rose, professeure en droit international à l'université de Leyde aux Pays-Bas.

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