Pour avoir demandé à un agent du département d'Etat de promener son chien, M. Pompeo sous le coup d'une nouvelle affaire

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Pendant le week-end, Mike Pompeo n'a pas réagi à la nouvelle affaire qui l'éclabousse. Sans y faire allusion, il a tweeté, depuis son compte personnel, une photo de son nouveau chiot.

Or le puissant chef de la diplomatie américaine faisait justement l'objet d'une enquête interne car il est soupçonné d'avoir demandé à un agent du département d'Etat de promener son chien, entre autres requêtes personnelles.

La polémique a éclaté lorsque Donald Trump a limogé vendredi soir, à la demande expresse de Mike Pompeo, l'inspecteur général du ministère des Affaires étrangères qui venait d'ouvrir cette enquête, Steve Linick.

Depuis, l'opposition démocrate s'insurge. Et le récit s'étoffe, souvent embarrassant pour Mike Pompeo.

Selon une source au courant de la portée de l'enquête, Steve Linick se penchait sur des plaintes accusant le secrétaire d'Etat de confier des tâches domestiques à un employé payé avec l'argent du contribuable : sortir le golden retriever des Pompeo, donc, mais aussi aller chercher leurs vêtements au pressing ou encore faire des réservations au restaurant pour des repas privés du couple.

A 56 ans, l'ex-directeur de la CIA, promu en 2018 à la tête de la diplomatie américaine, aime mettre en avant son profil proche des Américains moyens.

Affaibli par l'affaire ukrainienne 

Lui qui affiche un patrimoine et des revenus relativement modestes par rapport aux nombreux millionnaires que compte le gouvernement Trump reste très discret sur ses origines californiennes. Mais il se montre intarissable sur ses racines du Kansas, l'Etat rural du Midwest dont il a été l'élu au Congrès des Etats-Unis.  

Surtout, Mike Pompeo n'a pas hésité à sabrer des centaines de millions d'aide américaine destinés aux Palestiniens, à l'Organisation mondiale de la santé ou encore à l'Afghanistan, en invoquant la nécessité de "bien dépenser" l'argent du contribuable.

Le secrétaire d'Etat s'était déjà attiré quelques critiques pour avoir emmené, depuis début 2019, son épouse Susan Pompeo dans nombre de ses voyages, alors qu'elle n'exerce aucune fonction officielle, obligeant une partie des équipes des ambassades, du "State Department" et de la sécurité à s'occuper d'elle.

Mais cette polémique n'avait pas prospéré.

Au-delà des faits qui lui seraient à présent reprochés, encore assez limités, c'est le limogeage de l'inspecteur général, censé disposer de toute indépendance et latitude pour contrôler l'exercice du pouvoir exécutif, qui est dénoncé par les démocrates -- et une poignée de républicains.

"Nous contestons absolument les renvois d'inspecteurs généraux pour des motifs politiques", ont déclaré d'influents élus d'opposition, Eliot Engel et Bob Menendez.

"Le président doit rompre avec cette habitude d'exercer des représailles et de se venger contre les fonctionnaires qui travaillent au service de la sécurité des Américains", a renchéri la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

D'autant qu'il n'est pas absolument clair si l'inspecteur limogé s'intéressait aussi à d'autres aspects du mandat de Mike Pompeo.

Ce dernier était déjà sorti affaibli de l'affaire ukrainienne qui avait valu une mise en accusation au président des Etats-Unis, finalement acquitté par le Sénat lors de son procès en destitution en début d'année.

Le secrétaire d'Etat, s'il a conservé la confiance du milliardaire républicain, a perdu celle de bon nombre des fonctionnaires de son ministère, choqués qu'il n'ait pas défendu les diplomates traînés dans la boue par les cercles trumpistes -- voire par le locataire de la Maison Blanche en personne.

Après avoir dû faire profil bas pendant plusieurs longues semaines, Mike Pompeo est revenu sur le devant de la scène pour mener, en première ligne, l'offensive de l'administration Trump contre la Chine, accusée d'être "responsable" de la propagation mondiale du nouveau coronavirus.

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