Pour Hillary Clinton, l’affaire marocaine a barré son chemin à la Maison Blanche

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Émaillée de révélations scandaleuses et inopinées, la dernière campagne présidentielle américaine a créé la surprise générale avec la défaite d’Hillary Clinton que les sondages donnaient vainqueur. Pour celle qui aurait pu être la première femme présidente dans l’histoire des Etats-Unis, elle était bel et bien « sur le chemin de la victoire », si WikiLeaks et la Russie ne se sont pas incrustés dans cette campagne.

C’est lors d’un gala organisé le mardi 2 mai par l’ONG Women for Women International, que Hillary Clinton était invitée à s’exprimer sur le déroulement de sa campagne. Celle-ci affirme haut et fort qu’elle aurait bien pu être la nouvelle présidente des Etats-Unis, si WikiLeaks n’avait pas publié des courriels du président de son équipe, John Podesta, et si le directeur de la FBI, James Comy, n’avait pas intervenu tardivement pour empêcher son élection. « Si l’élection avait eu lieu le 27 octobre, je serais votre présidente » a-t-elle déclaré dans ce sens.

Une insouciance payée très cher

En 2009, Clinton arrive au département d’Etat, elle décide alors de continuer à utiliser son adresse mail personnelle hébergée sur un serveur privée à la place de la messagerie officielle de l’administration. Une erreur fatale qu’elle regrettera sûrement par la suite, car il s’agit d’un usage interdit totalement par la loi fédérale qui exige que les échanges officiels soient conservés.  Mais c’est à cause de l’explosion du consulat des Etats-Unis en Lybie en 2012, ayant fait 4 morts dont l’ambassadeur américain, qui a révélé que celle-ci continuait toujours à utiliser son compte personnel. C’est une commission, chargée en 2014 d’enquêter pour rétablir la responsabilité de l’attaque, qui avait identifié des courriels provenant de la messagerie privée de Clinton. Cette découverte lui a valu, par ailleurs, une critique acerbe de la part de plusieurs personnes, comme le chef de la NSA Michael S. Rogers qui avait déclaré que « pour un service de renseignement étranger, cela devrait représenter une priorité ».

Pour sauver la face, Clinton demande alors dans un Tweet au département d’Etat de rendre publics ses mails affirmant qu’elle n’utilisait cette  adresse que pour des raisons de commodité et uniquement pour des échanges « personnels », comme le mariage de sa fille Chelsea, l’organisation de ses vacances ou encore son cours de sport. L’ex-secrétaire d’Etat qui pensait que la tempête s’était calmée, présentera alors après quelques semaines de cet incident sa candidature à la présidentielle américaine. Le FBI, lui, commence à analyser sérieusement les échanges de l’ex-première dame dès juillet 2015. Un an après, il recommande de n’engager aucune poursuite contre elle.

La conférence de Marrakech, le coup de grâce ?

Les échanges sur la conférence de Marrakech entre John Podesta, directeur de la campagne de Clinton, et Huma Abedin, sa conseillère personnelle vont changer la donne et vont affecter visiblement la popularité de la candidate démocrate. Ces messages, qui remontent au janvier 2015, avaient  pour objet la tenue quatre mois plus tard à Marrakech d’une conférence de la Clinton Global initiative (CGI) pour le développement de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Abedin affirme dans cet échange que le choix de la CGI ne sait pas porté sur le Maroc en premier lieu et qu’il s’agissait plutôt d’une proposition de Hillary Clinton. Selon la même source, le Maroc avait exigé la présence de l’ancienne candidate américaine en personne, pour un coût de 12 millions de dollars. « C’était l’idée de HRC (Hillary, ndlr), notre bureau a approché les Marocains, et ils croient à 100 % qu’ils font cela à sa demande. Le roi a personnellement engagé environ 12 millions de dollars à la fois pour la dotation et pour soutenir le meeting (…) Elle a créé ce gâchis et elle le sait », lit-on dans le courriel.  

Par ailleurs, Trump va être le premier à bénéficier de ce coup de tonnerre alors qu’il était en perte de vitesse après la publication d’une vidéo datant de 2005 où il tenait des propos misogynes. Celui-ci va vite saisir l’occasion pour dénoncer la corruption de son adversaire. «  La corruption d’Hillary Clinton est à un tel niveau, c’est du jamais vu, nous ne pouvons pas laisser son plan criminel entrer dans le bureau ovale», avance-t-il.

« J’étais sur le chemin de la victoire jusqu’à ce que la lettre de Jim Comey le 28 octobre et le WikiLeaks russe créent le doute dans la tête des gens qui penchaient en ma faveur, et qui ont fini par prendre peur », a déclaré l’ancienne candidate. Le chef du FBI  va, lui, annoncé, le 28 octobre 2016, dans une lettre adressée au congrès l’ouverture d’une  enquête sur Clinton à quelques jours de l’élection.  C’est en effet des emails de John Podesta, directeur de la campagne de Hillary Clinton, que des hackers russes sont arrivés à identifier selon les services de renseignements américains, qui ont était à l’origine de l’ouverture de cette nouvelle enquête.

Un mois avant la date décisive des élections, les mails de John Podesta sont rendus publics, à moins d’une heure de la publication d’une vidéo datant de 2005 de Donald Trump exprimant des propos obscènes sur les femmes. Pour l’ex-secrétaire d’Etat,  c’est un coup manigancé par Moscou pour déstabiliser les électeurs américains.

 

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