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Maroc à la CEDEAO : Ce que nous savons
Ce samedi 16 décembre, s'est ouverte à Abuja, la 52e conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement durant laquelle, l’adhésion du Maroc à la Cedeao a été le dossier majeur.
Le Maroc a fini par inscrire son processus d’adhésion à la CEDEAO dans une démarche progressive. Et pour cause, ses partenaires africains font preuve d’une certaine inquiétude, particulièrement vis-à-vis de la compétitivité économique des entreprises marocaines. Cette fébrilité s’est traduite par le retardement du processus d’intégration du Maroc à la communauté régionale des Etats d’Afrique de l’Ouest.
La progressivité avant tout
Le processus doit être « progressif et graduel » a déclaré la secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Mounia Boucetta. Il faut surtout ne pas heurter les futurs partenaires économiques africains et leur présenter une transition confortable.
Le Maroc semble avoir pris en compte les inquiétudes de ses partenaires et leurs tend la main pour une transition en douceur, assurant un partenariat gagnant-gagnant. A cet effet, de nombreux projets sont en préparation. Projets majeurs et bénéfiques pour la zone, notamment un soutien de la sécurité alimentaire, avec un approvisionnement continue en fertilisants, plusieurs projets agricoles, ainsi qu’un gazoduc Maroc-Nigeria.
Cependant cette adhésion intégrera une libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, ce qui effraie, du fait de la compétitivité des entreprises marocaines.
Fébrilité en Afrique de l’Ouest
Depuis quelques mois certaines voix au sein des pays membres de la Cedeao se sont élevées en réponse à l’adhésion du Maroc.
Le Sénégal, pourtant grand allié du royaume, a vu naître en son sein une contestation de l’adhésion du Maroc, par certains lobbys du patronat sénégalais. Le CISI, comité d’initiative pour le suivi de l’intégration, composé d’organisations patronales et professionnelles entre autres, ainsi que le Conseil national du patronat ont contesté cette admission. Ils évoquent un manque de savoir-faire en matière de négociations, les préjudiciant dans les accords.
La compétitivité des entreprises marocaines est aussi au cœur des contestations, jugée supérieure à la leur, elle génère une peur d’une vague marocaine impossible à contenir.
Au Nigeria, on relève des opinions semblables. Plusieurs arguments ont été avancés ; un risque de « menace terroriste » selon l’association nigériane des diplomates retraités (particulièrement bien intégrés dans les milieux diplomatiques algériens), et surtout un accord de libre-échange avec l’UE, provoquant l’appréhension quant à l’ouverture indirecte des échanges avec l’Europe par le biais du Maroc.
Cependant on voit que les dirigeants politiques semblent tous assez favorables à l’addition du Maroc. Nommément Macky Sall , président du Sénégal , qui lors d’un sommet rassemblant de nombreux chefs d’entreprise sénégalais, a critiqué cette fébrilité du secteur privé sénégalais et a proposé une mise à niveau de la compétitivité de celle-ci, plutôt que de fuir une compétition pouvant s’avérer saine.
Le Maroc à la Cedeao ? Pas pour tout de suite
Le sommet d’Abuja a résulté dans un différé de l’entrée du Maroc et la désignation d’un comité chargé de travailler sur la demande d’adhésion du Maroc, composé du Nigeria, du Togo, de la Côte d’ivoire, du Ghana et de la Guinée.
La mission de ce comité se concentrera sur une « étude approfondie des implications de cette adhésion » prenant probablement en compte l’étude d’impact réalisée pour ce sommet.
Certaines problématiques du dossier marocain ont été soulevées par cette étude, évoquant une adhésion à la monnaie unique difficile à envisager pour le royaume, mais aussi la liberté de circulation des personnes pouvant entrainer une croissance de mouvements démographiques vers le Maroc.
Plusieurs points positifs ont été évoqués cependant. Les pays de la CEDEAO pourront profiter de l’expertise du Maroc dans la lutte anti-terroriste. Ainsi que les travaux majeurs soutenus par le royaume au sein des pays membres, comme l’électrification au Sénégal et l’affermage de l’eau potable au Cameroun.
Mis à part cette étude, on a pu observer le remplacement du président de la commission de le CEDEAO, Marcel De Souza, par Jean Claude Brou actuellement ministre ivoirien de l’industrie et des mines. Une bonne nouvelle, le Maroc étant le premier partenaire économique de la Côte d’Ivoire. Selon une source de nos confrères de Telquel, "Jean-Claude Brou a toujours été d'un apport constructif et positif au Maroc, il a toujours veillé à ce que les projets dans l'industrie et les mines soient accompagnés comme il se doit [...] La Côte d'Ivoire est un soutien fidèle du Maroc et nous sommes convaincus qu'il sera un soutien dans l'adhésion du royaume à la CEDEAO".
Nouveau motif d’optimisme pour l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, qui même ralentie, semble être sur la bonne voie.