Sur sa route pour le Maroc, Macron perd le nord et se perd dans le sud - Par Talaa Saoud ATLASSI

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Il se peut que dans son entourage, personne n’ait soufflé au président de la République française que les Marocains sont un Etat et ont un Roi. Un Roi qui mène le pays avec la densité historique d’un Royaume millénaire.

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Maroc-Espagne au-delà des surenchères électorales – Par Talaâ Saoud ATLASSI

Il se passe ces jours-ci en France et dans l’Etat français, des choses incompréhensibles, étranges et en même temps inadmissibles. Imbue jusqu’à la morgue, le France est de plus en plus l’auteure d’impairs indignes de son histoire prestigieuse, à moins que ce ne soit cela sa vraie histoire, et de sa Loi fondamentale qui a inspiré les Constitutions de nombreux pays de par le monde. 

La France est, claironnent à longueur de journée les Français sans avoir forcément tort, le pays des Lumières, des penseurs, des intellectuels et des politiques qui naguère forçaient le respect. Une France qui, il est vrai, irradiait les éclats de la Révolution française, en dépit des travers de celle-ci.

La même France apparait aujourd’hui déboussolée. Elle renvoie l’image d’un pays qui a perdu le nord et dilapidé dans le vertigo de la lente descente, son capital, son patrimoine et les attributs constitutifs des Etats modernes : la sagesse, la constance, la retenue et la pondération, outre le respect des us et coutumes qui régissent les rapports d’un Etat à son peuple, d’abord, mais aussi ses relations étrangères avec des Etats tiers.

Dans son rapport avec le Maroc, l’Etat français a probablement décidé, dans les secrets de ses entrailles, d’un plan en plusieurs paliers pour au moins faire douter le Maroc de ses capacités, à défaut de pouvoir le déstabiliser. Un dessein qui ne nous est pas étranger et qui nous rappelle une triste époque du 19ème siècle que l’on croyait révolue et incompatible avec l’image de pays des droits de l’homme, de l’égalité et de l’émancipation dont la France se targue. Sinon, comment comprendre le chœur d’insolence qui chante faux le sentiment que l’Etat français prétend avoir pour le Maroc ? Car nul ne saurait concevoir, un analyste politique encore moins, que ce chapelet de fautes n’est que bévues ou insignifiantes erreurs de parcours. 

Dans un article précédent, j’ai suspecté qu’Emmanuel Macron, produit de la banque Rothschild avec pour mission de colmater les fissures et les craquelures de la société française, s’est retrouvé à la tête de la République en train de gérer les questions internationales du pays, avec la même fâcheuse approche d’un banquier sans scrupules qui court frénétiquement derrière le gain instantané et le bénéfice immédiat. Je n’ai pas eu complètement tort, tant ses comportements ultérieurs n’ont fait malheureusement que corroborer ce doute !

Quel pays qui se respecte s’aviserait-il, en effet, d’annoncer la visite d’un Chef d’Etat dans un autre pays sans concertation, sans préparatifs, sans dispositions protocolaires préalables ? Pour l’instant et jusqu’à plus ample informé, seule la diplomatie française, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a eu cette finesse.

Pourtant, nul besoin d’être polymathe, ce que se croit apparemment E. Macron, pour comprendre qu’un éventuel accueil par le Roi Mohammed VI du président de la République française requiert des préparations politiques et protocolaires pesées au trébuchet, où chaque terme, chaque geste est réglé au millimètre près. 

L'intempestivité de Paris n’a pas manqué d’étonner Rabat qui a qualifié immédiatement cette initiative d’unilatérale se donnant « la liberté de faire une annonce non concertée concernant une échéance bilatérale importante ».

L’on est tenté dans cette sortie improvisée de voir le désir de la présidence française, en s’invitant au Maroc par voie de presse, de «se réconcilier » dans la précipitation avec le Royaume. Un impair, précédé par un autre, M. Macron ayant pris la liberté de s’adresser, via une vidéo, directement aux Marocains, comme s’ils étaient des administrés d’un département français, pour les réconforter dans le sillage du terrible séisme du 8 septembre. 

Il se peut que dans son entourage, personne n’ait soufflé au président de la République française que les Marocains sont un Etat et ont un Roi.  Un Roi qui mène le pays avec la densité historique d’un Royaume millénaire.

C’était aussi oublier que le Maroc de Mohammed VI est un Royaume indépendant, fort, autosuffisant et capable de prendre son destin en main, de faire face avec détermination aux accidents de l’histoire comme de la géographie et de se projeter dans l’avenir. Est-ce encore le cas de la France d’Emmanuel Macron ? Il faut espérer que oui, mais on peut en douter et craindre qu’après avoir perdu le nord, l’Etat français soit en train de se perdre dans le Sud, où le confort de sa poule position l’a laissé à son insu dormir sur ses lauriers. 

 

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