Politique
Visite royale au Nigéria : Des premiers échos positifs pour un rapprochement stratégique
Le roi Mohammed VI accompagné du prince Moulay Ismail, est arrivé jeudi soir à Abuja, pour une visite officielle au Nigeria, troisième étape d’une tournée royale qui a conduit également le souverain en Ethiopie et à Madagascar.
A sa descente d’avion à l'aéroport international Nnamdi Azikiwe d'Abuja, le roi a été accueilli par le vice-président de la République Fédérale du Nigéria, Yemi Osinbajo. Le roi a ensuite été salué par l’ambassadeur du Maroc à Abuja, Moha Ou Ali Tagma, et les membres de l’ambassade du Royaume, au moment où des troupes folkloriques nigérianes exécutaient des danses et des chants traditionnels souhaitant la bienvenue au souverain.
Le roi Mohammed VI est accompagné, lors de cette visite, d’une importante délégation composée notamment des conseillers du souverain, Fouad Ali El Himma et Yassir Zenagui.
La délégation officielle comprend également le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, le ministre de l'Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Nasser Bourita, ainsi que plusieurs personnalités civiles et militaires.
Première en son genre au Nigéria, la visite du roi exprime la volonté du Maroc, portée au plus haut niveau, de diversifier ses partenariats en Afrique et d’étendre le modèle de coopération Sud-Sud que le royaume a développé avec ses partenaires traditionnels sur le continent.
Une coopération économique promise à un bel avenir
Depuis quelques années, il y a eu plusieurs contacts entre hommes d’affaires marocains et nigérians, encouragés en cela par la politique africaine du roi, la présence au Maroc de groupes américains et européens qui ont fait du Royaume une plateforme orientée vers le continent africain, outre l’ouverture de la ligne aérienne Casablanca-Lagos.
Ainsi, l’ouverture de cette ligne a contribué au développement des échanges entre les hommes d’affaires des deux pays et permis une connaissance mutuelle des possibilités à exploiter. Toutefois, une exploitation optimale des potentialités des deux pays requiert un certain nombre d’actions, notamment l’amélioration du cadre juridique réglementant les échanges économiques et commerciaux, la promotion des relations entre les chambres de commerce et d’industrie et la conclusion d’un accord de partenariat avec la CEDEAO.
Qualifié par certains observateurs de dragon économique du continent, le Nigeria est prédisposé à s'imposer comme une puissance africaine incontournable du XXIe siècle et constitue une véritable locomotive au niveau de la sous-région.
Pays le plus peuplé de l’Afrique avec près de 186 millions d’habitants, la République Fédérale du Nigeria dispose d’abondantes ressources naturelles, aussi bien minières qu'agricoles. C’est l’un des premiers producteurs mondiaux de produits agricoles, telles que les arachides ou le cacao, ou encore de produits miniers comme le charbon, quoique le pays accorde plus d’importance à l’industrie pétrolière qu’à l’industrie agroalimentaire.
Le dragon ouest-africain reste donc largement tributaire de l’industrie du pétrole bien que des secteurs entiers comme l’informatique et les télécommunications se sont considérablement développés ces dernières années.
L’or noir a été découvert au Nigeria en 1956 dans le delta du Niger et le pays rejoint l'OPEP en 1970. La ville de Port Harcourt est le principal lieu de production du pays qui a attiré de nombreux travailleurs. Cependant, si le Nigeria est le 2ème pays producteur de pétrole d'Afrique, il ne possède pas de raffineries et doit importer son carburant d'Europe et des Etats-Unis.
Après avoir supplanté l’Afrique du Sud en tant que première économie du continent, le géant d'Afrique de l'Ouest est actuellement en perte de vitesse à cause de la chute des prix du pétrole.
Conscientes des nombreux défis auxquels le pays est actuellement confronté, les autorités nigérianes ont mis en avant leur volonté réformatrice et multiplié, en conséquence, les programmes ambitieux de refonte de l'économie dans un sens néolibéral, avec l'objectif de faire du Nigeria une des vingt premières économies mondiales d'ici à 2050.
Le Nigeria se félicite de la décision du Maroc de regagner son siège au sein de l'UA
Le gouvernement nigérian s’est félicité de la décision du Maroc de regagner son siège au sein de l’Union africaine (UA), qualifiant cette décision de «développement bienvenu».
« Il s’agit d’un développement bienvenu », a déclaré le ministre nigérian des Affaires étrangère, Goeffrey Onyeama. «Le Maroc est un pays important», a souligné le responsable, ajoutant qu’«il n’est pas dans l’intérêt ni de l’Union Africaine ni celui du Maroc que le Royaume reste en-dehors de l’organisation continentale».
Une visite qui permettra un rapprochement stratégique entre les deux pays
La visite du roi Mohammed VI au Nigeria permettra de sceller un rapprochement stratégique entre la République fédérale du Nigeria et le Royaume du Maroc, a souligné le ministre nigérian de la Communication, Barrister Abdur-Raheem Adebayo Shittu.
Cette visite ouvrira de nouvelles opportunités de coopération entre les deux pays, comme elle favorisera l'échange d'expertises et d'expériences accumulées par le Nigeria et le Maroc dans divers domaines, a affirmé Adebayo Shittu dans une déclaration.
Parmi les domaines de coopération, Adebayo Shittu a évoqué le secteur de l'enseignement supérieur, notant qu'"au vue de la qualité des universités au Maroc, les étudiants nigérians peuvent poursuivre leurs études en leur sein, d'éviter ainsi de voyager dans des pays européens, avec qui nous ne partageons pas la même culture". Le Nigeria et le Maroc partagent la religion islamique, a poursuivi le ministre, notant que l'Islam s'est introduit au Nigeria à partir des pays du Maghreb et précisément du Maroc.
Adebayo Shittu a rappelé, à cette occasion, la dernière visite du président Nigérian pour la COP22, affirmant que "cette visite a été très positive et a permis au Chef de l'Etat du Nigeria d'explorer les opportunités de coopération entre les deux pays frères".