Asma Lamrabet s’explique sur sa démission de la Rabita Mohammedia des Oulémas

5437685854_d630fceaff_b-

1301
Partager :

Une semaine après sa démission de la Rabita Mohammedia des Oulémas, Asma Lamrabet donne enfin les raisons de son départ, à travers un communiqué

Dans un communiqué daté de ce lundi 26 mars, Asma Lamrabet indique : « je n'ai pas souhaité m’exprimer, depuis l’étranger, où je participais à un séminaire académique, sur les raisons ayant conduit à ma démission et ce pour éviter toute instrumentalisation malveillante qui viendrait travestir mon patriotisme, mes valeurs et mes profondes convictions ».

La chercheuse a poursuivi en indiquant que ces propos, lors d’une conférence universitaire de présentation de l’ouvrage collectif sur l’héritage, ont « suscité un tollé et une grande polémique lors de la 20ème session du conseil académique de la Rabita ». En effet, l’auteure de « Islam et femmes, les questions qui fâchent » explique : « devant une telle pression, j’ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l’approche de l’égalité hommes-femmes au sein du religieux ».

Asma Lamrabet ajoute : « à ceux qui voudraient m’accabler, je dirais que mon action, à titre bénévole au sein de la Rabita, pendant près de dix ans n’avait d’autre ambition que de servir mon pays et de promouvoir cette troisième voie, celui d’un islam apaisé, contextualisé et en phase avec les valeurs humanistes universelles compatibles avec nos valeurs culturelles ».

Elle a également ajouté qu’elle porte en elle les valeurs que « le roi n’a cessé de prôner pour la préservation des constantes du pays, pour la défense des droits légitimes des femmes et la marche irréversible du Maroc vers la modernité ».

Et d’ajouter que « l’islam comme référentiel incontournable et tel que clairement stipulé dans notre Constitution, ne saurait être pour nous marocains, femmes et hommes, ni une barrière ni un obstacle pour l’émancipation dans la justice et l’égalité en droits ».

« En tant que marocaine, qui a puisé son inspiration dans notre Islam, je me sens fière et forte de ses enseignements et des portes qu’il m’a ouvertes sur la réalité, l’altérité et la pluralité culturelle, ce qui a permis à notre pays de faire de sa richesse, de sa diversité et de sa spiritualité, un atout reconnu, respecté et souvent envié », a-t-elle souligné.

Asma Lamrabet a également ajouté : « cet engagement n’est pas seulement le mien, il est nourri et porté par la majorité des composantes de notre Nation. Il est celui du consensus national, du compromis, de l’Islam du juste milieu, celui qui a permis à notre pays d’évoluer sereinement et lucidement vers la modernité ».

La chercheuse a également rappelé qu’elle a toujours prôné pour une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l’Islam. « C’est l’action que j’ai toujours mené à travers la déconstruction des lectures rigoristes et patriarcales, notamment à travers mes différents ouvrages et au sein du centre d’études féminines, qui est devenu un espace de référence dans la réforme du champ religieux initié par la plus haute autorité politique du pays » a-t-elle fait savoir.

Elle a ajouté en remerciant tous ceux et celles qui l’ont soutenu et affirmé que le plus important est de soutenir les droits légitimes des femmes pour un Maroc de justice et d’égalité.

« J’ai pris donc mes responsabilités. Et comme je l’ai dit dans mon post : « une étape est terminée ». Je poursuivrais sereinement et librement mon engagement », a-t-elle conclu.

Pour rappel, le 19 mars dernier un communiqué avait annoncé le départ d’Asma Lamrabet et son remplacement, à la tête du centre d’études et de recherche féminine en islam, par Farida Zomrod.

lire aussi