Conseil national de la presse : Une configuration unique au monde

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Etant donné que c’est la première fois qu’un tel Conseil voit le jour au Maroc, les autorités marocaines de tutelle devaient s’entourer de toutes les garanties et précautions pour assurer le succès de tout le processus de mise en place de ce Conseil

Le conseil national de la presse, qui a été élu dans des circonstances et des conditions discutables, devrait se réunir le 5 octobre prochain pour élire son président et son vice-président et former ensuite ses diverses instances. Le Conseil, dont la configuration reste unique au monde, comparée aux plus anciens et vieux exemples en Europe,  a été contesté, avant même les opérations électorales au sein du corps des journalistes.

Présidée par un magistrat, la commission qui était chargée (strictement) de veiller à la transparence du scrutin, a tout de même décrété un dispositif électoral aux antipodes des règles démocratiques, en appelant au vote les journalistes titulaires des cartes de presse de 2017, alors que l’élection a lieu à la fin du premier semestre 2018. Cette entorse a-t-elle été validée par le magistrat ?  Deuxième et grave entorse à l’éthique démocratique : Exclusion d’une large frange de journalistes, notamment les correspondants de la MAP à l’étranger de la participation aux élections.

La commission, qui était présidée par un magistrat (qu’il soit dit pour la deuxième fois)  aurait pu, s’inspirant des pratiques du Ministère de l’Intérieur, fixer au moins deux périodes pour l’inscription des journalistes sur les listes électorales et donc établir les cartes de presse, afin de garantir la participation d’un maximum de journalistes, pour conférer la crédibilité au Conseil et la légitimité, et partant, une assise représentative.

Etant donné que c’est la première fois qu’un tel Conseil voit le jour au Maroc, les autorités marocaines de tutelle devaient s’entourer de toutes les garanties et précautions pour assurer le succès de tout le processus de mise en place de ce Conseil, et donc, éviter sa contestation, avant même l’élection. Quelle crédibilité accorder donc à l’élection de ce Conseil dans lequel le corps des journalistes ne se reconnait pas. Dans la mesure où la contestation a rongé toutes les composantes du Conseil (le syndicat national des journalistes, les corps des écrivains, du droit d’auteur,  des éditeurs), en plus des entorses flagrantes aux règles électorales, il y’avait lieu de proclamer le report des élections, en toute sérénité.

 Le ministère de la communication aurait également pu, avant l’élection du Conseil,  demander et imposer aux corps professionnels l’organisation de nouvelles assemblées générales, pour l’élection de nouveaux bureaux pour éviter des frondes potentielles ultérieures.

Les journalistes marocains, qui sont censés donner des leçons aux politiques, en matière de démocratie, de justice, de liberté et d’égalité,  devaient eux-mêmes donner l’exemple, en supervisant des élections libres et démocratiques au sein de leur profession. Et ce n’est pas à un syndicat clientéliste, dont plusieurs dizaines de membres contestent  la légitimité, qu’il appartiendra de représenter honorablement les journalistes au sein du futur Conseil.

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