Master à 40 mille dhs : Est-ce un scoop, une information inédite ?

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Jouer à la jeune fille effarouchée à la soi-disant découverte du commerce des diplômes, pourtant rien que la face visible, très visible de l’iceberg de l’état désastreux de notre enseignement, est d’une hypocrisie incommensurable

Un florilège de ce que devrait dire éviter un homme ou un organisme dans l’embarras, en l’occurrence le communiqué de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès où elle annonce avoir ouvert, en coordination avec le département de tutelle, une enquête au sujet d'un enregistrement vocal, circulant sur l'application mobile WhatsApp sur les critères d'accès au Master Droit des contentieux publics au sein de l'université. Une scabreuse histoire de corruption pour l’obtention d’un diplôme, comble de l’ironie, en droit. Un master pour 40 mille dhs, ce qui n’est pas chèrement payé et constitue une dévaluation du diplôme

Une enquête, l’université en a-t-elle les moyens ? Il s’agit d’une communication téléphonique, entre deux personnes, dont il faut d’abord démontrer la fausseté ou la véracité. Ensuite géolocaliser les deux communications et identifier les deux interlocuteurs tout en cherchant à établir si cet enregistrement est une pièce à conviction recevable par la justice.   

Mais l’université a anticipé les objections. Dans un communiqué, l'université de Fès a indiqué qu'elle procède à l'analyse de manière minutieuse du contenu de l’enregistrement et à la collecte des données requises en vue de prendre la décision légale appropriée. Rien que ça ! Il faut espérer que les services de polices compétents, auxquels elle aurait dû annoncer y avoir recouru, lui apportent leur expertise dans cette quête.  

Mais il en faut un peu plus pour la démonter. L’université est déterminée, c’est elle qui l’assure, à garantir les conditions de transparence, d'objectivité et d'égalité des chances en matière d'inscription des candidats à toutes ses branches, tout en veillant à l'application des critères du Cahier des Normes pédagogiques et au respect des dispositions d'accréditation relatifs à chaque formation. L'Université, ajoute le communiqué, se réserve le droit de faire face à toute pratique attentatoire à sa réputation et contraire à la loi et à l'intérêt général, quelle que soit son origine.

Sa réputation, sans doute elle en a une, mauvaise, et il ne s’agit pas ici seulement de la pauvre université de Fès, mais de l’ensemble du système éducatif marocain. Jouer les effarouchées à la soi-disant découverte du commerce des diplômes, pourtant rien que la face visible, très visible de l’iceberg de l’état désastreux de notre enseignement, est d’une hypocrisie incommensurable.

Fausse ou vraie, la communication à l’origine de ce scandale n’est que le révélateur d’un enseignement cliniquement mort. Pour s’en rendre compte il suffit de prendre un échantillon représentatif parmi les lauréats des centres de formation des enseignants pour constater que le niveau des formateurs n’est guère supérieurs aux enfants qu’ils doivent former. Et pourtant on a vu les académies et les directeurs des centres, au nom de consignes venues d’on ne sait où, ordonner aux enseignants de faire passer tout le monde. Il semble qu’il y va de la paix sociale.   

 

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