Pourquoi la présentation de « Sahih al-Bukhari, la fin du mythe » a été annulée ?

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La présentation du livre « Sahih al-Bukhari, la fin du mythe », qui devait avoir lieu ce dimanche au centre culturel Dar Saïda, a été annulée du fait que des groupes obscurantistes ont taxé les organisateurs et l’auteur d’athéisme, rapporte notre confrère Yabiladi

La présentation avait été coorganisée par Dar Saïda et l’association Intilaka. Le vice-président de l’ONG, Omar Chana a expliqué à nos confrères de Yabiladi que l’exercice de promotion de l’éducation et de la culture ne peut se faire sans un minimum de conditions liées à la sécurité des personnes. Autrement dit, c’est pour éviter un incident que l’événement a été annulé.

Il a ajouté : « la semaine dernière, nous avons été contactés par Dar Saïda, qui nous a signalé la réception de messages de haine, accusant les organisateurs d’athéisme. En plus d’avoir abordé Marouan Benkhaldoun, un proche a été apostrophé par des individus au discours religieux extrémiste et très violent ». Il a également indiqué que l’association Intilaka promeut la culture et l’éducation. « Autant nous en sommes très soucieux, autant nous pensons que ce travail ne peut se faire au dépend de l’intégrité physique des personnes et de la sécurité de tous. Nous nous sommes donc réunis et il a été décidé d’annuler la rencontre», a déclaré Omar Chana.

Ce dernier a également fait part de sa déception à Yabiladi avant d’ajouter que les personnes derrière ces menaces n’ont même pas lu le livre et ne savent donc pas de quoi il traite. Omar Chana a tenu à faire savoir que cet ouvrage tente de clarifier certaines notions sur les préceptes du Coran, les hadiths et leurs récits selon al-Bukhari. Pour lui, les « détracteurs » du livre auraient dû opter pour un dialogue en assistant à la rencontre et en donnant leur point de vue sans attaques. Il a également estimé qu’il s’agit typiquement d’une attitude d’obscurantistes. Pour Omar Chana, ce n’est pas le livre en soi qui pose problème mais plutôt tout ce qui symbolise la pensée progressiste et éclairée.

Par ailleurs, beaucoup ont affirmé que le livre en question était interdit de vente or cette interdiction ne concerne qu’une seule librairie à Marrakech. Pour revenir sur les faits : Abdelfattah Lebjioui, wali de la région Marrakech-Safi (limogé en décembre dernier) avait déposé une plainte auprès du parquet de la ville faisant remarquer que le livre portait atteinte aux fondements de l’islam. Or, comme l’affirme Rachid Aylal (auteur de l’ouvrage) à Yabiladi, « la décision du juge est tombée le même jour, ce qui veut dire que le parquet n’a même pas pris la peine d’examiner le contenu du livre ».

Ainsi, le livre a été interdit de vente mais la censure ne concerne qu’une seule librairie sur quatre à Marrakech. Dans d’autres villes, le livre est disponible et bénéficie même de l’approbation du ministère de la culture, selon Omar Chana.

Ce dernier ajoute : « il ne faut pas non plus induire en erreur l’opinion publique. La décision de justice a été prise à l’encontre de la librairie Al Afaq, à Marrakech, et non pas contre la diffusion et la distribution de l’ouvrage. Il a été vendu à plus de 4000 exemplaires sur tout le Maroc. Il a même été exposé lors du dernier Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL), tenu à Casablanca en février dernier. Actuellement, l’écrivain a annoncé qu’une maison d’édition étrangère avait acheté les droits pour le faire publier en Tunisie également».

De son côté, Rachid Aylal a déclaré qu’il s’agit d’une décision de justice prise à la hâte. Et d’ajouter : «depuis sa parution, tous les organisateurs de rencontres autour du livre ont subi des pressions, d’une manière ou d’une autre, et ont été contraints d’annuler leurs évènements. On ne peut pas confronter des idées par la violence, la haine, la pression ou l’interdiction».

L’auteur explique également que le livre est plus une défense de l’islam qu’un dénigrement. Il affirme que c’est une étude codicologique sur les supports de Sahih al-Bukhari à travers laquelle il démontre que le « Sahih » a été réécrit à plusieurs reprises.  «Si nous commençons à considérer que la remise en question d’écrits de théologiens, des humains comme vous et moi, relève de l’atteinte aux constantes, faut-il considérer qu’au même niveau du Coran et des hadiths, Sahih al-Bukhari en est une ?», a conclu l’auteur.

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