Sénégal et USA, same game, toute proportion gardée -Par Naïm Kamal

5437685854_d630fceaff_b-

L’attaque du Capitole, temple de la démocratie américaine, le 6 janvier 2021, par les partisans de Donald Trump

1
Partager :

Par Naïm Kamal

Le Sénégal est sous développé quand les USA sont surdéveloppés. C’est une lapalissade qui ne devrait pas offusquer mes amis sénégalais. La même appréciation vaut pour le Maroc, quand bien même mon pays se targue d’avoir été le premier à reconnaitre les USA.

Tout malentendu ainsi évité, le Sénégal c’est un Etat. Les Etats Unis cinquante, plus leurs extensions économiques et militaires à travers le monde. Le Sénégal a une superficie d’à peine 196 000 kilomètres carrés pour une population de18 millions de personnes. Les Etats Unis, c’est respectivement 9,8 millions de kilomètres carrés et 338 millions de bouches à nourrir grassement. Les Etas Unis c’est également une dette qui a crevé son plafond de 31 400 milliards de dollars, contraignant le président Biden à des tractations avec les Républicains pour l’augmenter. Celle des Sénégalais est estimée à 21,3 milliards de dollars.

Les deux pays sont des démocraties. La sénégalaise, jeune et balbutiante, encore à l’épreuve de la tentation de ses élus de vouloir le rester perpétuellement ; l’américaine, plus solide, plus libre, plus libérale.

Plus libre si l’on omet que deux partis, toujours les mêmes, que rien de radical ne différencie, se relayent sur la Maison Blanche depuis plus d’un siècle avant la composition en 1918 de Good bless America.   

Plus libre encore si l’on oublie aussi le Complexe militaro-industriel complexifié par la survenue des GAFA.

Ce n’est pas une théorie conspirationniste. Mais l’affirmation d’un héros de la deuxième guerre mondiale, qui a terminé sa carrière comme Commandant en chef de l’armée et de la Marine des Etats Unis en sa qualité de 34ème hôte de la Maison Blanche, Dwight Eisenhower. C’est lui qui l’a popularisée. 

Dans son discours d’adieu en 196, il a mis en garde les Américains, vainement, en déclarant : « Nous devons nous garder contre l'acquisition d'une influence injustifiée, qu'elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le potentiel d'une montée désastreuse du pouvoir mal placé existe et persistera.» Cinquante-neuf ans plus tard, Barak Obama, confronté à ‘’ses’’ généraux sur le retrait des troupes américaines de l’Afghanistan, la confirme dans ses mémoires UNE TERRE PROMISE, édités en 2020.

Reste ce qui a inspiré cette comparaison entre deux pays que des années lumières séparent : fort probablement la part sombre de l’homme qui a pour nom l’amour du pouvoir. Depuis fin 2020, début 2021, on assiste dans ces deux pays à un peu reluisant feuilleton où se mêlent sexe, politique, justice, affrontements, complots et dénonciation de complots.

Aux Etats Unis, le Capitole est attaqué le 6 janvier 2021 pour empêcher la certification de l’élection de Joe Biden à la présidence des Etats Unis, contestée par le sortant, Donald Trump. Bilan : Cinq décès, de nombreux blessés et des centaines de personnes accusées de crimes. Trump, qui table sur un come-back, aux prises avec la justice pour des histoires de sexe et de conservation de documents classifiés, crie au complot pour l’empêcher de se porter candidat.

Le Sénégal, depuis février 2021, vit au rythme du feuilleton qui met en scène Ousmane Sonko, l'un des chefs de file de l'opposition qu’une jeune masseuse accuse de viol à répétition. En mai 2023  il est  condamné en appel pour diffamation d’un ministre à 6 mois avec sursis, ce qui le rend déjà inéligible à la présidentielle contre Macky Sall, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat au mépris de la Constitution. Troisième à la présidentielle de 2019, Sonko serait son principal challenger. 

Pour le viol, il a été acquitté, début juin 2023, mais condamné à deux ans fermes pour incitation à la débauche d’une jeune de moins de 21 ans. Lui crie au complot pour l’empêcher de se présenter. Chacun de ses procès a donné lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Bilan : 16 morts, 19 selon l’opposition, 23 à en croire Amnesty, 500 arrestations, et des centaines de blessés.

Morale de la fable : le rapport des hommes au pouvoir et les comportements qui en découlent que la savoir ne police pas nécessairement. Ce n’est pas parce qu’on navigue dans l’espace à la recherche d’une planète à coloniser qu’on est forcément différent de celui qui en est encore à ramer sur une pirogue incertaine. Dans les deux cas ce sont les atavismes qui remontent toujours au galop. Si jamais, par inadvertance, ils ont été chassés. 

 

lire aussi