Société : Pauvre de nous, sommes-nous si misérables ?

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Il faut le voir pour le croire. Une femme aurait été empêchée de quitter la maternité où elle avait accouché de quadruplés parce que la famille, pauvres et sans ressources, ne pouvait pas s’acquitter d’une facture de 1000 dh. Il parait même que l’administration de l’hôpital a eu recours au à la police pour bloquer la mère et ses bébés jusqu’à paiement de la facture.

Je ne veux pas rebondir sur cet incident, ubuesque, rapporté par un site d’information en ligne. Mais ce qui m’interpelle, c’est surtout une autre information relayée sur un autre site et concernant la déclaration d’un ministre sortant du gouvernement non moins sortant de Benkirane.

Moubdii, puisque c’est de lui qu’il s’agit a déclaré au site en question que « le taux de la pauvreté au Maroc ne dépasse les 4% et que tous les indices confirment le recul de la pauvreté ». Mohammed Moubdii fait référence aux dernier statistiques du HCP qui annoncent un taux de pauvreté de près de 5%, même si la réalité paraît tout autre, selon des données du même HCP. Mais le ministre sortant préfère ne voir que le quart plein du verre.

Selon le HCP, le niveau de vie des Marocains a connu une amélioration pour atteindre les 19000 dh par an et par individu. Cela fait 1583 dh par mois soit 52 malheureux dirhams par jour. Quitte à passer pour populiste, je ne peux m’empêcher de m’interroger qui pourrait  encore vivre avec 52 dh et beaucoup d’al hamdou lillah par jour ?

Et encore là ce n’est qu’une moyenne. Y’en a qui vivent avec plus et y’en a plus nombreux qui vivent, ou plutôt survivent  avec moins.

Toujours selon des statistiques et indices du même HCP, l’évolution du niveau de vie s’est aggravé négativement à moins 15,2 points, au lieu de moins 12,8 points une année auparavant. Et 43,1% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie, alors que près de 73% des ménages n’espèrent aucunement une amélioration de leur niveau de vie pour les 12 mois à venir. C’est dire à quel point certains sont sélectifs quant aux statistiques qu’ils veulent prendre en compte. Et avec tout ça, il y en a qui pensent que le taux de la pauvreté est infime au Maroc.

Mais la vraie pauvreté n’est pas celle des chiffres et des statistiques, qui par leur froideur, occultent l’essentiel. La vraie misère est celle qui fait qu’un service censé être public et à vocation sociale, tienne en otage une pauvre (dans tous les sens du terme) femme et ses quatre nouveau-nés pour quelque malheureux 1000 dh. Sommes-nous descendus si bas ?

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