Un attentat-suicide était prévu le jour des élections législatives

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La dernière arrestation de 10 femmes présumées terroristes démontre que l’EI est prêt à adapter et réadapter ses méthodes, trouvant au Maroc, dans certaines catégories sociales, un terrain fertile pour répandre leur idéologie. L’approche sécuritaire ne suffit plus.

Le directeur du BCIJ (Bureau central des investigations judiciaires), Abdelhak Khiame, a livré lors d’un point de presse, tenu ce mardi 4 octobre à Rabat, de nouveaux éléments concernant la cellule terroriste composée exclusivement de femmes, 10 en tout, démantelée la veille. La révélation phare que l’on retiendra en premier lieu concerne l’attentat kamikaze que prévoyait d’effectuer l’une d’entre elle le vendredi 7 octobre, jour des élections législatives. Toutefois, plusieurs détails livrés par le directeur du BCIJ, indiquent que la guerre contre le terrorisme est loin d’être gagnée, et qu’en plus de l’action sécuritaire, il faudrait désormais mettre en place une approche multidimensionnelle incluant l’économie, mais aussi l’éducation et la sensibilisation.  

Daech adapte et réadapte ses méthodes

Historique d’une dangereuse évolution : Au départ, l’EI a essayé de pénétrer le territoire marocain en recrutant des fanatiques sur place, en les envoyant au front syro-irakien pour un entrainement, une expérience terrain, notamment dans la guérilla urbaine, puis en les renvoyant au Maroc pour perpétrer des actes terroristes et/ou embrigader et entrainer d’autres personnes. Cette méthode n’a pas fonctionné. Dans le cadre de sa stratégie anticipative, le BCIJ mettait automatiquement sous surveillance toute personne soupçonnée de près ou de loin d’être partie au front jihadiste et les arrêtait avant qu’ils ne puissent passer à l’acte.

Constatant que cette méthode a été neutralisée par les services de sécurité marocains, Daech a décidé d’activer ses cellules dormantes sur place. Pensant qu’ils n’étaient pas déjà sous surveillance, ils ont tenté d’organiser des attentats à distance. C’était sans compter sur la sécurité intérieure qui avait déjà quadrillé le terrain et mis sous surveillance les différentes cellules dormantes, qui ne pouvaient pas être arrêtées avant, fautes de preuves. Il fallait donc les mettre sous surveillance, attendre qu’ils commencent les préparatifs et les arrêter la main dans le sac.

De ce fait, Daech a changé de tactique et a opté pour le recrutement d’étrangers (non marocains) pour faire leur sale besogne. Mais une fois encore, grâce à la vigilance et à la coopération internationale en matière de surveillance des terroristes, le BCIJ a pu mettre en échec toutes les tentatives d’attentats.

Pour autant Daech n’a pas désarmé et sa dernière manœuvre révulse au plus haut point Abdelhak Khiame et ses collaborateurs. « Ils s’attaquent à notre progéniture maintenant ! », s’est-il exclamé pendant la conférence de presse. Troublé, le directeur du BCIJ, a expliqué que ces filles ont été embrigadées sur internet. Elles étaient en contact, ce qui permet de parler d’une cellule. Sur les dix filles, sept sont mineures (entre 15 et 17 ans). Pour Khiame, l’EI cherche à introduire au Maroc « un virus d’un genre nouveau en utilisant des jeunes filles ». Actives à Tan Tan, Kénitra, Sidi Slimane, Salé, Tanger, Oulad Tayma, Zagora et Sidi Taybi, elles ont « prêté allégeance à Daech, preuves à l’appui » a-t-il expliqué.

Un terreau fertile

Les éléments de l’enquête ont démontré que l’environnement dans lequel évoluaient ces jeunes filles, les prédisposait à l’endoctrinement. « L’encadrement parentale, scolaire ou de la société civile étaient totalement absents de la vie de ces jeunes filles » a déploré Abdelhak khiame, précisant que le frère de l’une d’entre elles avait déjà commis un attentat-suicide, alors que les deux frères d’une autre sont aujourd’hui au front syro-irakien. « Ces filles ont grandi dans un environnement où les discours incitant à la haine sont monnaie courante » a-t-il affirmé. De ce fait, pour lui, il a suffi de quelques discussions et de mariages virtuels pour qu’elles soient complétement embrigadées. L’une d’entre elles avait commencé à tester les composants et matériaux pour la fabrication de ceintures explosives et se tenait prête à exécuter un premier attentat le 7 octobre, jour des élections législatives au Maroc.

« Au BCIJ nous jouons notre rôle sécuritaire sans lésiner sur les moyens, mais il faudra une approche multidimensionnelle pour lutter efficacement contre ce fléau, l’approche sécuritaire ne suffit pas » a conclu le directeur du BCIJ.

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