L'initiative lancée par les Émirats arabes unis la semaine dernière pour mettre un terme au phénomène des trolls, « cyber mouches » et à la prolifération de faux comptes sur les médias sociaux visant les pays du Golfe montre que les défis auxquels sont confrontés ces pays sont nombreux et variés, et ne se limitent pas aux seuls enjeux géostratégiques et aux intérêts liés au pétrole et à l'influence dans la région.   

L’hashtag ‘’Tablik without comment’’

Les faux comptes sont devenus un foyer de guerre des mots, un espace vital pour attiser les conflits et l'incitation, échanger des insultes, injurier les dirigeants des pays et leurs symboles politiques et religieux. Il est également devenu le théâtre de la propagation du populisme et du sectarisme, propageant des sentiments de haine entre les peuples par le biais du dénigrement et du mépris, sans parler des doutes sur l'unité du tissu social du Golfe.  

Le chef du Bureau national des médias des Émirats arabes unis, Abdullah bin Mohammed bin Butti Al Hamed, a appelé, sur son compte X, à lutter contre ces faux comptes offensants et à leur répondre par Tablik without comment ( Tablik sans commentaire) », un hashtag qui a acquis une immense popularité et une grande adhésion dans le Golfe.

M. Al Hamed a déclaré que « répondre à la personne abusive n'est pas poli et qu'il n'y a pas de place pour les trolls, je vous demande donc de bannir toute personne qui offense un Arabe, où qu'il se trouve », concluant que « notre croyance en notre authenticité et en l'arabisme est ce qui nous motive ».

Le cheikh Hamad bin Thamer Al Thani, président de la Qatar Media Corporation, a abondé dans le même sens en appelant à des efforts concertés pour lutter contre les comptes anonymes sur les médias sociaux qui visent à semer la discorde et la division parmi les peuples des États du Golfe, à un moment où le Conseil de coopération du Golfe fait preuve de plus de cohésion et de solidarité et répare ce qui a été gâché par la récente crise avec le Qatar.

Au Koweït, les initiatives émiraties et qataries ont reçu un large soutien, des experts et des hommes politiques ont appelé à l'adoption d'une législation stricte pour lutter contre les cyber-mouches comme garantie de l'unité du Golfe, étant donné que les cyber-mouches sont dirigées par des groupes mercenaires financés par des pays étrangers que n'arrangent pas l'harmonie et la concorde des pays du Golfe. 

Le paradoxe des suppressions des trolls

Parallèlement au lancement d’hashtag « Tablik without comment », des appels ont été lancés pour bloquer les faux comptes, dont le nombre a augmenté après le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza le 7 octobre de l'année dernière. Paradoxalement et curieusement, tout ce qui nuit à Israël est supprimé en temps voulu, tandis les insultes contre les peuples du Golfe et les peuples arabes ne sont pas supprimées, ce qui confirme le ciblage prémédité des pays du Golfe et des pays qui sont sortis indemnes du mal nommé « printemps arabe ».  

Cela ne se limite pas aux mouches électroniques et aux faux comptes, mais il y a aussi des « porcs électroniques » qui exhibent ouvertement leur violence verbale et morale sur les médias sociaux, sous la bannière de la liberté d'opinion, de la démocratie et des droits de l'homme.   

Chacun a le droit de critiquer la situation de son pays, de critiquer les personnalités publiques, d'exprimer ce qu'il aime ou n'aime pas dans la politique de son gouvernement, mais quand la critique se transforme en diffamation, en intrusion dans la vie privée, en calomnie, on met plus qu’un pied dans l’inacceptable et l’intolérable

Il arrive que l'on lise des tweets ou des articles de blog contre des personnes, qu'elles soient lambda ou officielles, et que l'on ne sache pas comment réagir à leur contenu offensant. Faut-il y répondre, avoir recours à la justice ou les ignorer et fermer les yeux sur les insultes et les accusations qui ne sont pas fondées sur le droit ?  

 Les griffes de la trahison

Il existe de nombreux « êtres géométriques », selon l'expression du philosophe allemand Arthur Schopenhauer, qui sont accros à la diffusion de vidéos dans lesquelles ils donnent leur avis sur tout sous prétexte d'éclairer les gens et de les informer sur des sujets cachés, et peuvent traiter des données qui touchent à la sécurité nationale de leur pays, divulguées par des personnes qui ont perdu leur influence et qui rêvent encore de la retrouver, oubliant que la roue de l'histoire ne s'arrête pas et ne revient pas en arrière.  

Ces personnes tombent inconsciemment dans les griffes de la trahison de leur patrie, en s'appuyant sur des passeports étrangers, croyant que cela les protège de la malédiction de l'offense à la mère patrie. Malheureusement, ils ne se rendent pas compte que la patrie est permanente et qu'ils sont éphémères. 

Gloutons et voraces sur les médias sociaux, Ils laissent croire détenir toute la vérité, alors qu'ils n'en ont pas la moindre parcelle.

Le proverbe anglais est vrai : « Ne luttez pas avec un porc dans la boue, vous vous salissez tandis que lui s'amuse ». Cela signifie qu'il ne faut pas s'embêter avec des individus qui ne valent pas la peine de perdre son temps, qu'il ne faut pas discuter de futilités et qu'il ne faut pas perdre Son temps à s'expliquer avec ceux qui ne sont en ni de votre niveau et moral, ni de votre exigence intellectuelle et éthique.   

Quiconque regarde les médias sociaux ces jours-ci peut facilement voir que ses espaces ont été transformés par certains en une sorte d’asile psychiatrique, et sont devenus un volcan constamment en éruption déversant des torrents de complexes et des distorsions psychologiques, ce qui souligne la nécessité de réfléchir à la formation d’un grand nombre de psychiatres pour l’espace virtuel, avant que la situation ne dégénère totalement et que les mouches, les porcs et les hyènes du monde numérique ne perturbent ce qui reste des systèmes de valeurs qui guident les sociétés et leurs dirigeants. 

L'initiative des EAU, soutenue par les autres Etats du Golfe, est un signal d'alarme qui doit être entendu, non seulement dans les pays de cet espace de coopération, mais dans tous les pays arabes qui forment encore une oasis de lumière dans l'atmosphère sombre actuelle. Car tout le monde est visé, même si la méthode de ciblage diffère d'un pays à l'autre.