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Campagne agricole 2024-2025 : Meknès et sa région revivent

Face aux changements climatiques et à l’irrégularité des précipitations, la technique du semis direct s’impose de plus en plus comme une alternative efficace aux méthodes traditionnelles.
Quid avec MAP
Après un début de saison marqué par un déficit hydrique, les récentes pluies ont redonné espoir aux agriculteurs de Meknès. Avec une pluviométrie atteignant 340 mm, les cultures d’automne et de printemps bénéficient d’un regain de vitalité. L’élevage et la nappe phréatique profitent également de cette amélioration, tandis que le semis direct s’impose comme une solution durable. Mohamed Ijjou, directeur préfectoral de l’agriculture à Meknès, revient sur les effets de ces précipitations et les perspectives du secteur.
Des précipitations bénéfiques pour les cultures d’automne et de printemps
Ces pluies ont eu un effet immédiat sur les cultures d’automne, dont l’évolution est jugée favorable. L’orge et le blé, qui avaient souffert d’un début de saison aride, bénéficient désormais de conditions plus propices à leur développement. De plus, la préparation des terres pour les cultures printanières, notamment le tournesol, emblématique de la région, a pu être accélérée grâce à cet apport hydrique.
Afin de soutenir les agriculteurs, le ministère de l’Agriculture a mis en place plusieurs mesures, notamment la distribution de semences sélectionnées et d’engrais azotés subventionnés. Cela a permis d’assurer le bon déroulement des travaux agricoles et d’optimiser les rendements malgré un contexte climatique incertain.
L’usage des engrais azotés et la lutte contre les mauvaises herbes sont actuellement au cœur des préoccupations agricoles. Ces interventions, combinées aux récentes pluies, devraient garantir une récolte plus abondante et de meilleure qualité.
Un impact positif sur la nappe phréatique et l’élevage
Les effets bénéfiques de ces précipitations ne se limitent pas aux cultures. L’amélioration du niveau de la nappe phréatique, ainsi que la recharge de nombreux puits et sources d’eau, constitue une aubaine pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable. La culture de légumes tels que l’oignon et la pomme de terre, particulièrement développée à Meknès, bénéficiera de cette réduction du stress hydrique.
Pour les éleveurs, la croissance du couvert végétal des pâturages représente une opportunité majeure. La disponibilité accrue de fourrage naturel devrait réduire les coûts d’alimentation du bétail, un enjeu crucial dans un contexte où les prix des intrants agricoles restent élevés. Cette amélioration du pâturage contribue également à la santé et à la productivité des troupeaux, renforçant ainsi la durabilité du secteur de l’élevage.
Le semis direct : une solution durable face aux défis climatiques
Face aux changements climatiques et à l’irrégularité des précipitations, la technique du semis direct s’impose de plus en plus comme une alternative efficace aux méthodes traditionnelles. Cette technique permet de préserver l’humidité du sol, de limiter l’érosion et d’améliorer la fertilité des terres cultivées. Les rendements enregistrés grâce au semis direct surpassent ceux des cultures conventionnelles, avec une différence de 30 à 40 quintaux par hectare.
Le semis direct est une technique agricole qui consiste à semer les graines directement dans le sol sans passer par l’étape du labour. Contrairement aux méthodes conventionnelles qui nécessitent de retourner la terre avant le semis, cette approche vise à préserver la structure du sol et à améliorer sa fertilité naturelle.
L’un des principes fondamentaux du semis direct est la conservation des résidus de culture à la surface du sol. Ces résidus forment une sorte de paillage naturel qui protège le sol de l’érosion, limite l’évaporation de l’eau et réduit la prolifération des mauvaises herbes. De plus, cette couverture organique favorise la biodiversité du sol en offrant un environnement propice aux micro-organismes et aux vers de terre, qui jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de la structure du sol.
Pour mettre en œuvre le semis direct, les agriculteurs utilisent des semoirs spécifiques, conçus pour ouvrir de petites fentes dans le sol, y déposer les graines et les recouvrir légèrement, sans perturber les couches profondes du sol. Cette méthode permet une implantation efficace des cultures tout en réduisant le compactage du sol, souvent causé par un labour excessif.
Le semis direct présente plusieurs avantages majeurs. Il permet une meilleure rétention de l’humidité, ce qui est particulièrement bénéfique dans les régions sujettes aux sécheresses. En réduisant le travail du sol, cette technique entraîne également une baisse des coûts de production, notamment en limitant la consommation de carburant et en diminuant la main-d'œuvre nécessaire. De plus, elle contribue à une meilleure protection de l’environnement, en réduisant l’érosion et en limitant le relargage de CO₂, souvent associé aux pratiques de labour intensif.
Cependant, cette technique peut aussi présenter certains défis. L’adaptation des agriculteurs à cette nouvelle méthode peut nécessiter une formation spécifique et un investissement en matériel. De plus, la gestion des mauvaises herbes peut être plus complexe, nécessitant parfois une adaptation des pratiques culturales.
De plus en plus répandu à travers le monde, notamment dans des pays confrontés à des aléas climatiques croissants, le semis direct s’impose comme une alternative durable aux pratiques agricoles conventionnelles. À Meknès, cette technique qui se développe cible 200.000 hectares et constitue une réponse efficace aux défis de la sécheresse et de la dégradation des sols.