Le Maroc verdit sa commande publique : un nouvel outil stratégique pour le développement durable

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Le Trésorier Général du Royaume, Noureddine Bensouda

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En pleine transition écologique mondiale, le Maroc cherche à affiner sa stratégie de commande publique verte. Un guide en cours de finalisation, porté par la Trésorerie Générale du Royaume, vient ancrer l’État dans une dynamique écoresponsable, tout en impliquant acheteurs publics, partenaires internationaux et institutions financières pour une transformation durable de l’économie nationale.

Un guide pour structurer l’achat public vert

Le Maroc est en train d’achever un jalon majeur de sa stratégie environnementale. Lors de la conférence internationale "Climate Smart Public Procurement" pour les pays du monde Arabe et de la région MENA, organisée à Rabat, le Trésorier Général du Royaume, Noureddine Bensouda, a annoncé la finalisation prochaine d’un guide de la commande publique verte. Cet outil proposera aux acheteurs publics des méthodes concrètes pour intégrer les critères environnementaux dans toutes les étapes des marchés publics.

« De nombreux acheteurs restent perplexes face à la définition même d'un produit écoresponsable. Ce guide standardisera les pratiques et permettra un langage commun pour une commande publique durable », a expliqué M. Bensouda.

En parallèle, un système de fléchage des appels d’offres verts sera intégré au portail national des marchés publics, afin d’identifier et suivre les pratiques écoresponsables. Un rapport annuel sera également publié par l’Observatoire de la commande publique pour mesurer l’impact de ces efforts.

Former, accompagner, transformer

Pour assurer l’efficacité du dispositif, une série de formations et de campagnes de sensibilisation seront déployées à l’échelle nationale. L’objectif : accompagner la montée en compétence des acheteurs publics et garantir une mise en œuvre concrète des bonnes pratiques.

Ce plan s’inscrit dans un contexte où le verdissement des achats publics est devenu une priorité partagée à l’échelle mondiale. Mais les obstacles demeurent : défis juridiques, insuffisance de compétences techniques, manque d’harmonisation entre administrations. « Ce sont autant de symptômes des mutations profondes que doivent opérer nos sociétés », a reconnu M. Bensouda.

Le soutien d’institutions internationales majeures

Plusieurs partenaires nationaux et internationaux ont réaffirmé leur appui à cette métamorphose verte.

Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre des Finances, a salué la cohérence entre engagement politique et mise en pratique. « La commande publique verte incarne notre volonté de cohérence. Elle permet à l’État d’être un acteur exemplaire », a-t-il indiqué.

Le ministre a relevé que la commande publique verte, qui se veut un outil transversal, touchant à l’énergie, au transport, à l’économie circulaire et à l’inclusion sociale, peut orienter les pratiques vers plus de durabilité et envoyer un signal fort aux opérateurs privés.

Pour lui, la création d’une demande publique d’innovation verte est non seulement un outil d’efficacité économique sur le long terme, mais c’est aussi un vecteur d’exemplarité de l’Etat.

M. Lekjaa a ainsi rappelé que les finances publiques jouent un rôle de levier du développement durable, mettant en avant les efforts déployés pour orienter la dépense publique vers des projets à forte value environnementale et sociale, ajuster la fiscalité pour qu’elle encourage les comportements écoresponsables en développant les financements verts comme les obligations souveraines vertes et en verdissant la commande publique.

De son côté, la Banque islamique de développement (BID), par la voix d’Ahmed Ag Aboubacrine, a mis en avant ses critères environnementaux intégrés dans chaque projet, incluant l’efficacité énergétique et la gestion des ressources.

La Banque mondiale, à travers Nadir Mohamed, a souligné l’impact potentiel d’une telle commande : « En MENA, les achats publics représentent 18% du PIB. Les orienter vers le vert peut transformer les économies ».

La BERD, via Valérie Robert, a rappelé l’efficacité de la dématérialisation, tandis que Quiterie Pincent (AFD) a mis en avant l’accompagnement technique des institutions marocaines.

Une stratégie multidimensionnelle et inclusive

Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus globale de développement durable, touchant l’énergie, l’économie circulaire, le transport et l’inclusion sociale. L’objectif affiché est de faire de l’administration marocaine un modèle écoresponsable, tant dans les achats que dans la gestion quotidienne.

Fouzi Lekjaa l’a rappelé : « Il ne s’agit pas seulement d’acheter vert. Il faut aussi transformer nos modes de consommation, de fonctionnement, de gouvernance. C’est un projet global. »

Une transition enclenchée, des effets systémiques attendus

La commande publique verte, au Maroc, se structure progressivement comme un levier transversal de transformation écologique. Avec le soutien d’acteurs nationaux et internationaux, elle promet de rediriger la dépense publique vers des pratiques plus durables, d’accélérer la transition écologique et de créer des opportunités économiques nouvelles.

Le guide en cours de finalisation, les dispositifs d’accompagnement et les engagements institutionnels convergent vers une même ambition : faire du Maroc un état stratège et responsable face à l’urgence climatique.

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