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Cinéma, mon amour de Driss Chouika: L’ENGAGEMENT DE L’ETAT, UN SOUTIEN PIVOTAL AU DÉVELOPPEMENT DU CINÉMA
« Le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde » (Martin Scorsese)
« L’appétence pour le cinéma semble surdéterminée par de puissants facteurs socioculturels indépendants de la taille de la nation, de sa puissance économique ou de la force de l’offre de la filière cinématographique ». Claude Forest.
Depuis la généralisation du concept de l’Exception Culturelle, presque l’ensemble des pays du monde, à part les Etats-Unis, ont institué des fonds et divers outils de soutien au cinéma, partant du fait que le cinéma est un reflet puissant de la culture et de l’identité d’une Nation. Oui, « Le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde » avait bien précisé Martin Scorsese.
Le Maroc n’a pas échappé à cette approche initiée en France, puis généralisée à toute l’Europe et la plupart des pays du monde. Le cinéma marocain a connu une évolution rapide au cours des dernières décennies depuis la création du premier Fonds d’Aide à la Production Nationale en 1980. Cette dynamique est largement attribuée au soutien actif de l'État qui s'est engagé sur plusieurs fronts pour booster tant la production nationale que celle étrangère, tournée au Maroc, apprécier le rôle des festivals et préserver les salles de cinéma. Ce soutien se matérialise par des politiques législatives, des subventions, et des initiatives culturelles en termes de formation et de promotion de la culture cinématographique. Ce soutien a joué un rôle crucial dans la continuité et le développement du cinéma national, et a même permis une augmentation constante quantitative constante de la production nationale alors que le nombre des salles de cinéma s’est considérablement réduit et que la fréquentation a beaucoup diminué.
EVOLUTION ET INITIATIVES LÉGISLATIVES
L’évolution du secteur du cinéma au Maroc montre un engagement constant et indéfectible de l’Etat en faveur du cinéma. C’est un soutien pivotal qui a contribué au développement du cinéma dans le pays. Les initiatives de soutien au cinéma marocain ont été formalisées par une série de mesures législatives qui ont structuré et renforcé l'industrie. L'une des pierres angulaires de cette politique est la création du Centre Cinématographique Marocain (CCM) en 1944, qui joue un rôle central dans la régulation et le soutien de l'industrie cinématographique nationale. La loi n° 20-99, promulguée en 2002, avait permis de définir le cadre général pour le soutien public aux œuvres cinématographiques.
L'une des initiatives les plus significatives est le Fonds de Soutien à la Production Cinématographique Nationale, sous sa forme actuelle d’Avance sur Recettes. Ce fonds attribue chaque année environ 60 millions de dirhams pour promouvoir et stimuler la production de films nationaux. En 2022, par exemple, ce soutien a permis de produire plus de 25 longs métrages, illustrant l'impact direct de cet appui sur la vitalité de l'industrie marocaine.
Puis, grâce à l’élargissement du soutien pour encourager également les productions étrangères tournées au Maroc, le pays est également devenu un terrain de prédilection pour les productions étrangères. Entre 2018 et 2022, le nombre de productions étrangères tournées dans le pays a augmenté de plus de 30%, selon le CCM. Les incitations financières telles que les crédits d'impôt et les facilités de tournage ont attiré de grandes productions, comme "Gladiator" et "Game of Thrones", réduisant les coûts tout en profitant des incroyables paysages naturels et de techniciens hautement qualifiés.
RENFORCEMENT DE L’ARSENAL JURIDIQUE
Puis, l’arsenal de soutien a été élargi pour englober le soutien aux festivals de cinéma, qui jouent un rôle central dans le développement culturel du pays, et la revitalisation des infrastructures à travers la rénovation des salles de cinéma et la construction de nouvelles salles.
Les festivals ne servent pas seulement de vitrines pour le talent marocain mais représentent aussi une opportunité de collaboration et d'échange avec des cinéastes internationaux. Ainsi, le Festival International du Film de Marrakech est l'un des plus notables, attirant chaque année des célébrités mondiales et mettant en lumière la créativité marocaine ; suivi par le Festival National du Film qui est le jalon le plus central dans la promotion du cinéma national. L'appui étatique à ces événements, par le biais de subventions et de facilités organisationnelles, renforce le statut du Maroc comme un hub cinématographique en Afrique. Par ailleurs, des festivals locaux, tels que le Festival du Cinéma Africain de Khouribga et le Festival du Cinéma Mediterraneen de Tétouan, reçoivent également des fonds publics importants pour encourager la diversité et offrir une plateforme aux cinéastes de l’Afrique et de la Méditerranée.
L'État marocain soutient également la numérisation des salles de cinéma pour développer un réseau plus dense et accessible. Bien que le pays ait vu le nombre de salles de cinéma substantiellement diminué depuis les années 1990, des efforts de rénovation et de construction de multiplexes se développent régulièrement. L'enjeu est surtout d'accroître l'accès à la culture cinématographique pour toutes les couches de la société, en offrant des tarifs réduits et en privilégiant une diversité de programmation. À cet effet, des accords avec des distributeurs locaux et internationaux sont soutenus pour assurer la vitalité des salles de cinéma.
En conclusion, il faut bien le reconnaître haut et fort, le soutien de l'État marocain au développement du cinéma est multidimensionnel et stratégique. Ainsi, par des subventions directes, des incitations fiscales, et un soutien robuste aux infrastructures culturelles, le Maroc est aujourd'hui l'un des leaders régionaux dans le domaine cinématographique. Cette dynamique continue à renforcer le paysage cinématographique marocain en tant que vecteur de développement culturel et économique, tout en amplifiant l'écho de la voix artistique du Royaume sur la scène internationale.