chroniques
De mini-cafés mobiles au bord des routes marocaines ! – Par Taieb Dekkar
Du café au lait, du cappuccino, du lait au chocolat, lait chaud, expresso, des jus et parfois même des tabourets
Après les gardiens de voitures, qui se sont imposés dans les rues marocaines, y compris dans les rues au stationnement à péage, nous assistons depuis quelques mois, à une pratique nouvelle, qui se généralise de plus en plus, celle de mini-cafés mobiles qui vous servent votre café chaud ou votre thé à la menthe, voire votre rghifa au bord de la route, dans la périphérie des villes comme sur les routes Nationales.
Ne dites surtout pas que nos compatriotes, sans emploi ou ayant des difficultés d’en trouver, manquent d’imagination ou de créativité. Les voilà, de plus en plus nombreux, à se débrouiller pour se procurer des triporteurs ou carrément des voitures, voire une voiture de luxe à Fès, sans en citer la marque, pour pouvoir se déplacer et donc prendre position au bord des routes nationales ou en ville, sur certains périphériques, comme celui longeant la rive gauche de Bouregreg.
Il y’a de fortes probabilités que cette nouvelle pratique, pour ne pas dire ce nouveau métier, auquel furent acculés plusieurs dizaines de nos compatriotes, faute d’emplois, va se généraliser et s’implanter partout dans le pays, comme c’est le cas des gardiens de voitures, qui ont conquis les rues de la capitale et d’autres villes du Royaume et qu’il sera difficile de déloger du jour au lendemain.
Déjà, les gardiens de voitures, qui sont dénoncés par certains de nos compatriotes et des touristes étrangers, à qui ils extorquent sous la menace, les frais de gardiennage obligatoire, même si vous vous arrêtez pour faire des courses et que vous laissez votre voiture en marche, avec des passagers à bord. Le simple fait de garer pour une course éclair est une prestation pour le gardien.
Nous avons déjà dénombré un certain nombre de morts, qui se seraient opposés au versement de cette « taxe » de stationnement illégale, ou encore des bagarres entre les automobilistes et les gardiens de voitures, que même les autorités publiques, notamment les mairies, observent impuissantes face à l’appropriation de la voie publique par ces gardiens qui perçoivent, illégalement aussi, des redevances individuelles, parfois, parallèles à celles des parcmètres.
En allant vers Bouznika, depuis Rabat, plusieurs mini-cafés mobiles se sont installés au bord de la route nationale côtière (entre Skhirat et Oued Cherrat), récemment réaménagée.
Vous allez surement vous poser la question de savoir comment les autorités publiques vont procéder pour déloger les gardiens de voitures des rues du Maroc, où ils se présentent, le matin, comme des employés, remettent leurs «gilets professionnels» ou portent des brassards, avant de commencer la journée, en aidant les automobilistes à stationner, même si vous insistez pour les dispenser de cette assistance.
Bien plus, il s’agit de leur territoire car, gars à celui qui tenterait, un jour, de leur reprendre la rue ou de partager la tâche avec eux. Dans certains cas, certains gardiens sont munis d’attestations délivrées par les autorités, les confortant dans la tâche qu’ils exercent.
Comparés aux gardiens de voitures, les mini-cafés mobiles vous offrent au moins une prestation réelle et effective dont vous êtes plus ou moins satisfaits et que vous sollicitez vous-mêmes. Les gardiens de voitures, au bout de quelques heures, s’adressent aux boutiques dans la proximité pour leur remettre la petite monnaie contre des billets de banque, ai-je personnellement constaté. La petite monnaie, au bout de quelques heures, devient encombrante.
Dans la perspective du Mondial 2030, le Maroc devrait prendre des mesures draconiennes pour stopper net le développement de ces faux métiers, qui risquent de nuire à l’image du pays. Des fans du football, issus des pays européens, pourraient rallier notre pays en voitures, et il y’aurait lieu d’éviter qu’ils soient confrontés aux gardiens de voitures. Ils paieraient volontiers les frais de stationnement, via les parcmètres, mais refuseraient que de soi-disant gardiens leur extorquent de prétendus frais de gardiennage. Quant aux mini-cafés mobiles -contentons-nous de cette appellation provisoire - ils risqueraient de « bourrer » les routes nationales et donc d’offrir une ornementation indésirable aux routes marocaines.
*journaliste et écrivain