Environnement
Entretien avec Aziz Mekouar, ambassadeur pour les négociations multilatérales de la COP22
Un mois après la tenue de la 22ème Conférence des Parties, Aziz Mekouar, ambassadeur pour les négociations multilatérales au sein du comité de pilotage de la COP22 s’est confié au Quid afin d’apporter un éclairage sur le bilan de cette Conférence, ainsi que la feuille de route pour l’après COP. Entretien.
Si vous deviez faire un bilan concernant le déroulement de la COP 22 que diriez-vous ?
Tout le monde était là. Tous les pays sont venus, je pense qu’il y avait 27.000 inscrits, ce qui est énorme. Les gens étaient mobilisés et impliqués. Je n’ai pas senti de scepticisme ni de recul, tout le monde voulait aller de l’avant...
Avez-vous senti un réel engagement des pays du Nord pour faire en sorte que les pays du Sud, qui ne polluent pas vraiment, soient le moins affecté possible par la pollution climatique ?
J’ai vu une mobilisation des délégations américaine, chinoise, indienne et de tout le monde en général parce que comme je l’ai dit, tout le monde était mobilisé. Même les grands pays pollueurs étaient eux aussi très mobilisés, toutes les personnes qui étaient là étaient très engagées. D’ailleurs le ministre chinois a fait une déclaration très forte. La France, le Canada, l’Australie, ont également fait des déclarations extrêmement fortes.
Est-ce qu’il y a des différences entre la COP21 et la COP22 du point de vue de l’engagement par exemple ? Si oui lesquelles ?
Oui puisque la COP21 était finalement une mobilisation pour se mettre d’accord sur un acte et il y a eu la signature de la COP. Après il a fallu mettre en application l’accord qui a été signé et c’est ce que la COP22 a commencé à faire, c'est-à-dire établir les règles et les procédures pour l’application de l’accord de Paris. La COP22 était très importante parce que c’était le début de la mise en application de l’accord de Paris. Ensuite la COP22 était une COP de l’action. Beaucoup d’acteurs non étatiques (entreprises, collectivités locales, coalitions, etc) y ont participé et c’est très important.
De plus, il y a eu beaucoup d’initiatives qui ont été lancées durant cette COP. Donc c’est une COP à trois piliers qui sont la négociation pour la mise en application de l’accord, l’action qui regroupent toutes les actions des acteurs étatiques et les initiatives. Je dirais que la COP22 est une COP historique, la première COP de son genre.
Selon vous, quels sont les acteurs qui étaient les plus engagés pour la réussite de cette COP ?
Je crois sincèrement que tous étaient très engagés. Il y a la Chine, l’Inde, les pays latino-américains, les pays africains, les pays les moins avancés, les petites îles, les américains, les européens, etc. Pour les européens, par exemple, on ne s’attendait pas à ce que l’UE ratifie l’accord avant la COP22. Ils ont ratifié l’accord individuellement, ce qui a permis d’atteindre les 55% d’émissions.
Quelle est la prochaine étape après cette COP ?
Ce sont les prochaines négociations qui auront lieu à Bonn. Avant ça il y a des réunions qui vont avoir lieu de manière informelle entre les négociateurs. Des événements où les gens vont échanger des idées auront lieu. Il y aura aussi des réunions de brainstorming.
Avez-vous une idée sur les engagements qui seront pris pour la COP23 ?
Ce sera la suite de la définition du livre des règles de l’accord de Paris. Il y a un certain nombre de décisions qui devront être prises pendant la session de Bonn.
Quelles sont vos attentes ?
Il faut qu’on avance très vite pour que la COP puisse être mise en route rapidement. Il faut absolument qu’on définisse les sources de financement...
Il n’y a pas de fonds pour le financement ?
Il y a le GCF, le fonds vert et d’autres fonds qui existent déjà à droite, à gauche, mais il faut savoir où et comment mobiliser ces fonds. C’est très important parce qu’il y a des pays qui ont besoin de renforcer leur capacité de financement et nous devons leur dire où est ce qu’ils peuvent aller les chercher. Le travail de la présidence marocaine c’était justement de voir comment mobiliser la finance.