Niger : la guerre froide 2.0 et l’échec français – Par Dr Samir Belahsen

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Le Président Macron avait bien promis de mettre un terme à la Françafrique. Voilà qui en voie d’être fait.

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Au cœur de la guerre… Par Samir Belahsen

Au Niger, maintenant que l’ultimatum fixé par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest et rappelé par la ministre française des affaires étrangères s’est achevé, la perspective d’une intervention armée de la CEDEAO avec l’appui de la France parait de plus en plus éloignée. 

Humiliée, la France pourrait pourtant s’enfoncer.

Ce coup d’État du Niger vient après ceux au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Le rejet de la France et de la Françafrique se généralise.

Le Président Macron avait bien promis de mettre un terme à la Françafrique. Voilà qui est fait. 

Place à la Russafrique.

Aucun enthousiasme chez les voisins du Niger n’a été constaté. (Valeur Lundi. 7 août à 13H UTC). 

Le Mali et le Burkina avaient rapidement témoigné de leur solidarité au peuple frère du Niger, ils avaient annoncé qu’ils considèreraient toute intervention étrangère comme une déclaration de guerre contre eux.

L’Algérie avait déclaré qu’elle était contre toute intervention militaire étrangère.

Au Sénégal, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères a estimé qu'il s'agissait du «coup de trop» et  que le Sénégal participerait à une éventuelle intervention militaire au Niger si la CEDEAO le décide. Ce putsch, tombe mal, pour le gouvernement sénégalais qui a bien d’autres chats à fouetter…

Le Tchad avait demandé que l’on donne plus de chances à la diplomatie.

Au Nigeria, le Sénat s’y est opposé, mettant en difficulté Bola Tinubu, président en exercice de la CEDEAO. 

Malgré toutes les déclarations officielles de fermeté apparente, l’intervention armée au Niger divise les pays membres de la CEDEAO. Elle divise même à l’intérieur de chaque État . C’est que faire la guerre au Niger ne serait pas seulement désastreuse pour l’ensemble des pays de la sous-région voire de l’Afrique, mais reviendrait aussi à choisir clairement son camp comme dans l’ancien monde de la guerre froide 1.0.

Or, personne n’ose cracher sur l’avenir, même s’il est incertain.

Ne pas se précipiter, armée pas prête, donner du temps au temps, la paix, la lutte anti-terroriste…

Toutes les dérobades sont bonnes.

Sur place, le soutien aux militaires ne faiblit pas, les menaces de la CEDEAO et de la France aidant. Plus de 30.000 partisans du coup d'État, l’ont démontré au stade de Niamey.

Ils brandissaient les drapeaux du Niger, du Burkina Faso et aussi celui de la Russie.

La guerre froide 2.0  

La guerre froide 2.0 serait née de la confrontation entre la Russie et l’Occident avec une position Chinoise plutôt proche de la Russie.

Une guerre froide sans fondement idéologique évident. 

Au 20e siècle  les blocs de l’Est et de l’Ouest étaient bien définis, dans la guerre froide 2.0 les alliances seraient mouvantes. 

La Guerre froide 2.0 pourrait n’avoir ni vainqueur ni vaincu. Les matières premières deviennent plus déterminantes ; le pétrole, le gaz naturel mais aussi l’uranium et les produits alimentaires principalement.

Bien entendu, la transition à ce nouveau monde géopolitique ne se fera pas en 24 heures. Il y  aura quelques confrontations plus ou moins froides, quelques putschs, quelques manipulations électorales, quelques escarmouches, soulèvements…

Deux dossiers définiront la suite des évènements : l’Ukraine et Taiwan.

En attendant, on verra beaucoup d’hésitations.

 

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