Lettre ouverte à Mezouar

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*Omar Dahbi, journaliste et chroniqueur, est notamment l'auteur de Maroc-Espagne : La guerre des ombres (2011) et D?cryptages ?(2015)

Monsieur le ministre, Je vous ai ?cout? et r??cout? dans l?espoir de changer d?avis et de croire vraiment qu?il n?y avait pas d??chec de la machine diplomatique que vous dirigez depuis trois ans dans cette affaire et dans bien d?autres. Je vous ai ?cout? avec une pr?disposition ? vous croire. Je vous ai ?cout? avec une vraie charge de bonne foi. Je voulais vous croire. Mais, je vous avoue que vous ne m?avez nullement convaincu. D?sol?, vous avez rat? votre sortie et je vous dirai pourquoi. D?abord, sur la forme, parce que vous vous ?tes retranch? dans une attitude de victimisation. Vous commencez par mettre tout sur le compte d?un acharnement sur votre d?partement sur votre personne. Un acharnement qui serait dict? par une volont? chez vos adversaires politiques ? porter atteinte ? vous, personnellement. Or, quand vous accusez vos adversaires, vous d?signez bien ?videmment les autres formations politiques. Il s?agit, puis-je me permettre de vous le rappeler, des m?mes formations politiques qui ont ?t? rappel?s ? la rescousse par le gouvernement lui-m?me dont vous faites partie. Vous me direz que la cause nationale est l?affaire de tous les Marocains et qu?il est de la responsabilit? de toute la classe politique de s?y impliquer. Oui,? je ne vous le fais pas dire. Tout le monde y adh?re parfaitement. Raison de plus pour que chacun rende des comptes s?il manque ? son devoir dans la d?fense de cette cause car il met en p?ril une cause vitale commune. Si ?chec il y a, il faut rendre compte. ?Maintenant, peut-on parler d??chec ou de manquement au devoir?? Vous dites dans votre entretien que Non. Je vous aurais cru volontiers, mais la situation est ce qu?elle est. Nous ?tions sur le point de voire un pays comme la Su?de reconna?tre la pseudo RASD. Pourquoi on en est arriv? l? alors que l?on savait depuis trois ans que cela risquait d?arriver?? Vous r?sumez votre action par le fait que vous ayez dit ? vos interlocuteurs su?dois ? deux reprises?: ??Attention?!??. Oui, c?est bien que vous l?ayez dit, mais encore?? Maintenant votre discours n?est pas convaincant sur le fond. Car, vous affichez une contradiction ?norme en d?marrant votre interview par un rejet en bloc des accusations de faillite de la machine diplomatique que vous dirigez. Mais, plus tard, dans le m?me interview, vous affirmez que l?absence d?ambassadeur est due au fait que vous avez jug? utile de revoir toute la structure et le proc?d? de s?lection et de d?signation des ambassadeurs? dans un souci de meilleur casting car l?ancien syst?me ?tait d?faillant. Et m?me en partant de cette hypoth?se, on vous reprocherait d?abord le retard ? mettre en ex?cution votre nouvelle approche et, d?un autre c?t?, on vous dirait que vous demeurez comptable de ce que votre d?partement accomplit. Peut-on r?fl?chir pendant trois ans ? un syst?me plus efficace de d?signation d?ambassadeurs dans un mandat gouvernemental de cinq ans?? C?est trop de temps perdu. Mais la grande faille dans votre riposte m?diatique demeure celle d??tre en contradiction totale avec votre derni?re action suite aux hautes instructions de SM le Roi. Quand le Souverain avait mis le doigt sur le plus grand probl?me dont souffre la diplomatie marocaine, il avait bien explicit? la r?alit? flagrante ? savoir qu?il existe des diplomates qui ne s?occupent que de leurs propres affaires et ne soucient gu?re de l?int?r?t g?n?ral. Le Souverain a affirm? qu?il y avait une faille et vous le reniez. Vous me direz qu?il s?agissait d?affaires consulaires et je vous r?pondrai que la diplomatie est un tout. Soit la machine marche soit elle grince et ne produit que du bruit sans r?sultat. Demandez, Monsieur le ministre, ? tous les observateurs, ? tous les citoyens, ? tous les journalistes, ? tous ceux qui s?int?ressent aux affaires publiques, et ils vous r?pondront que si le Maroc occupe la place qu?il occupe et que si le Maroc arrive ? maintenir les ?quilibres vis ? vis de son environnement international, et si le Maroc arrive ? f?d?rer des puissances mondiales ? notre cause nationale, et? Tout cela, on vous le dira clairement, c?est gr?ce ? SM le Roi, ? son action, ? ses interventions, ? ses contacts, ? son ?uvre et la cr?dibilit? qu?elle a pu accorder au Royaume. Je ne vous rappellerai pas, vous en ?tes bien ?videmment conscient, les diff?rentes interventions de SM le Roi pour rem?dier en urgence ? une faille de cette m?me machine que vous vous dites en parfaite situation. S?il n?y avait pas cette force et cette puissance de l?image, de la renomm?e, de la cr?dibilit? de la parole et de l?action, de l?efficacit? du r?seau d?influence construit de mani?re impressionnante gr?ce au Souverain, la cause nationale aurait perdu bien du terrain ? force de secousses et de failles laiss?es par la machine que vous consid?rez, aujourd?hui, victime d?un acharnement. Monsieur le ministre, J?aurais souhait? vous entendre faire une sortie courageuse en disant que le moment ?tait grave et que le Maroc a besoin de demeurer uni face ? la crise et que, une fois cette crise d?pass?e, vous alliez vous pencher s?rieusement sur les failles qui nous ont conduits l? o? nous sommes aujourd?hui.? Cela aurait ?t? inscrit ? votre actif. Reconna?tre qu?il existe une faille surmontable est mieux que de s?enfermer dans une attitude d?auto-victimisation et de d?n?gation de la r?alit?. Je vous aurais cru, j?aurais appr?ci? votre sinc?rit? et j?aurai soutenu votre d?marche.

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