Pétrole: l'Algérie a-t-elle mangé son pain blanc?

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couv-sellal R?duire le train de vie de l?Etat reviendrait ? mettre en p?ril une fragile paix sociale assur?e au forceps Dans l'attente d'un hypoth?tique rebond du baril, l'Alg?rie se trouverait, ? l'unanimit? des experts et observateurs, dans l'obligation de rectifier sa copie ?conomique et sociale, dans l'espoir d'?viter un sc?nario de faillite similaire au choc p?trolier de 1988. Le mot est l?ch?: le gouvernement Abdelmalek Sellal est "au pied du mur" ? cause de la chute vertigineuse des cours mondiaux de l'or noir. Une mauvaise nouvelle qui vient ?paissir les doutes sur la sant? de l'?conomie nationale, dont le tableau de bord pr?sente des voyants au rouge, depuis longtemps. En deux ans (octobre 2012/octobre2014), l?exc?dent commercial de l?Alg?rie a fondu des trois-quarts, ? cause d?un tassement des recettes p?troli?res et la saign?e des importations, qui ?tablissent de nouveaux records d?ann?e en ann?e. Du coup, c'est la balance des paiements ext?rieurs, autrefois largement exc?dentaire, qui est devenue d?ficitaire de 1,32 milliard de dollars au premier semestre 2014, selon les chiffres de la banque centrale. L?Alg?rie a besoin d?un cours de baril ? plus de 100 $ Et par ricochet, les r?serves de devises alg?riennes sont pass?es de 194 milliards de dollars ? la m?me p?riode de r?f?rence de 2013 ? 193,26 milliards ? fin juin dernier. Certes, il s'agit d'une l?g?re baisse, mais c'est un fait rare qui n'est plus arriv? depuis des ann?es et, peut-?tre, annonciateur de "jours sombres". "Les plus raisonnables parmi les experts mondiaux nous annoncent des ann?es insupportables et certaines voix??parmi eux ne craignent pas de pr?dire un prochain sc?nario des ann?es 80 quand le p?trole vint soudainement ? chuter", ?crit le c?l?bre chronique alg?rien Mohammed Benchicou. En parlant d'un "malaise" dans les finances des pays producteurs de p?trole, dont fait partie l?Alg?rie, l?Agence internationale de l??nergie (AIE) vient de donner plus de cr?dit au pessimisme ? la communaut? des experts locaux, d?pit?s par l'impassibilit? du gouvernement cens?, de leur point de vue, plancher d?s ? pr?sent sur la pr?paration de la p?riode post-rente. "La chute du prix du baril d'environ un tiers depuis le d?but de l'?t? est probl?matique pour beaucoup de pays producteurs, qui ont besoin d'un cours de l'or noir ?lev? pour financer leurs d?penses", a affirm? l?AIE dans son dernier rapport mensuel. Alors que les cours devraient se stabiliser dans la fourchette 60-65 dollars aux court et moyen termes, l'Alg?rie a, par contre, besoin d'un baril de plus de 100 dollars pour maintenir ses ?quilibres budg?taires et pr?server sa position financi?re ext?rieure, s?rieusement fragilis?e d?s l'ann?e derni?re par la diminution des rentr?es du p?trole et du gaz. Un Etat qui vit au-dessus de ses moyens Afin de juguler cet impr?vu, le gouvernement Sellal devrait n?cessairement pomper dans le Fonds de r?gulation des recettes (FRR), une sorte de matelas financier servant ? pallier les retournements de march? ? court terme. Ce qui veut dire que l'Alg?rie puiserait dans ses ?conomies. Loin de convaincre les ?conomistes et les scrutateurs qui veulent plut?t une r?forme de fond en comble du syst?me ?conomique, cette "solution de facilit?" accentuerait la pression sur ce "bas de laine", qui a commenc? ? fondre comme neige, depuis plusieurs mois, sous l'effet des d?caissements dirig?s vers la couverture du d?ficit budg?taire. Au premier semestre 2014, le Fonds de r?gulation, dont la viabilit? d?pend ?troitement des recettes des hydrocarbures, a enregistr? une baisse d'un peu plus de 6 milliards de dollars, d'apr?s une note de conjoncture de la banque centrale. Pour l'?conomiste et expert en ?nergie, Mustapha Mekideche, "si on ne fait pas de rationalisation budg?taire (...) on risque de se retrouver avec la n?cessit? d?aller ? l?endettement d?ici quelques ann?es", sans pour autant savoir "quand est-ce qu?on en sortira". Un autre expert, Chemseddine Chitour, estime que pour amortir l'impact de la chute des prix, les coupes budg?taires devraient ?tre de l'ordre de 20 pc, ce qui n?cessite, selon lui, "un travail de sensibilisation en direction de la population pour obtenir son adh?sion". Or, c'est le grand dilemme auquel est confront? le gouvernement alg?rien. Car r?duire le train de vie de l?Etat, qui "vit au-dessus de ses moyens", reviendrait ? mettre en p?ril une fragile paix sociale assur?e au forceps, ? la faveur d'une politique de subventions ? tout-va, particuli?rement ? un moment o? plusieurs r?gions sont touch?es par la grogne populaire pour moult raisons. Un ?ditorialiste du quotidien "El Watan", gros tirage du pays, d?plore que "malgr? la situation critique, le pouvoir ne montre pas de signes d?affolement, alors qu?il a toutes les raisons du monde d??tre inquiet", l'accusant d'avoir "vid? les caisses de l?Etat en distribuant ? tout bout de champ l?argent afin d?obtenir la paix sociale et permettre de ce fait ? son clan de pr?dateurs d?agir sans ?tre d?rang?". "Il faut d?sormais se rendre ? l'?vidence, l'aust?rit? qui ?tait tant redout?e pointe le bout de son nez", l?che, d?sarm?, un commentateur du quotidien "L'Expression", qui se demande jusqu'? quand l'Alg?rie "continuera ? se voiler la face" pour annoncer, comme le Venezuela, un autre pays producteur, "une restriction des d?penses publiques pour limiter la casse". Aux yeux de l'?ditorialiste "Libert?", l'?quation est d?sormais toute simple: "aller franchement ? une remise en cause de l?ordre politique ?tabli, par ailleurs, en butte ? une crise sans pr?c?dent, et lui en substituer un autre qui rendrait possible la construction d?une alternative ?conomique et sociale viable, ou prendre le risque d?exposer le pays ? plus de r?cession, donc ? l?instabilit?, voire au chaos". Une remise en cause du mod?le de gouvernance en vigueur semble tr?s incertaine, ? en croire l'analyse de Mohammed Benchicou qui lance: "Devant la perspective de faillite financi?re, le r?gime opte pour la sourde oreille et la fuite en avant. Surtout ne rien reconna?tre de l?impasse qui nous attend. Ce serait reconna?tre deux graves crimes de gouvernance inflig?s ? ce pauvre pays". *MAP

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