Discours de Dakar, un message fort sur la communion des destins

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Pour la première fois dans l’histoire du Maroc, le roi qui fait une tournée en Afrique de l’Est, donne le traditionnel discours de la Marche Verte à l’étranger, pas si étranger que ça. Un message fort sur la communion des destins entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Subsaharienne. Retour sur les 5 points saillants du discours de la Marche Verte.

Les raisons du choix de Dakar, la diplomatie africaine, le retour à l'UA, la politique intérieure ou encore la relation du Maroc à ses provinces du sud. Dans la multitude des sujets traités dans ce discours de Dakar, il y avait un signal fort qui dit plus que jamais que le Royaume est un pays du continent. Le discours de Dakar s’adresse si bien aux soutiens nombreux que compte le Maroc en Afrique, qu’à ses adversaires qui se réduisent en peau de chagrin. Mais surtout ce discours s’adresse au peuple Marocain, un rappel de la vision et des priorités du Maroc.

Pourquoi Dakar ? Pourquoi le Sénégal ?

« En m’adressant à toi aujourd’hui, à l’occasion du quarante-et-unième anniversaire de la Marche Verte, depuis la ville de Dakar, capitale de la République du Sénégal sœur, je sais que tu ne seras point surpris par une telle décision », c’est en ces termes que le roi Mohammed VI a entamé son discours de la Marche Verte. Le souverain tenu à rappeler que « le Sénégal fut parmi les Etats ayant participé à cette épopée nationale (la Marche Verte, NDLR), aux côtés d’autres pays africains et arabes. »

Pour le roi, ce pays « a démontré, par les actes et par la parole, à plusieurs occasions, qu’il considère la question du Sahara marocain comme étant sa cause nationale propre. Les Marocains n’oublieront pas sa position solidaire courageuse, lors de la sortie du Maroc de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1984. En effet, l’ancien président, Monsieur Abdou Diouf, avait estimé qu’on ne pouvait concevoir cette Organisation sans le Maroc. La même prise de position avait été exprimée à l’époque par de nombreux Etats africains, tels que la Guinée, le Gabon et l’ex-Zaïre. »

La troisième raison, et non des moindres a rappelé le monarque, est que le choix du Sénégal était aussi dû à sa « place particulière qu’il occupe en Afrique, grâce à son modèle démocratique historique, à sa stabilité politique et sociale et à son dynamisme économique. »

Les résultats de la tournée en Afrique de l’Est

« J’ai donc jugé bon, au terme de cette tournée inédite, de partager avec toi, cher peuple, les résultats de ces visites. » Le roi a mis le citoyen Marocain au centre de son discours avec plusieurs tournures, notamment ici, en faisant part de son désire de partager avec lui les résultats de sa dernière tournée en Afrique de l’Est.

Ainsi, le souverain a rappelé que « les prémices de l’ouverture sur cet espace africain important sont apparues avec la visite que notre frère, Son Excellence le président Paul Kagamé, Président de la République du Rwanda, a effectuée au Maroc en juin dernier. De plus, Notre visite au Rwanda a permis de conforter cette orientation, en posant les jalons d’un partenariat prometteur dans les différents domaines, et en faisant de ce partenariat un axe fondamental pour le développement de nos relations avec cette région. »

Concernant son voyage à Dar Es Salam, le roi Mohammed VI a affirmé qu’il « traduit l’estime que nous lui portons au regard de son statut régional, de sa dimension géographique et de son poids démographique, ainsi que notre volonté de coordination avec ce pays sur les questions régionales et internationales. » Le monarque a, par ailleurs, rappelé l’information relayée, à priori par le cabinet royal, concernant « des contacts avec les autorités en République d’Ethiopie », confirmant que « ce sera la première étape de la deuxième partie de notre tournée dans un certain nombre de pays africains sub-sahariens, toujours dans le cadre du retour du Maroc à cette institution continentale. »

Le retour à l’Union Africaine

Dans ce discours à partir de Dakar, le roi a mis les points sur les i, concernant le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine. Il a clarifié la posture du Maroc, affirmant que « la réintégration par le Maroc de l’Union africaine n’est pas une décision tactique, pas plus qu’elle n’a obéi à des calculs conjoncturels. Elle est plutôt l’aboutissement logique d’une réflexion approfondie. Et lorsque nous annonçons notre retour, nous ne demandons la permission de personne pour obtenir notre droit légitime. En tout état de cause, le Maroc est de retour pour retrouver sa place naturelle. Il dispose d’une majorité écrasante pour occuper son siège au sein de la famille institutionnelle africaine. Le Maroc, qui ne s’immisce pas dans la politique intérieure des pays, pas plus qu’il ne suit une politique de division, a bon espoir que toutes les parties réagiront avec toute la sagesse requise et en toute responsabilité à cette décision, de manière à faire prévaloir l’unité de l’Afrique et l’intérêt de ses peuples. En effet, cette décision est le couronnement de notre politique africaine et de l’action solidaire que le Maroc mène sur le terrain avec de nombreux pays du continent pour y assurer la promotion du développement économique et humain, au service du citoyen africain. Outre la coopération bilatérale et avec les ensembles régionaux, ce retour permettra à notre pays de s’impliquer dans les stratégies de développement sectorielles en Afrique et d’y contribuer efficacement en les enrichissant de l’expérience singulière que le Maroc a accumulée dans de nombreux secteurs, » a-t-il dit.

Toujours aussi lucide, le roi a rappelé l’intérêt de revenir dans cette institution en affirmant en parlant du Sahara Marocain que « s’agissant des questions et des problématiques majeures, le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle le mettra en capacité de faire entendre la voix du continent dans les forums internationaux. Il lui permettra également de poursuivre et de renforcer son engagement pour trouver des solutions objectives à ces problématiques, et respectant les intérêts et les spécificités des peuples africains, » rappelant que « le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara. Il nous permettra plutôt de défendre nos droits légitimes et de corriger les contre-vérités colportées par les adversaires de notre intégrité territoriale, notamment au sein de l’Organisation africaine. »

« Le Maroc a besoin d’un gouvernement sérieux et responsable » 

Le roi Mohammed VI n’a pas manqué l’occasion pour adresser un message sévère à la classe politique marocaine. En effet, le souverain a tenu à rappeler au politiques que « la formation du prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d’arithmétique, où il s’agit de satisfaire les desideratas de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral. Le gouvernement, c’est plutôt un programme clair et des priorités définies concernant les questions internes et externes, avec l’Afrique au premier chef. Un gouvernement apte à aplanir les difficultés héritées des années passées, concernant le respect des engagements du Maroc vis-à-vis de ses partenaires. Le gouvernement est une structuration efficace et harmonieuse qui s’adapte au Programme et aux priorités. C’est un ensemble de compétences qualifiées, avec des attributions départementales bien définies. » 

Réaffirmant son autorité, Mohammed VI a affirmé qu’il veillera « à ce que la formation du prochain gouvernement se fasse conformément à ces critères et suivant une méthodologie rigoureuse. Et Je ne tolérerai aucune tentative de s’en écarter. »

Le Maroc et ses provinces du sud 

« Nos provinces du Sud, Dieu soit loué, sont fortes par l’attachement de leurs enfants à leur marocanité et au système politique de leur pays, » a affirmé Mohammed VI en conclusion de ce discours de la Marche Verte, faisant le point sur l’attachement naturel de ces région à leur pays.

Pour le roi, l’attachement des provinces du sud « se reflète dans leur participation massive aux différentes échéances électorales et leur implication en toute liberté et en toute responsabilité dans la gestion de leurs affaires locales. Elles sont ambitieuses du fait de leur modèle de développement propre et des projets qui ont été lancés. »

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