Discours d’ouverture du Parlement : Le citoyen au-dessus de tout

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Attachement au multipartisme, primauté du citoyen, maux de l’administration, expropriation, PME, investissements et solutions. Les points saillants du discours d’ouverture du Parlement.

Dans un brève introduction le roi a tenu à répondre aux préoccupations de certains acteurs politiques, quant à une supposée bipolarité du champ politique. Il a tout de suite enchainé, plaçant le citoyen au centre de ses préoccupations à tous les niveaux. Retour sur un discours où le citoyen marocain était à l’honneur.

Attachement au multipartisme

Le premier volet abordé par le souverain marocain dans son discours à l’ouverture de la session d’automne du parlement marocain était relatif à l’attachement du royaume au principe du multipartisme instauré par Mohammed V et consolidé par Hassan II.

« En vertu de la charge qui Nous incombe de veiller à la protection du choix démocratique, Nous réaffirmons notre attachement au multipartisme ».

En consacrant l’attachement au multipartisme pour lequel ont milité les générations précédentes, le roi Mohammed VI a tenu à estomper les craintes de ceux qui appréhendaient l’avènement d’une quelconque forme de bipolarité au Maroc.

Annonçant ensuite que le Maroc aborde une étape plus importante que ses précédentes, le souverain a souligné qu’elle implique « la nécessité de se pencher sérieusement, sur les questions et les préoccupations réelles des citoyens, d’impulser l’action de service public de l’Administration et d’améliorer la qualité de ses prestations ».

Le citoyen maillon central du processus électoral

On ne peut être plus clair, le roi place, par là, le citoyen en priorité des préoccupations des élus et des institutions, en soulignant que « l’objectif qui doit être recherché par toutes les institutions, c’est d’être au service du citoyen ».

En d’autres termes, le citoyen doit être le maillon principal de tout processus électoral et non l’élu ou l’instance élue qui n’auraient pas de raison d’être, « si elles ne remplissaient pas cette mission, ces institutions seraient inutiles » a affirmé le souverain, tout en rappelant que « le plus important dans un scrutin, c’est le citoyen lui-même et non le candidat ou le parti ».

Malheureusement, « certains exploitent le mandat qui leur est délégué par le citoyen, pour gérer les affaires publiques, et en profitent pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l’intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes », a-t-il déploré, ajoutant que le véritable engagement exige de placer le citoyen « au-dessus de toute considération […] de tenir les promesses qui lui sont faites, de se dévouer à son service et de hisser ce devoir au-dessus des intérêts partisans et personnels », a-t-il déploré.

Une administration qui doit résorber ses déficits pour mieux servir le citoyen

En substance, le roi a tenu à rappeler que l’administration marocaine avait besoin davantage de modernisation, de simplification et de décentralisation. En une phrase qui résume bien son propos, le souverain a affirmé que « Beaucoup de choses se disent sur les citoyens allant à la rencontre de leur Roi, sollicitant son assistance pour régler de multiples problèmes ou surmonter des difficultés. Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur Roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part. » Pointant du doigt les multiples déficits qui résident au niveau de l’administration, le roi a tenu tout de même à rappeler qu’il était « évidemment fier de traiter directement avec Mon peuple et de régler ses problèmes simples. Je continuerai à le faire, toujours à leur service. Mais est-ce que les citoyens Me demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir ? ».

Le roi Mohammed VI a saisi l’occasion de ce discours en face des représentants de la nation, pour fustiger les complications au niveau des procédures et les retards administratifs. « Les difficultés que rencontre le citoyen dans son rapport avec l’Administration sont aussi nombreuses que variées, commençant par l’accueil et passant par la communication, jusqu’au traitement des dossiers et des documents. Tant et si bien que ces difficultés s’apparentent désormais dans son esprit à un véritable parcours du combattant », a-t-il déploré, rappelant que « sans citoyen, point d’Administration. »

Expropriation et PME

Un des problèmes majeurs qu’a cité le roi Mohammed VI durant ce discours, est le problème des expropriations. Pour lui « de nombreux citoyens se plaignent des affaires d’expropriation, soit parce que l’Etat ne les a pas indemnisés pour leurs biens, soit parce que l’opération d’indemnisation traine pendant de longues années au préjudice de leurs intérêts, ou encore parce que le montant de l’indemnisation est en deçà des prix de vente en vigueur, et bien d’autres raisons encore. »

Ainsi pour le roi, l’expropriation ne doit être imposée à un citoyen qu’« en cas d’extrême nécessité d’intérêt général », mais surtout son « indemnisation doit se faire conformément aux tarifs en vigueur à la date d’exécution de ladite opération », pour que le citoyen ne se retrouve pas lésé par rapport au prix du marché.

Un autre problème cité par le souverain, concerne les PME. Un problème d’actualité, celui des délais de paiement, dont tout le monde a parlé durant cette année écoulée. Ainsi pour le roi Mohammed VI, il est inconcevable « que l’Administration ne rembourse même pas les dettes qu’elle a contractées auprès des petites et moyennes entreprises, alors qu’elle est censée les soutenir et les encourager eu égard à leur rôle important dans le développement et l’emploi. » A ce titre, il faut rappeler que beaucoup d’entreprises ferment au Maroc du fait même de ce problème.

L’administration et l’investissement

« Les problèmes qui se posent au citoyen dans l’Administration, sont clairement illustrés à travers les obstacles qui entravent l’investissement », a rappelé le roi Mohammed VI, malgré « la création des Centres régionaux et l’utilisation du guichet unique » a-t-il déploré.

Ainsi, le roi comprend que « dans certains cas, (les investisseurs, NDLR) soumettent des dossiers incomplets », mais il ne comprend pas que les guichet uniques censés les inciter à investir au Maroc rendent « encore plus compliquées pour eux (les procédures, NDLR), en les astreignant à une série de restrictions et de contraintes. »

A cet effet, le roi Mohammed VI a rappelé la logique capitaliste en expliquant que « lorsque l’investisseur ne reçoit pas de réponse, et si le problème qu’il affronte n’est pas réglé, il restitue son argent à la banque », résultat des courses « le pays se trouve privé d’opportunités d’investissement et de développement, avec la perte d’emplois potentiels que cela implique pour les citoyens », a-t-il regretté.

Optimisme et solutions pour résorber les déficits

Le roi n’a pas manqué de rappeler que le tableau n’était pas tout noir, l’administration marocaine disposent « de hautes compétences professionnelles et techniques et connait une amélioration significative », s’est-il réjouit, s’appuyant sur « les grands chantiers qui sont réalisés et les politiques sectorielles nationales réussies, qui ont changé la physionomie du Maroc, et qui jouent un rôle majeur dans la réalisation de progrès tangibles observés dans différents domaines », pour étayer ses propos. Mais pour le souverain, il n’y a pas de mal à avoir une ambition « plus grande que cela », rappelant que « les aspirations du citoyen dépassent les prestations actuelles de l’Administration. »

Pour lui la solution réside dans « un changement dans les comportements et les mentalités et des législations de qualité » a-t-il mis en exergue, mais aussi dans « la formation et la mise à niveau des fonctionnaires », a-t-il ajouté.

Le souverain a aussi préconisé, comme solution, la mise en œuvre de l’administration électronique (e-gov), convaincu que « l’utilisation des nouvelles technologies contribue à faciliter l’accès, dans les plus brefs délais, du citoyen aux prestations, sans qu’il soit nécessaire de se déplacer souvent à l’Administration et de s’y frotter, car c’est là la cause principale de l’extension du phénomène de corruption et du trafic d’influence », a-t-il conclut.

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