Dommages collatéraux

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Des “coups d'Etat” au sein des appareils politiques restent du domaine du possible. Mais changer X par Y suffira t il à rehausser les performances de la classe politique ?

Les péripéties du blocage ont peut-être lassé le public marocain, mais elles ont des effets sur les structures partisanes. L’Istiqlal est en crise ouverte. Hamid Chabat fait face à une vraie fronde menée par les notables du sud, Abdessamad Kayouh élu soussi et Hamdi Ould Rachid patron de la région de Laâyoune. C'est un secret de polichinelle que les deux roulent pour une candidature de Nizar Baraka. Pour y arriver il lui faut contrôler le futur conseil national et surtout amender l'article 57, qui stipule que seuls les membres du comité exécutif sortant ont le droit de se présenter au secrétariat général, ce qui n'est pas le cas de Baraka. Pour la petite histoire, cet article avait été introduit par Abbas El Fassi pour barrer la route à El Ouafa, qui venait de perdre son poste d'ambassadeur. Mais Chabat fait mieux que résister et garde des atouts et en particulier le contrôle la jeunesse, de l'UGTNM et des autres organisations parallèles.

A l'USFP Driss Lachgar n'a pas de concurrent déclaré, cependant le congrès se prépare a chargé contre ses choix. Son ami Khalid Alioua, qui ressurgit alors qu'il est toujours pénalement poursuivi, estime que l'erreur c'était d'évoquer la monarchie parlementaire en 2008 et qu'il faut situer le parti “clairement” dans la défense des institutions. Une ligne qui court-circuite tout débat sur le bilan du parti depuis l'alternance consensuelle. La préparation du congrès ne donne pas lieu à d'énormes débats puisque l'appareil est extrêmement contrôlé et est très squelettique.

Au PJD il y a clairement de l'eau dans le gaz. Plusieurs cadres, dont des ministres, expriment publiquement leurs “nuances” avec les déclarations de Benkirane. Si celui ci n'est plus chef de gouvernement, le congrès pour désigner son successeur devra trancher aussi la ligne politique, entre la stratégie de la tension permanente et celle de la recherche de compromis.

Au PAM, Abdellatif Ouahbi a présenté sa démission de la présidence du groupe parlementaire. Les divergences avec El Omari sont connues depuis longtemps, mais il a été reconduit à ce poste en signe d'ouverture. Cela n'a tenu que quelques mois, ouvrant une nouvelle phase.

Ces tribulations existent et sont étalées dans la presse. Ceux qui se précipitent pour annoncer une ère de dégagisme à la marocaine prennent leurs désires pour des réalités. A la différence d'autres cieux, le moteur du dégagisme n’existe pas dans nos contrées. Chez-eux c’est en effet la démocratie interne qui permet aux bases mécontentes d'arrêter les carrières politiques des uns et des autres.

Chez nous les appareils sont fabriqués pour assurer une majorité en toutes circonstances. Les parlements des partis sont des mini congrès, sans rapport avec le nombre d'adhérents. Des centaines de membres qui se réunissent pour discuter en quelques heures un ordre du jour de plusieurs points. C'est invariable, toutes ces réunions se terminent par la délégation au bureau politique. Il n'y aura donc pas de révolution des bases contre les chefs. Par contre des “coups d'Etat” au sein des appareils restent du domaine du possible. Mais changer X par Y suffira t-il à rehausser les performances de la classe politique ? Il est permis d'en douter et même fortement recommandé de le faire.

 

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