Education : Peut-on encore sauver l’école publique ?

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Il semble que le Maroc n’a pas fini de prospecter quel système éducatif lui siérait au mieux. D’une réforme à une autre, la crise de l’école marocaine va en s’amplifiant à chaque rentrée.

Des écoles publiques qui ferment et d’autres privées qui ouvrent et prospèrent. Malheureusement, il est clair que les Marocains ne sont pas riches au point de faire la moue envers l’école publique (gratuite) pour aller débourser une fortune dans les caisses des établissements scolaires privés pour l’éducation de leur progéniture. Le plus souvent cette réorientation vers le privé se fait au prix de sacrifices drastiques. Certaines familles consacrent près de la moitié de leur budget pour l’éducation de leurs enfants.

Mais la faillite du système de l’enseignement public ne leur laisse guère le choix.

Surpeuplement des classes, absentéisme des professeurs, indifférence de l’administration quant au sort des élèves et surtout manque de débouchées pour l’avenir, sont-ce là autant de facteurs qui poussent les parents à opter, même le cœur à l’âme, pour le privé.

Depuis 2008, plus de 200 écoles publiques ont fermé leurs portes, en majorité des établissements primaires. Les élèves ont été redéployés vers d’autres établissements aggravant encore plus leur situation, avec des classes pouvant englober jusqu’à 70 élèves à la fois. Difficile à croire même si on le voit.

Quand on sait que dans certains pays européens, des enseignants se plaignent d’avoir des classes de 25-30 élèves…

En parallèle, les établissements privés, du Primaire au Supérieur, poussent comme des champignons après les premières ondées. Et contrairement au secteur public, ils prospèrent.

Entre 1999 et 2015, leur effectif est passé de 4% à 15%. Et dans une huitaine d’années sinon plus tôt encore, ils seront quelques 25% à opter pour le privé.

Comment pourrait-il en être autrement puisque le gouvernement marocain a « démissionné » du dossier de l’enseignement en se mettant par la même occasion au service du secteur privé.

Abdelilah Benkirane, n’avait-il pas avancé, il y a deux années que « le rôle de l’Etat doit se  limiter à assister les opérateurs privés qui veulent s’engager » dans les secteurs de la santé et de l’enseignement.

Comment se fait-il qu’on soit arrivé là ?

De tout temps, au Maroc, c’était l’Enseignement public qui dominait. Même au temps du protectorat français, le système éducatif prédominant au Maroc était l’école de Jules Ferry.

L’enseignement privé, (dans le sens indépendant de l'École française et dans le sens mercantile) n’a vu le jour qu’avec l’émergence du mouvement national qui a bâti une École pour contrecarrer l’acculturation coloniale. C’est dire que la mission initiale de cet enseignement, soit disant privé, était de répandre les valeurs culturelles, identitaires et du nationalisme marocaines.

Par la suite on a commencé à assister à l’émergence, ça et là, de quelques établissements privés, certes à dessein lucratif, mais dans le but consistait surtout à repêcher les exclus des écoles publiques, et les remettre sur la voie du cursus éducatif.

L’appât du gain grandissant, le désistement de l’Etat aidant, on se retrouve aujourd’hui avec un système qui envoie, surtout dans les grandes villes, jusqu’à 80% des élèves vers secteur privé, avec la bénédiction de l’Etat, qui sous l’assertion de vouloir réguler le secteur, ne fait que contribuer à son essor… économique surtout.

 

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