Formation du gouvernement : toujours pas de fumée blanche

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Qui composera la majorité ? Pour l’instant Benkirane s’adapte et ajuste son agenda sur celui de l’USFP, les adversaires d’hier. Après une défaite cuisante aux législatives, les socialistes veulent se refaire une santé en rejoignant la majorité gouvernementale

« Tout le monde attend et personne ne sait rien ». Ce ténor de la majorité sortante qui a le sens de la formule résume la situation qui prévaut quant à la formation du gouvernement.  30 jours après sa nomination par le Souverain au poste de chef de gouvernement, Abdalilah Benkirane n’a toujours pas formé son Exécutif. Toujours pas de fumée blanche du côté du secrétariat général du PJD.

Après avoir terminé un premier round de consultations très laborieux, le leader islamiste ne semble pas pressé d’entamer un second round qui sera, lui, véritablement celui des négociations.  « A l’évidence, le chemin gouvernemental est loin d’être une ligne droite. Le plus surprenant est que M. Benkirane donne l’impression de le découvrir. Il a beau avoir posé le cadre d’une alliance PJD-Istiqlal-PPS, jamais la perspective de la formation d’un nouvel exécutif n’a semblé aussi lointaine », explique cet observateur averti de la scène politique. A demi-mots, le patron du PJD en quête d’une majorité crie au loup, multiplie les vraies-fausses fuites et lance ses ballons d’essai. L’attente est longue. Faut-il fatiguer les partenaires avant que ne soit franchie la ligne d’arrivée ? « Benkirane n’est pas dans la négociation. Ce n’est pas le genre de la maison islamiste. Il veut imposer son diktat. Ce qui semble de plus en plus difficile depuis le discours royal du 6 novembre et le rappel à l’ordre du Souverain.

Reste la question qui revient en itération : qui composera la majorité ? Aucune réponse pour l’heure tant la politique est ici plus qu’ailleurs une science inexacte. Benkirane s’adapte et ajuste son agenda sur celui de l’USFP, les adversaires d’hier. Après une défaite cuisante aux législatives, les socialistes veulent se refaire une santé en rejoignant la majorité gouvernementale. Le parti de la Rose réunit sa commission administrative ce samedi 12 novembre. Son issue déterminera sa participation ou pas au gouvernement. « Les ittihadis meurent d’envie de revenir au pouvoir. Ils sont persuadés que  leur cure  à l’opposition n’a pas été payante. Pas question pour l’USFP et ses dirigeants de faire leur autocritique. Ils sont prêts à jeter aux orties principes et valeurs et vendre leur âme aux islamistes », s’insurge cet ancien militant qui a claqué la porte du parti.

Au Rassemblement national des indépendants, on préfère laisser venir. Cette formation politique a tenu hier mercredi 9 novembre un Bureau politique sous la présidence d’Aziz Akhennouch tout juste rentré de Dakar. Consigne a été donné de ne pas parler des consultations en cours pour la formation du prochain gouvernement. « Nous avons demandé au président de ne pas nous dire un mot de cela pour éviter toute fuite. Les auteurs des fuites  ne sont sûrement pas au RNI », fait valoir cette figure du BP. Les Rnistes  sont tout à la restructuration de leur famille politique. Décision a été prise pour l’organisation d’une tournée à travers le Maroc du successeur de Mezouar, déterminé à aller à la rencontre des militants. Ce qui n’a pas empêché les membres du BP de reconfirmer, mercredi soir, Akhennouch  dans ses pleins pouvoirs de négociateur unique avec le chef de gouvernement.

En attendant, la chambre des députés est en congé forcé. En vacances malgré eux, les députés ne siègent pas et le président de la chambre basse n’a toujours pas été élu, faute de majorité non encore définie. « Le pouvoir législatif ne peut pas fonctionner en l’absence du pouvoir exécutif », rappelle ce vieux routier du parlement.

Pas de gouvernement donc, ni de parlement et un parfum de crise que le chef de gouvernement  devrait déjà sentir…

 

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