Gouvernement : Normalisation et régénération des circuits de régulation

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La parenthèse Abdalilah Benkirane a hissé ce dernier au panthéon des grands hommes politiques et précipité le PJD au rang d'un parti en tout ressemblant aux autres

Dès qu'ils sont portés à la charge du magistère gouvernemental, les partis politiques semblent hésiter sur leur destin. Ils doivent affronter leurs contradictions  consubstantielles  parce que la culture de l'alternance est encore à inventer.

Comme l'USFP en 2002, le PJD est en voie de normalisation aujourd'hui.

Etre le premier parti sorti des urnes n'est ni déterminant ni exclusif. Cette situation ne lui confère au regard de la nouvelle constitution, ni l'établissement de nouvelles règles ni le droit de se hisser à une pratique institutionnelle nouvelle de gouvernement.

C’est, il faut l’espérer, la leçon que viennent d’apprendre les islamistes du gouvernement.

Depuis les temps les plus immémoriaux, les fondamentaux à la base desquels s'articulent le pouvoir au Maroc sont gravés dans les mémoires avant d'être porté au cœur des textes constitutionnels. Il faut garder à l'esprit qu'aussi loin qu'on puisse remonter dans l'histoire de ce pays, il n y a plus d'horizon, désormais, ni aux zaouias, ni aux grands caïds  comme aimait à le souligner Rezette dans ses écrits sur les partis politiques marocains.

Le PJD, encore moins que l'USFP d'antan, n'a ni La contenance, ni les arguments, ni la perspective pour imposer une nouvelle stratégie. Il ne peut être que réformiste-orthodoxe à l'instar de ce que furent les partis européens devenus partis chrétiens démocrates.

La référence synallagmatique à la religion le met en demeure de se soumettre au strict respect des fondamentaux de ce pays. De même que la revendication constante à l'héritage de Abdelkrim Khattib l'oblige  de se draper dans l'habit de ce dernier dans sa relation avec le makhzen.

La parenthèse Abdalilah Benkirane a hissé ce dernier au panthéon des grands hommes politiques et précipité le PJD au rang d'un parti en tout ressemblant aux autres. Il connaîtra aussi les affres de la division, des transhumances et de l'exulcération.

Il est à craindre qu'une telle situation ne participe à une plus grande désaffection de l'opinion publique par rapport au politique et risque de compromettre  l'adhésion populaire aux futures consultations électorales ou référendaires.

La constitution du nouveau gouvernement n'oblitère en rien la fin d'un processus tendant à mieux lutter contre l'islamisme par la création et le renforcement d'une force alternative.

Malgré le rejet derrière les cimes des partis issus du mouvement national, le PAM n'a jamais obtenu les résultats devant le conduire aux affaires face au PJD.

Il s'agit vraisemblablement de la fin de la bipolarité et l'arrivée de coalitions transcendant les clivages traditionnels sans que leur motus-operendi ne soit affecté.

le RNI est invité  à se substituer au PAM comme naguère l'UC l'avait été au RNI lui-même. Mais croire qu'il est aussi facile de détricoter le PJD en forgeant, tout simplement, un parti d'élites entrepreneuriales a même de remporter les prochaines élections suivant le concept et les projections de McKinsey, c'est faire montre d'un déficit de connaissances de  la sociologie politique marocaine et des fonctions tribunitiennes dévolues à certains institutions ou à des personnalités d'exception dans  un pays pluriel et de développement inégal.

Le Maroc a besoin d'une véritable pause politique pour s'adapter à une nouvelle culture, redistribuer les cartes et recomposer un nouveau paysage politique pour affronter les nouvelles réalités et les nouveaux défis.

Le système de gouvernance et sa traçabilité devraient s'organiser autour d'axes capables de s'interposer, entre autres, face aux réseaux sociaux devenus désormais de véritables faiseurs d'opinion et régénérer les circuits institutionnels de régulations.

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