Le chef du pentagone signe un accord à Tunis, et souligne ''l’importance d’une armée apolitique'' à la veille de sa visite à Alger

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Le ministre américain de la défense, Mark Esper, en visite à Tunis le 30 septembre 2020 /AFP

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Mark Esper, secrétaire à la défense américain a signé, mercredi 30 octobre, un accord de coopération militaire de dix ans avec la Tunisie, saluant un rapprochement pour faire face à la dégradation de la sécurité en Libye.

Le Etats-Unis ont développé ces dernières années leur coopération avec l’armée tunisienne  notamment dans les domaines de la formation et de l’équipement pour la lutte antiterroriste, mais aussi dans le renforcement de la sécurité à la frontière avec la Libye voisine. « Nous nous réjouissons d’approfondir cette relation afin d’aider la Tunisie à protéger ses ports et ses frontières et à faire reculer le terrorisme », a déclaré M. Esper à la suite de sa rencontre avec le président tunisien Kais Saïed. L’objectif est de faire face « aux extrémistes violents qui représentent une menace », mais aussi « à nos concurrents stratégiques la Chine et la Russie », a-t-il ajouté devant les tombes de soldats américains tombés en Afrique du Nord.

La Tunisie, considérée depuis 2015 par Washington comme un allié « majeur » dans la région, a été un appui discret dans le dossier libyen depuis la chute de Mouammar Kaddafi. Les Etats-Unis, qui avaient pourtant apporté un appui aérien à la coalition de l’OTAN initiée par la France pour faire tomber Kaddafi,

Lire : LE SECRÉTAIRE AMÉRICAIN À LA DÉFENSE, EN VISITE EN TUNISIE, ATTENDU VENDREDI À RABAT

Tunis et Washington mènent régulièrement des exercices militaires conjoints. Depuis la chute de Zine El-Abidine Ben Ali en 2011, les Etats-Unis ont  investi un milliard de dollars dans l’armée tunisienne, selon la défense américaine.

L’accord signé mercredi, une feuille de route dont le contenu n’a pas été détaillé, court sur dix ans afin d’établir une relation longue permettant d’assurer la formation et l’après-vente en cas de cession d’armement sophistiqué, indique-t-on dans l’entourage de M. Esper.

L’utilisation de l’espace aérien tunisien n’a pas été évoquée mercredi et le déploiement d’une base permanente n’est pas considéré comme acceptable par la Tunisie, a indiqué une autre source américaine.

 « Il y a eu un regain d’intérêt » des Etats-Unis pour la Tunisie et le Maroc, deux partenaires de longue date, « car la région est devenue plus stratégique ces dix dernières années » avec la montée en puissance des groupes djihadistes en Libye et dans le Sahel, indique le politologue tunisien Youssef Cherif. « Mais la Tunisie ne semble pas avoir donné son aval (à Washington) pour utiliser son espace aérien et son territoire afin de mener des attaques », affirme-t-il à l’AFP.

En mai, le commandement américain pour l’Afrique avait dit envisager l’envoi de troupes supplémentaires en Tunisie au vu de la dégradation de la situation en Libye, déclenchant une levée de boucliers dans le pays. L’Africom avait ensuite précisé que ces troupes seraient uniquement chargées de formations et non de combat.

A Tunis, M. Esper a également rencontré son homologue tunisien Ibrahim Bartagi, qui a souligné « l’importance du soutien des Etats-Unis dans le domaine de la sécurité des frontières », notamment grâce à la surveillance électronique, selon le ministère de la défense.

Les deux hommes ont évoqué le rôle de la Tunisie au Mali, pays frappé par des attaques djihadistes où Tunis a déployé des troupes sous la bannière de l’ONU depuis l’an dernier.

M. Esper a souligné « l’importance d’une armée apolitique », à la veille de sa visite à Alger, la première visite d’un ministre américain de la défense depuis 2006. En Algérie, depuis février 2019, le pouvoir appuyé par les militaires fait face à une contestation populaire inédite, le Hirak, entravée par l’arrivée du coronavirus en mars. Le ministre américain achèvera sa tournée vendredi à Rabat, allié « majeur » dans la région.

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