Législatives : Le retour des salafistes ou quand les partis jouent avec le feu

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Quand les partis politiques sont prêts à tous les compromis pour gagner des sièges…

Dès les premières élections qui avaient suivi la récupération du Sahara marocain, presque tous les partis politiques avaient présenté un « Mae El Aïnine » comme candidat. Pour ces deuxièmes législatives d’après constitution 2011, on assiste au même phénomène « conjoncturel ». Plusieurs partis politiques, sans parler du PJD, ont un candidat salafiste sur leur liste, voire parfois en tête de liste.

Ils sont quelques uns à se présenter, dans le cadre du scrutin de vendredi prochain, pour plusieurs partis, illustrant par la même occasion leur réinsertion au grand jour dans le paysage politico-électoral marocain.

Leur nombre est aujourd’hui infime par rapport aux presque 7.000 candidats en lice. Et quand bien même ils passeraient tous le test des urnes, ils ne peuvent de par leur nombre influer de manière significative sur la marche des partis qui les ont intégrés. Cette intégration, (presqu’un effet de mode) fait plutôt office de ballon d’essai et surtout, pour les entités politiques qui les ont intégrés, un moyen d’élargir le cercle de leurs électeurs.

Tous les noms notoires ne se présentent pas aux élections, ce qui ne les empêche pas de participer à la campagne en appelant à voter ou à ne pas voter pour tel ou tel parti, ou encore tel ou tel candidat.Si Mohammed Fizazi ne se présente pas, Hammad Kabbaj, qui s’est porté candidat pour le PJD à Marrakech s’est vu notifier l’invalidation de sa candidature pour "extrémisme".Ce qui n’est pas le cas d’Abou Hafs, de son nom Abdelwahab Rafiki qui se présente sous la bannière de l’Istiqlal.

Pour Hamid Chabat, SG du parti de l’Istiqlal, l’intégration de salafistes au sein du parti n’aurait rien d’incongru, puisque historiquement ce serait le premier parti salafiste du Maroc, mais d’un fondamentalisme tempéré. Il n’y aurait donc aucune contradiction à leur intégration dans le premier parti salafiste du Maroc, tout en précisant que l’Istiqlal est le pionnier du salafisme nationale éclairé qui combattrait l’extrémisme idéologiquement. Chabat pense certainement à Chouaïb Doukkali, ou encore Bel Larbi Alaoui, pour ne citer que ceux là, qui ont participé à la lutte pour l'indépendance.

Mais c’était une autre époque et un autre Maroc. Le salafisme aujourd’hui a non seulement une certaine connotation, mais son utilisation à des fins politiciennes, qui ne reste plus exclusive au PJD, revient à ouvrir la boite de pandore. Hier encore le BCIJ a interpellé un groupe de jeunes filles, dont 7 mineures qui étaient prêtes à passer à l’acte. L’enquête menée, comme l’a déclaré Abdelhak Khiame lors d’une conférence de presse ce 4 octobre, a confirmé que l’entourage fondamentaliste de ces jeunes filles était un terreau fertile à leur endoctrinement. Nous n’avons pas encore fini d’appréhender tous les tenants et les aboutissants de ce phénomène, mais avec ces élections législatives de 2016 et dans le contexte national et international dans lequel nous vivons, une question se pose avec acuité. Est-il pertinent voir responsable de proposer des salafistes pour siéger au sein de l’institution représentative suprême de la nation ?

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