Recomposition en vue

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Pour atteindre l’âge de la maturité, la démocratie marocaine a besoin de positionnements clairs et permanents

Les élections du 7 octobre confirment la bonne santé de la construction démocratique. Le scrutin transparent, les résultats acceptés par tous les partis, sont le signe de la bonne marche de l’expression démocratique. Il faut souligner cet acquis qui singularise le Maroc par rapport à son environnement régional.

Les résultats sont éloquents. Il y a une véritable bipolarisation, non pas entre deux partis, mais entre deux courants de pensée. La différence entre les deux premiers, PJD et PAM, et les autres partis, est très importante. Tous les autres partis perdent en sièges, en audience. Mais il faut affiner l’analyse.

L’avenir c’est la clarification. Il y a au niveau de la société un courant moderniste, qui pourrait s’exprimer autour du PAM, dans le respect de la différence de chacun. Encore faut-il que celui-ci réussisse à rallier le RNI, l’USFP … et le PPS. Le parti de Ali Yata, dont le comportement a été sanctionné par les électeurs, doit retrouver sa place naturelle, sa maison, c’est-à-dire le camp moderniste, réformateur.

Une telle alliance a de réelles chances de devenir une alternative viable à la mouvance conservatrice. A condition qu’elle ne soit pas de circonstance et qu’elle se structure autour d’un projet sociétal clair, avec des propositions circonstanciées. Cette démarche peut d’ailleurs être entamée rapidement, au cours de cette législature, au sein des institutions élues.

La victoire, relative, du PJD n’est pas une surprise. La mouvance conservatrice existe au sein de la société et est renforcée par le repli identitaire ambiant. L’environnement international est propice aux mouvements régressifs. Il n’y a aucune raison pour que le Maroc échappe totalement à cette tendance. Le fait que le PJD soit bien organisé, que ses structures fonctionnent, lui permet de transformer sur le terrain électoral cette empathie de larges couches sociales.

La recomposition du champ politique ne peut s’appuyer que sur la clarification. La campagne n’a pas pris ce chemin, les thèmes imposés relevaient de la politique politicienne, et posaient rarement les enjeux sociétaux au centre des discours. La transparence du scrutin est un démenti au thème choisi, parfois, par les Islamistes.

C’est ainsi que l’on peut constater que c’est dans les zones urbaines que la mouvance conservatrice réalise ses meilleurs scores. Si le débat est clarifié autour des enjeux sociétaux, les modernistes pourront mobiliser les couches dont le mode de vie s’inscrit dans la modernité.

Tous les citoyens doivent se féliciter de la réussite de cette nouvelle étape dans le processus démocratique. Cependant, le plus important, maintenant, c’est d’en finir avec les alliances contre-nature.

Pour atteindre l’âge de la maturité, la démocratie marocaine a besoin de positionnements clairs, permanents. Le vrai clivage est autour de la question de la modernité et c’est ce clivage qui doit être au centre de la vie politique. Si le camp moderniste réussit à clarifier son projet, à structurer son alliance, à imposer le vrai débat, il pourra rapidement reprendre pied dans les grandes villes, clé de toute victoire électorale.

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