CAN 2021 : Pas toujours bons face au Gabon… Ah Bon ?!! Par Anouar Berra

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Comment vous le dire sans prendre le risque que vous le preniez mal, Sir Wahid ? Vous qui prenez toujours mal les conseils ? Sir Wahid, nous prendre peur, toi parti 28 joueurs Yaoundé, mais nous voir 11 !

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L’avant match

La statistique encore et toujours. Comment du reste se faire une idée sur le futur sans un coup d’œil dans le rétroviseur, sous un angle factuel et chiffré, et surtout en laissant les émotions de côté… pour le moment.

Les panthères du Gabon ont rencontré les lions de l’atlas 16 fois et ils ont réussi à les battre à six reprises. Les lions en revanche leur ont infligé 8 défaites, dont quelques roustes qui resteront dans les annales Gabonaises. La plus large défaite de leur histoire 6-0 a été concédée à Rabat le 15 novembre 2006. Les deux fauves se quittent rarement sur un nul, 2 fois seulement sur les 16 rencontres.

Rangeons les calculatrices, gardons la dynamique de la gagne.

Nous sommes toujours dans l’avant match : même si cette victoire nous coûte un match de huitième de finale compliqué, on soignera au moins la statistique pour les générations futures. De toute façon, il n’y a rien à choisir parmi les troisièmes des autres groupes. Le spectre du piège Béninois lors de la précédente CAN rode encore à Yaoundé pour nous le rappeler.

Un nul arrangerait tout le monde. Pas vraiment, les autres groupes gardent un œil vigilant sur cette rencontre, car comme dans le groupe A du Cameroun, nous sommes quasi-certains d’avoir un meilleur troisième. Donc, plus que 3 places pour 5 prétendants vu que le Cap vert semble avoir déjà réservé la sienne. Je peux me tromper, mais le Cap vert devrait être le prochain adversaire des lions.

Un air de revanche

Le Maroc s’est présenté avec une côte à 1.70 contre 7.50 pour le Gabon. Le Nul semblait arranger tout le monde, mais c’est le moment où on doit avoir un mental Bulldozer Allemand pour aller chercher les 9 points.

La seule défaite de Wahid à la tête des lions était justement contre le Gabon par 3 buts à 2, le 15 octobre 2019 à Tanger. C’était venu le faire trébucher d’entrée, avant le démarrage d’un bilan qu’on peut qualifier aujourd’hui de positif. Enfin un bilan positif… oui, mais artificiellement, puisque Sir Wahid n’a encore jamais eu à subir un vrai crash-test avec les lions depuis son arrivée en août 2019.

Notre Wahid est rancunier. Nous le savons aujourd’hui tous. Nous sommes toujours dans l’avant match, et cette « qualité » de rancunier nous rassure. D’ailleurs, pour enfoncer le clou, il s’est exprimé avant le match aux micros des journalistes dans des propos très clairs et phonétiquement menaçants « moi vouloir prené revanche Gabone »

Mircé, en Wahidien, Merci en français, Choukran en marocain. Et Bravo en sarcastique. Promesse tenue, encore une fois !

Autant de Sofianes que de qualités de prestation

On peut facilement placer tous les lions de la soirée dans un intervalle encadré par un Sofiane CHAKLA amorphe et efficacement néfaste, un Sofiane AMRABAT efficace avec un peu d’imprécisions et de lenteurs, et un Sofiane BOUFAL très véloce et super efficace.

Analysons rapidement toutes les lignes. Le gardien Munir a été bon mais pouvait faire un peu mieux sur les 2 buts. Il a quand même sorti un arrêt splendide à la 40ème minute pour empêcher les adversaires du soir de doubler la mise.

Une ligne de défense complètement débordée avec un Sofiane CHAKLA hors-sujet. CHAKLA, du gabarit de SAÏS avait la mission névralgique de tenir la charnière centrale. Gabarit… physiquement s’entend ! C’est exactement pareil mais complètement différent. Romain, il est anxiogène de constater que tu n’as pas de remplaçant. Si tu sens une fatigue, les antibiotiques ne sont pas automatiques, mais les antidépresseurs risquent de le devenir pour le public marocain. MASINA, quant à lui, continue de respecter la distanciation sociale. Il a été chanceux. Le danger gabonais de la soirée venait plus de la gauche. MASINA, un conseil de compatriote, fan de foot et fervent supporter de son équipe nationale… ce n’est pas au ministre de la Santé qu’il faut plaire.

Au milieu du terrain, les lions ont été dévorés, littéralement ! Sir Wahid en père fouettard fait un changement punitif à la 31ème minute. Un record. Ilias CHAÏR en fait les frais. Le poète quitte la pelouse, chagriné, la larme perlant aux paupières. Il tourne le dos au cirque ambiant sans serrer la main du dompteur, celle qui ne tenait pas le fouet. AMRABAT, en dépit de quelques imprécisions inhabituelles, a été encore une fois le régulateur du milieu du terrain.

En attaque, encore une fois, il y en avait un de trop. El KAABI & ENNESIYRI faisaient des courses inutiles et pensaient à se tenir la tête avant même d’essayer de marquer. A défaut de soigner le geste technique, on soigne la posture du regret du raté… une sorte de dépit anticipé. Sofiane BOUFAL a fait une entrée fracassante mais tous les supporteurs marocains le savaient déjà, rien d’anormal. Comment dit-on déjà en Bosnien « BOUFAL doit être dans le 11 de départ ? »

D’abord BOUFAL use d’une espièglerie pour mettre littéralement sa jambe entre la main du gardien et le ballon. C’est de bonne guerre, le Penalty est indiscutable. Il prend lui-même ses responsabilités pour égaliser à la 74ème. Sir Wahid est d’une autorité stérile. Il n’a même pas défini les tireurs dans l’ordre. Le même Sofiane revient 10 minutes plus tard pour provoquer un coup franc transformé magistralement par HAKIMI.

La cuillère de bois du match

La cuillère de bois du match semble tendre les bras à CHAKLA qui a agrémenté notre soirée avec du grand cirque. Grâce à son premier gag, la cage des lions a perdu sa virginité préservée lors des 6 derniers matchs de la CAN. Une glissade dans un excellent timing laisse filer l’attaquant Gabonais seul vers les cages puis une arrivée tardive en défense face au même attaquant qui distille la passe décisive du 2ème but. La légende de la défense hermétique touche à sa fin. Le mythe est tombé aussi, hélas !

Fayçal FAJR, un joueur très particulier qu’on ramène à priori pour ses blagues dans les vestiaires, et jadis pour ses centres exceptionnels et sa patte magique pour jouer les balles arrêtées.

Mr FAJR, nous avons assez de clowns. Nul besoin de ramener le cirque des vestiaires sur le terrain.

Arrêtez de vous jeter sur toutes les balles arrêtées. J’espère que vous avez reçu une leçon d’humilité en appréciant du banc des punis le penalty de BOUFAL et le coup franc majestueux de HAKIMI.

Laissons donc à CHAKLA sa prestigieuse cuillère en bois, et décernons à FAJR le prix du public, le titre super populaire de Moul l’Koura.

28 …Non !! Que 11 !

On ne sait toujours pas gagner un match mal engagé. Cette malédiction nous poursuit depuis 5 ans. Un but encaissé et le cirque reprend de plus belle. Cirque ? Que dis-je ? Même les bons cirques ne laissent pas de place à l’improvisation.

Tout le monde pouvait prévoir la mise au repos de quelques joueurs et la protection d’autres contre un second carton jaune synonyme de suspension lors des huitièmes. Cependant, il est amer de constater que dans un groupe de 28, il n’y a que 11 joueurs réellement opérationnels pour une compétition de cette nature.

C’est un équilibre fragile, parce qu’instable et sensible à toute perturbation. L’ombre d’une entropie, la peur du chaos, plane chaque fois qu’un changement de joueurs est annoncé.

Comment vous le dire sans prendre le risque que vous le preniez mal, Sir Wahid ? Vous qui prenez toujours mal les conseils ? Sir Wahid, nous prendre peur, toi parti 28 joueurs Yaoundé, mais nous voir 11 !

Une pincée d’optimisme

Le premier tour est plié avec 7 points. Les lions le terminent en tête avec 5 buts, tous du pied droit et, sauf le penalty, tous provenant du flanc droit. Quand c’est aussi sur le côté droit que nous avons encaissé nos deux buts, on a envie de vous dire Sir Wahid, la gauche n’est pas que femme de Satan et combien même, il faut au moins essayer de la dompter.

Les lions ont aussi marqué 5 fois lors de leurs six dernières rencontres après la 80ème minute. C’est une génération qui sait scorer en fin de rencontre contrairement à beaucoup d’autres.

Sir Wahid, votre rêve est exaucé, vous allez rester sur Yaoundé pour la suite de la compétition. Nous concernant, vous restez sur ce que vous voulez, mais vous revoyez vos cartes et vous reprenez du sérieux, le vrai, le responsable, celui d’un véritable manager d’hommes. Inspirez-vous des joueurs comme HAKIMI et SAÏS, ils ont un regard plus sobre et montrent plus de maturité dans leurs lectures des matchs.