La part marocaine du Haïku

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couv-hjomri De prime abord il m?a sembl? que la versification arabe ?tait incompatible avec les imp?ratifs de la rythmique japonaise des 17 syllabes. Le ha?ku est le plus court po?me du monde. Genre exigeant, contraignant qui ne me semblait appartenir qu?? l?espace litt?raire japonais. Quand feu mon ami le professeur Mohamed Abou Talib me fit part du souhait de l?ambassadeur Sono Uchida, ambassadeur du Japon au Maroc dans les ann?es 80 du si?cle dernier et fin connaisseur de ce genre de po?me dans son pays, d?organiser un concours de Ha?ku et de faire partie du jury qui d?partagerait les candidats, j?avais marqu? beaucoup de r?ticence, persuad? que cette forme po?tique ?tait tr?s ?loign?e de la rythmique arabe et que des candidats il y en aurait peu . 17 syllabes en trois vers de 5-7 -5, et imp?rativement l??vocation d'une saison, cela semblait du domaine de l?impossible. Et bien que l?ambassadeur all?ge?t ces r?gles en dispensant les candidats de la r?partition 5-7-5, je persistai dans ma r?serve et n?acceptai que difficilement de m?engager dans cette probl?matique aventure. L?engouement fut tel, que quelque soit la langue choisie, l?arabe ou le fran?ais, la moisson de la premi?re ?dition fut bonne et les premiers Ha?kus prim?s, excellents.   Depuis, une persistante activit? po?tique dans l?espace Ha?ku t?moigne d?une part marocaine que je recommande au lecteur de d?couvrir dans sa fra?cheur, sa l?g?ret? a?rienne, les intenses ?motions que la bri?vet? de ces vers provoqueraient en lui. Peu de gens savent que Mohammed Bennis, discret mais grand po?te, fondateur avec l'ancien directeur de l'UNESCO de la journ?e mondiale de la po?sie, est ??membre d?honneur de l?association mondiale de Ha?ku??, que des po?tes francophones comme Mohammed Jerroudi dans ??Le silence d?crit?? ou ??C?urs absents?? ou Moha Souag dans plusieurs de ses ?crits po?tiques ont avec succ?s pratiqu? ce genre. Et que r?cemment la presse a annonc? un recueil de ha?kus intitul? ??Reflet d'une vie?? de Fatiha Wadih, mais qui malgr? ces annonces plusieurs fois r?p?t?es, est encore introuvable sur le march?. Dans son ?tude ??Po?sie marocaine??, Mohammed El Amraoui nous dit que ??que des po?tes marocains forgent leurs ?critures dans un univers inspir? plut?t du surr?alisme fran?ais, ou des formes courtes comme le Ha?ku, d?couvertes ? travers les traductions europ?ennes ......??. Il oublie toutefois les ann?es ha?ku du Maroc anim?es par le concours initi? par un ambassadeur-po?te et qui particip?rent ? l??closion d?une ?criture ha?ku dans notre pays. De prime abord il m?a sembl? que la versification arabe ?tait incompatible avec les imp?ratifs de la rythmique japonaise des 17 syllabes. Il m?a sembl? que les ?motions s'exprimaient en langue arabe dans une ?criture ample, vaste et torrentielle. Et que la raret? des mots et des syllabes allaient appauvrir le sens ou les sens du po?me. Les myst?res de la cr?ation po?tique et son ?nigme sont tels qu?ils permettent au po?te-pr?sident L?opold Sedar Senghor d?affirmer, ? propos de l?activit? Ha?ku que l?ambassadeur Uchida encouragea au S?n?gal, que ??s?il a pris cette initiative c?est s?rement qu?il avait per?u une certaine similitude entre l??me s?n?galaise et l??me japonaise, entre la po?sie japonaise et la po?sie s?n?galaise??. Sans reprendre les affirmations du chantre de la n?gritude, mon erreur d?appr?ciation vient de ce que je n?ai pas tenu compte de la richesse inou?e du vocabulaire arabe, de la finesse des nuances, ni de leur pr?cision dans la multivalence de leur sens, qui met ? la disposition de l?inspiration du po?te une palette infinie qui l?aidera ? trouver plus facilement le mot juste qu?exige la rh?torique du Ha?ku. Pour Roland Barthes ??intrigu? par cette forme po?tique, le ha?ku est?? consid?r? comme le plus ? m?me de transcrire les ?v?nements quotidiens??, rappelle Fr?d?rique -Martin -Achar. Il est le po?me de l?imm?diatet?. C?est en lisant cela et quelques po?mes de Moha Souag que j?ai pris conscience que ce qui fait que la forme Ha?ku ne se refuse pas ? un po?te marocain m?me s?il n?est pas berb?rophone, c?est que le genre du po?me court est inscrit dans notre m?moire artistique, au tr?fonds de l?immat?rialit? de nos expressions par la musicalit? de ??l?IZLI??, cette forme si courte, si rigoureuse, si contraignante de la po?sie amazighe. La forme ??IZLI??? n?est certes pas le Ha?ku, mais s?il y a une part marocaine du Ha?ku c?est que cette forme a grandement facilit?, par sa pr?sence imm?moriale en nous, l?insertion du genre Ha?ku, en langue arabe ou en langue fran?aise, et l?esth?tique qu?il v?hicule. Deux Ha?kus, comme deux exemples de deux laur?ats des concours marocains, illustrera cette r?ussite inattendue, cette ?nigmatique harmonie de deux exp?riences po?tiques si ?trang?res l?une ? l?autre, si ?loign?e l?une de l?autre, si en apparence irr?ductible l?une ? l?autre.
Et la goutte de pluie s??vanouit dans l??tang comme un sanglot lointain
F.M. El Fathemy.  
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???? ????? Fond commun universel, expression po?tique, ou la part de l?autre en moi, qui reste avant tout toujours moi.

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