La ruée de la province d’Azilal vers l’or rouge safran, un pôle de production majeur en devenir

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Dans la province d'Azila, le nombre des safraniers ne cesse de grimper pour atteindre 1.400, la superficie productive se chiffre désormais à 350 hectares et la production s’est vue multiplier par quatre en seulement dix années.

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Par Nouamane LABIDI (MAP)

Commune d’Aït Boulli (Azilal) - A une centaine de kilomètres d’Azilal, les safraniers de la petite commune d’Aït Boulli, haut lieu de production de cette épice rouge rare, ont entamé une nouvelle saison de récolte avec l’ambition de se forger un nom dans l’univers très prestigieux de l’or rouge safran, l’épice la plus chère au monde.

Le safran, une épice magique qui commence dans une fleur mauve, pour y vivre en pistil  rouge sang et finir en donnant une coloration finale jaune dans un plat. Ses producteurs ont entamé une bonne lancée la saison de récolte de safran, une culture qui ne cesse de prendre de l’ampleur au point d’en devenir une source importante de revenus pour 1400 agriculteurs à Azilal.

Le nombre des safraniers ne cesse de grimper pour atteindre 1.400, la superficie productive se chiffre désormais à 350 hectares et la production s’est vue multiplier par quatre en seulement dix années.

Cette culture, bien que relativement récente à Azilal, a considérablement amélioré les conditions socio-économiques locales, en augmentant les revenus des agriculteurs et en créant de nombreux emplois, notamment chez les femmes.

En passant des cultures traditionnelles, telles que les céréales et les fourrages…, à la culture du safran, les safraniers d’Azilal ont vu leurs revenus multipliés de manière significative. Alors qu’un hectare de céréales génère en moyenne entre 3.750 et 4.500 dirhams par an, la culture du safran rapporte entre 45.000 et 70.000 dirhams par hectare, un chiffre qui ne laisse personne indifférent dans la petite localité d’Ait Boulli.

Le Safran, une importance socio-économique majeure à Azilal

La culture du safran dans la province d’Azilal a pris de l’ampleur à partir de 2018 avec la mise en œuvre du Programme de Développement Rural des Zones Montagneuses (PDRZM), qui a permis la plantation de 17 hectares au profit de plusieurs organisations professionnelles agricoles.

Par la suite, un partenariat signé entre 2019 et 2022 a permis d’étendre cette culture à 250 hectares supplémentaires, couvrant aujourd’hui 350 hectares dans plusieurs communes.

La culture de safran génère annuellement une production entre 1.4 et 1.7 tonnes. Elle est pratiquée dans les communes outre d’Ait Boulli, Ait Tamlil, Ait Oumdis, Ait Blal, Zaouiat Ahansal, Tabant, Ait Abbas, Ait Mhamed, Tilouguite, Tabaroucht, Ait Mazigh, Anergui, Tagleft et Sidi Boulkhalf.

La province compte actuellement 1.400 agriculteurs qui s’adonnent à la culture du safran, avec une superficie totale dédiée à la culture biologique atteignant 100 hectares.

Ces exploitations se situent à des altitudes entre 900 m et 1.800 m, offrant des conditions climatiques et géographiques idéales pour cette culture. La saison de la cueillette dure en moyenne un mois, généralement du 20 octobre au 20 novembre de chaque année.

Le nombre de producteurs dans ce secteur est relativement restreint, avec 22 producteurs en activité. Cependant, la production est soutenue par deux unités de valorisation qui jouent un rôle clé dans l’amélioration de la qualité et de la rentabilité de la filière : la coopérative agricole Ait Boulli, construite dans le cadre du PDRZM et la coopérative féminine Amagar à Zaouiat Ahansal, soutenue par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH).

A l’heure actuelle, environ 60% de la production de safran est conditionnée, ce qui permet aux producteurs de répondre aux exigences des marchés locaux et internationaux.

Les prix de vente du safran varient en fonction du canal de distribution. Pour les prix de vente en gros, ceux-ci se chiffrent à 21 dirhams par gramme alors qu’en détail le prix peut atteindre 30 dirhams le seul gramme.

Le safran, une filière qui s’organise à Azilal

La filière du safran à Azilal connaît un essor remarquable, devenant de plus en plus phare dans la province grâce à des efforts continus d’organisation et de structuration.

Plusieurs coopératives ont vu le jour, permettant de regrouper et de soutenir les agriculteurs dans leur transition vers cette culture précieuse.

Ainsi, les coopératives d’Aït Boulli et de Zaouiat Ahansal se distinguent en tant que pionnières de cette filière, bénéficiant de structures de valorisation modernes et ayant obtenu l’autorisation de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA).

Ces coopératives assurent la qualité et la traçabilité du safran tout en facilitant l’accès au marché, contribuant ainsi à faire de cette filière une source durable de revenus pour les agriculteurs locaux.

Depuis, 2019, date du lancement de la deuxième phase de l’accord de partenariat relatif au développement de la culture du safran dans la province d’Azilal, ce sont quelque 3000 agriculteurs de la province d’Azilal qui ont bénéficié de l’opération de distribution de bulbes de safran, l’objectif étant de promouvoir cette culture qui semble bien résister au climat de la province en plus d’améliorer les revenus et le niveau de vie des agriculteurs.

Le Safran d’Azilal à la conquête du marché national mais pas que !

Le safran d’Azilal aspire à se positionner comme un concurrent de taille face à l’incontournable Safran de Taliouine, connu et reconnu pour sa qualité exceptionnelle au niveau international.

Grâce à des conditions géographiques et climatiques propices, associées à des efforts de structuration et à l’amélioration continue des techniques de culture et de récolte, la production safranière d’Azilal a connu une évolution significative ces dernières années.

Avec l’émergence de coopératives modernes, l’obtention de certifications sanitaires de qualité et la mise en place de structures de valorisation performantes, le safran d’Azilal ambitionne désormais à s’imposer sur les marchés locaux, mais aussi à rivaliser avec les plus grands producteurs au niveau mondial.

L’INDH a donné une véritable impulsion à cette filière, en mettant en place dans le cadre du programme relatif à l’amélioration du revenu et à l’inclusion économique des jeunes, La Maison du Safran, une structure qui commercialise les produits de Safran de quelque 30 coopératives relevant de 14 communes rurales de la province d’Azilal.

En misant sur une traçabilité rigoureuse, une qualité supérieure et une production durable, cette filière espère non seulement renforcer sa présence sur le marché national, mais également devenir un acteur clé du marché international du safran.

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