Edito : un tournant décisif à portée de main au Sahara, mais la prudence reste de mise – Par Naïm Kamal

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« Les efforts de solution déployés jusqu'à présent montrent qu'il n'y a pas d'autre voie pour clore définitivement ce dossier (du Sahara) que la recherche d'une solution politique réaliste et définitive, en conformité avec les principes démocratiques et dans le dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc » (Discours du Roi Mohammed VI à l’AG de l’ONU septembre 2005)

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Par Naïm Kamal

Le dossier du Sahara est-il à l’aube d’un basculement historique ? les avancées diplomatiques du Maroc sont indéniables. Soutien américain renforcé, isolement algérien, rejet des anciennes options par l’ONU… C’est ce qui ressort de ce pratiquement un spécial Sahara marocain que le Quid présente à ses lecteurs. Hassan Abdelkhalek, ancien ambassadeur, Abdelhamid Jmahri, éditorialiste et directeur du quotidien Al Itihad al-ichtiraki, et Bilal Talidi, chercheur et chroniqueur d’obédience islamiste offrent une lecture globale de l’évènement dont le Conseil de sécurité des Nations Unies a été le théâtre lundi 14 avril 2025. 

Le conflit du Sahara entre dans une phase que chacun d’eux n’hésitent plus à qualifier de pré-conclusive. À huit mois de la prochaine session du Conseil de sécurité en octobre 2025, et alors que l’ONU semble désormais arrimée à l’option unique de l’autonomie sous souveraineté marocaine, plusieurs indicateurs laissent présager un possible basculement historique. Mais il serait prématuré de céder à un quelconque triomphalisme. Cinquante d’un conflit où les bouleversements n’ont pas été rares, nous ont échaudés.

Lire aussi : Huit mois seulement nous séparent-ils de la clôture définitive du conflit du Sahara ? – Par Abdelhamid Jmahri

La déclaration du représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, exprimant l’espoir que l’anniversaire de la Marche Verte en novembre coïncide avec la fin officielle du conflit, témoigne d’un climat diplomatique favorable. Elle traduit surtout la dynamique portée par Washington, désormais clairement alignée sur la proposition marocaine d’autonomie comme cadre exclusif de règlement, en partenariat stratégique avec Paris.

Le rôle des États-Unis comme penholder dans le dossier est désormais central. Outre la rédaction des résolutions, l’Amérique assume une posture proactive en faveur de l’option marocaine, mobilisant les leviers diplomatiques pour faire pression sur Alger, tout en excluant fermement toute perspective de retour au référendum ou de mise en œuvre de plans de partition. Même l’initiative controversée, d’inspiration algérienne, sur la partition du Sahara de Staffan De Mistura semble aujourd’hui reléguée.

Côté algérien, le recul est net. La tentative de désengagement des tables rondes, les manœuvres pour saboter le processus onusien, et la fuite en avant géostratégique via des alliances ambivalentes — notamment avec Téhéran — se heurtent à une impasse politique. L’isolement diplomatique d’Alger est croissant : rupture avec Paris, tensions avec le Mali, refus de la Russie de l’intégrer aux BRICS, et un Maghreb inexistant. Pire encore, la perspective américaine de classer le Polisario comme organisation terroriste ébranle les fondements mêmes de la thèse séparatiste.

Lire aussi : Le Brief sur le Sahara :  De Mistura se recentre sur l’autonomie, mais commet des erreurs et des omissions – Par Hassan Abdelkhalek 

Dans ce contexte, les propos de De Mistura devant le Conseil de sécurité ont renforcé l’autonomie comme seul socle crédible. L’envoyé onusien a exclu explicitement toute autre option, y compris le plan de règlement de 1990 et les velléités de partition. Il a également souligné que l’autonomie garantit le droit à l’autodétermination, battant ainsi en brèche les arguments avancés par Alger. Mais il a aussi fait dans le trémolo en racontant l’histoire de cette ‘’Sahraouie’’ qui voudrait mourir pas dans les camps de Tindouf mais dans sa ‘’patrie’’, sans jamais dire que personne et surtout pas le Maroc ne l’en empêche. 

L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, multipliant ‘’erreurs’’ et omissions a surtout laissé la mauvaise impression de vouloir atteindre par le plan d’autonomie ce qu’il n’a pas obtenu par la proposition de partition qui a vu une forte mobilisation des lobbys pro-algériens.  

Certes le Maroc, poursuit la consolidation de sa position, fort d’un soutien international élargi, d’un discours onusien clarifié, et d’une conjoncture régionale favorable consacrant un changement de paradigme opéré, presque dans la solitude, par le Roi Mohammed VI. Les faits sur le terrain confortent sa légitimité : activité militaire de très basse intensité, développement des provinces du Sud, présence institutionnelle renforcée.

Lire aussi : Dans une phase décisive, le dossier du Sahara n’est pas pour autant clos- Par Bilal Talidi

Mais le chemin n’est pas encore achevé. L’histoire du Sahara est jalonnée de retournements. Hassan Abdelkhalek, Abdelhamid Jmahri, et Bilal Talidi, chacun dans son style, s’accordent donc à dire que dans ce contexte favorable, la prudence doit demeurer une exigence stratégique. 

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