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Tournant décisif au Sahara : Washington et l’ONU accélèrent la dynamique - Othmane Bentaleb

Marco Rubio, secrétaire d’Etat américain et son homologue marocain Nasser Bourita
Soutenu par une implication renouvelée des États-Unis et une conjoncture internationale inédite, le dossier du Sahara marocain s’invite au cœur de l’agenda mondial. Staffan de Mistura évoque une « opportunité stratégique sans précédent » pour clore définitivement un conflit vieux d’un demi-siècle. Pour Othmane Bentaleb, directeur Anbaa Express, en conclut, tout en restant prudent : le Maroc, fort de ses soutiens diplomatiques, semble plus que jamais en position de force.
Par Othmane Bentaleb
Sujet brûlant de l’heure. Dans un exposé qualifié de plus précis depuis sa nomination, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, a déclaré devant le Conseil de sécurité que les trois prochains mois représentent une « opportunité stratégique sans précédent » pour parvenir à un règlement définitif du conflit autour du Sahara marocain.
Un message fort qui traduit l’émergence d’un consensus international et laisse entrevoir que le dossier est à l’orée d’un tournant historique… à condition de savoir saisir l’opportunité avant qu’elle ne s’évanouisse.
À un moment rare dans l’histoire de ce conflit régional complexe et artificiellement prolongé, De Mistura a affirmé, dans un langage inédit au sein du Conseil, que la conjoncture actuelle offre des conditions objectives et politiques jamais réunies depuis des décennies. S’il est resté discret sur les détails, des sources diplomatiques onusiennes évoquent une « volonté réelle des États-Unis » de pousser en faveur d’un règlement définitif, mettant fin à l’impasse et à l’instrumentalisation idéologique et politique du conflit.
Le Maroc en position de force diplomatique
Le Royaume du Maroc aborde cette étape cruciale en position de force diplomatique consolidée. Ces dernières années, Rabat a engrangé des reconnaissances internationales de son intégrité territoriale, de Washington à Madrid, de Paris à La Haye… tandis que l’adhésion croissante à son initiative d’autonomie en fait la seule solution réaliste et crédible.
Plus de 85 pays ne considèrent plus le Sahara comme une « zone en litige », mais comme une partie intégrante du territoire marocain, dont le statut doit être réglé dans le cadre de la souveraineté du Royaume. Ce changement se reflète également dans les résolutions du Conseil de sécurité, qui écartent désormais explicitement et définitivement l’option du référendum, consacrant l’initiative marocaine comme base sérieuse et crédible de négociation.
Les États-Unis : la clé d’un règlement d’un conflit vieux d’un demi-siècle
Ce qui marque dans l’évaluation de De Mistura, ce n’est pas uniquement son contenu, mais également ce qu’on peut lire en filigrane : une volonté affirmée des États-Unis de clore ce dossier sensible dans le contexte géopolitique actuel, afin de renforcer la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel, et de soutenir leur partenaire marocain sur des enjeux majeurs tels que l’énergie, la migration et la sécurité régionale.
Depuis leur reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara en décembre 2020, les États-Unis n’ont pas fait marche arrière. Bien au contraire, ils ont renforcé cette position à travers des partenariats militaires et stratégiques, tandis que les déclarations du Département d’État réaffirment que la solution doit être « politique, durable et fondée sur l’initiative d’autonomie ».
Il est à noter que Rabat adopte aujourd’hui un ton serein et assuré, appelant les autres parties à davantage de réalisme et de sagesse, pendant que l’Algérie et le Front Polisario persistent dans un discours figé, sans véritable écho dans les sphères de décision internationales.
De Mistura a invité le Conseil de sécurité à saisir cette conjoncture pour lancer une nouvelle feuille de route vers un règlement final, mutuellement acceptable, du conflit, réaffirmant son engagement ainsi que le soutien du Secrétaire général des Nations Unies.
De Mistura a ainsi laissé entendre que si cette occasion unique n’était pas saisie, l’ONU pourrait être amenée à « réévaluer sa manière d’intervenir dans le dossier »… Un ton inhabituel qui pourrait bien marquer la fin d’une longue ère et l’ouverture d’une autre, porteuse d’un règlement historique inédit.
La grande question demeure : assisterons-nous enfin à la fin d’un conflit vieux de cinquante ans ? Les trois prochains mois nous le diront.