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Au Mali, les activités politiques suspendues jusqu'à nouvel ordre par l’autorité de la transition

Cheick Oumar Diarra (C), leader de la jeunesse pro-démocratique, scande des slogans entouré de quelques dizaines de sympathisants lors d'une manifestation organisée par une coalition de partis politiques craignant une dissolution par les autorités militaires du Mali, à Bamako, le 3 mai 2025. s. (Photo AFP)
Les autorités maliennes ont annoncé, mercredi, la suspension "jusqu’à nouvel ordre" des activités des partis politiques et des associations à caractère politique sur l’ensemble du territoire national. La décision, prise pour des raisons qualifiées "d’ordre public", intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir militaire et une coalition de partis appelant à un retour à l’ordre constitutionnel.
Le décret, signé par le chef de la transition, le général Assimi Goïta, et diffusé par la radiotélévision nationale, stipule que la mesure s’applique également à toute organisation se réclamant d’un caractère politique. Cette décision s’ajoute à une série d'initiatives gouvernementales ayant récemment modifié le paysage politique malien.
Le 30 avril, les autorités avaient déjà abrogé la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, une démarche perçue par certains observateurs comme une étape préalable à leur possible dissolution. En réaction, une centaine de partis politiques se sont regroupés au sein d’une coalition appelant à une transition politique se concluant au plus tard le 31 décembre 2025.
Mobilisation limitée et tensions persistantes
Samedi dernier, cette nouvelle coalition a organisé une manifestation à Bamako, rassemblant quelques centaines de personnes. Les participants ont exprimé ont dénoncé une restriction progressive des libertés politiques. Des slogans en faveur du pluralisme politique ont été scandés au Palais de la Culture, alors que des partisans du pouvoir ont tenté de perturber la manifestation, sans heurts majeurs grâce à l’intervention des forces de sécurité.
Ce type de rassemblement reste rare dans le contexte politique actuel, marqué par une présence accrue des autorités dans l’espace public. En 2024, une suspension similaire des activités politiques avait été décidée pour une durée de trois mois. Plus récemment, une concertation nationale organisée fin avril à Bamako, boycottée par des partis d’opposition, avait recommandé la suppression des partis politiques et la désignation du général Goïta comme président pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans élections.
Un climat politique sous tension
Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, la transition politique malienne a été marquée par des limitations croissantes des libertés publiques. Plusieurs figures de l’opposition ont été visées par des poursuites judiciaires ou des mesures de dissolution d’organisations. Dans le même temps, les autorités appellent régulièrement à l’unité nationale autour du pouvoir en place, dans un pays confronté à une insécurité persistante liée à l’activité de groupes armés affiliés à Al-Qaïda, au groupe État islamique, ainsi qu’à des violences communautaires.
Le multipartisme, la liberté d’expression et celle d’association sont inscrits dans la Constitution de 1992 et réaffirmés par la nouvelle loi fondamentale adoptée en 2023. Les observateurs nationaux et internationaux continuent de suivre de près l’évolution de la situation politique au Mali, alors que des appels à la reprise du processus démocratique se multiplient.