Le nouveau pape est américain !

5437685854_d630fceaff_b-

Le pape nouvellement élu Léon XIV, Robert Prévost (à gauche) à son arrivée sur le balcon principal de la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, après la fin du conclave des cardinaux, au Vatican, le 8 mai 2025 (Photo de Gabriel BOUYS / AFP)

1
Partager :

Pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique, un pape américain a été élu. À 69 ans, Robert Francis Prevost, devenu Léon XIV, succède à François et lance un appel à la paix dans un contexte géopolitique complexe. Considéré comme un modéré et fin connaisseur du Vatican, il incarnerait une volonté de continuité et d’unité au sein d’une Église confrontée à de nombreux défis.

L'Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi sous le nom de Léon XIV le premier pape venant des Etats-Unis de l'Histoire, a lancé un "appel de paix" à "tous les peuples" lors de sa première apparition devant une foule en liesse.

C'est le cardinal "protodiacre", le Français Dominique Mamberti, qui a prononcé la célèbre formule "Habemus papam" ("nous avons un pape") et a présenté le successeur de François, près de 24 heures après le début du conclave dans la chapelle Sixtine.

Dans la foulée, Léon XIV s'est exprimé aux plus de 1,4 milliard de catholiques : "Que la paix soit avec vous tous !", ont été ses premiers mots, dans un italien teinté d'accent américain. "Merci au pape François", décédé le 21 avril à 88 ans, at-il aussi lancé, remerciant ses collègues cardinaux de l'avoir élu.

Fidèles et touristes massés sur la place Saint-Pierre ont salué avec un tonnerre d'applaudissements son apparition sur le balcon de la basilique Saint-Pierre tandis que les cloches sonnaient à toute volée, un peu plus d'une heure après que la fumée blanche fut sortie de la mince cheminée installée sur le toit de la chapelle Sixtine.

Dans la foule Kathy Hewitt, 58 ans, salle de Philadelphie, peine à cacher sa joie. "Je n'ai pas de mots, c'est merveilleux. On ne s'attend pas à ça, c'est une surprise complète et merveilleuse", affirme-t-elle en agitant un petit drapeau américain.

"C'est l'Histoire, je n'ai pas de mots. Quand j'ai entendu qu'il était de Chicago... Je suis heureuse d'être ici", ajoute Gabrielle Estrada, une Américaine de 30 ans venue de San Antonio au Texas.

Cet homme d'écoute et de synthèse, classé parmi les modérés, et connaissant autant le terrain que les rouages ​​du Vatican, était considéré comme l'un des candidats crédibles pour succéder au pape François, qui l'avait placé à la tête du puissant ministère chargé des nominations d'évêques.

Les cardinaux ont donc opté pour la continuité, même si cet Américain, créé cardinal en 2023 par François qui a porté son ascension au Vatican, devrait mettre davantage les formes que son antérieur, qui avait bousculé le Saint-Siège avec son exercice du pouvoir personnel, voire cassant, froissant les plumes de la hiérarchie vaticane.

"C'est à la fois une opposition au gouvernement américain et la prise en considération des critères géopolitiques", a affirmé François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux.

"Et c'est également, à la fois par le choix de son nom Léon XIV, et par son origine missionnaire, un lien qui est fait avec l'Amérique latine, où il vivait", at-il ajouté.

Le nouveau pape a été élu au deuxième jour de ce scrutin qui s'annonçait très ouvert, du fait notamment des 133 cardinaux présents, un record.

Le nouveau souverain pontife a réuni une majorité des deux tiers, c'est à dire au moins 89 voix, sur son nom. Mais du fait du secret absolu entourant le conclave, les détails ne sont pas connus.

Consensus

Le 267e pape de l'Église catholique, le premier venu des Etats-Unis, est le quatrième non italien de suite après le Polonais Jean-Paul II (1978-2005), l'Allemand Benoît XVI (2005-2013) et l'Argentin François (2013-2025).

Sous les fresques de la chapelle Sixtine, les cardinaux de 70 pays se sont retrouvés, dont beaucoup proviennent des "périphéries" chères au pape François qui avait nommé plus de 80% d'entre eux. La réunion avait débuté mercredi après-midi, au terme d'un cérémonial extrêmement codifié.

Au cours des "congrégations générales" à Rome ces derniers jours, les cardinaux du monde entier avaient esquissé le profil d'un pasteur de terrain, rassembleur et capable de faire "consensus" au sein d'une Eglise mondialisée aux multiples sensibilités.

Le natif de Chiacago devra rapidement affronter des défis considérables pour une Eglise en perte de vitesse en Europe : finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations...

Mais il devra aussi ressouder les différents courants d'une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des "périphéries" en croissance.

Il devra aussi apaiser une institution parfois bousculée par un pontificat de 12 ans ponctuels de réformes qui ont fait l'objet de vives critiques internes.

Sa connaissance parfaite de l'ensemble de la Curie romaine (appareil administratif du Saint-Siège) devrait l'aider grandement dans sa tâche.

Lors d'une ultime messe publique mercredi matin, le doyen du collège cardinalice, l'Italien Giovanni Battista Re, avait appelé à choisir le pape "dont l'Eglise et l'humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l'Histoire", et plaidé "pour le maintien de l'unité de l'Église".

Ce conclave déterminant pour l'Église a également suscité un engouement médiatique considérable puisque plusieurs milliers de journalistes ont couvert l'élection, transformant les abords de la place Saint-Pierre en salle de presse à ciel ouvert. (AFP)

lire aussi