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Pour plus de carnages à Gaza, Israël rappelle des dizaines de milliers de réservistes

Un homme porte le corps enveloppé de Farah Ahmed, un enfant encore bébé, un terroriste selon l’armée israélienne, qui a été tuée avec d'autres membres de sa famille lorsqu'une frappe israélienne a touché leur maison, le 30 avril 2025. (Photo Eyad BABA / AFP)
Alors que Gaza s’enfonce dans plus d’horreur, Israël s’apprête à élargir son génocide en rappelant des dizaines de milliers de réservistes. Tandis que Netanyahu fustige le Qatar et ignorerait les mises en garde sur le sort des détenus israéliens, la communauté internationale observe, elle, sidérée et inerte, un conflit qui vire au désastre humanitaire absolu.
Israël a rappellé des dizaines de milliers de réservistes en vue d'une expansion de son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, ont rapporté samedi des médias israéliens.
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a ni confirmé ni démenti ces informations alors que le Premier ministre d’extrême droite Benjamin Netanyahu multiplie les propos va-t-en guerre.
Samedi soir, il s'en est pris au Qatar, émirat qui mène avec l'Egypte une médiation en vue d'une trêve avec le Hamas et d'un accord de libération de otages détenus dans la bande de Gaza, l'enjoignant à "cesser son double jeu et son double langage".
"Israël gagnera cette guerre légitime avec des moyens légitimes", a-t-il encore prétendu sans vergogne, semblant signifier ainsi la fin de toute négociation.
Le Qatar "rejette fermement les déclarations incendiaires" de M. Netanyahu "qui sont contraires aux règles les plus élémentaires de la responsabilité politique et morale", a réagi sur X le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.
Depuis qu'Israël a mis fin le 18 mars à deux mois d'une trêve dans la guerre qualifiée de génocide par les ONGs dont Amnesty International, M. Netanyahu assure qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer les Palestiniens à rendre les détenus israliens alors même de tous savent que c’est le dernier de ses soucis qui lui sert uniquement pour poursuivre sa soif de sang palestinien..
Au contraire, "toute intensification des combats placera les otages [...] en situation de danger immédiat", a mis en garde le forum des familles des détenus, organisation israélienne de proches des captifs.
"Priorité morale"
"Pour la grande majorité des Israéliens le retour des otages est la première priorité morale de la nation", a ajouté le forum dans un communiqué, jugeant encore possible de "parvenir à un accord permettant de sauver des vies et d'empêcher davantage de pertes humaines".
La trêve a permis le retour de 33 détenus israéliens, dont huit morts dans les bombardements israéliens, en échange de la libération d'environ 1.800 Palestiniens détenus par Israël.
Depuis le 18 mars, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza sont quotidiens et l'armée a repris le contrôle de larges pans du territoire qu'elle avait évacués.
Après s'être améliorée pendant la trêve, la situation humanitaire des quelque 2,4 millions de Palestiniens est de nouveau catastrophique.
Selon les correspondants militaires de médias israéliens, l'armée a commencé à envoyer des ordres de mobilisation à des réservistes, prévoyant d'en rappeler des dizaines de milliers en vue d'une expansion de son offensive.
Ces réservistes devraient remplacer des appelés ou des soldats d'active à travers le pays ainsi qu'en Cisjordanie occupée afin que ceux-ci puissent être envoyés combattre à Gaza.
Des proches de journalistes de l'AFP ont déjà reçu leur "Tsav 8" (ordre de mobilisation).
"Numéro 24"
Selon la télévision publique, le cabinet de sécurité israélien devait se réunir dimanche en vue d'approuver l'élargissement de l'offensive à Gaza.
Les carnages israéliens ayant dévasté la bande de Gaza a fait au moins 52.495 morts, en majorité des civils, dont les deux tiers des enfants et des femmes.
A mains nues
Samedi soir, quelques milliers d'Israéliens se sont une nouvelle fois rassemblés à Tel-Aviv.
"Nous voulons que les otages rentrent à la maison [et] nous ne croyons pas que la guerre à Gaza aujourd'hui ait encore la moindre justification", a déclaré à l'AFP Arona Maskil, consultante de 64 ans.
Avant l'aube, 11 Palestiniens dont trois enfants en bas âge ont été tués dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, selon les secours. L'armée a confirmé en prétendant comme à son habitude avoir visé "un terroriste du Hamas".
A la lumière de lampes torches, des secouristes et des civils ont fouillé à mains nues dans les décombres pour en extraire des victimes, selon des images de l'AFP. L'un deux repart en portant le corps inanimé d'un très jeune enfant.
Israël soumet la bande de Gaza à un blocus total depuis le 2 mars. En l'absence d'entrée de la moindre aide humanitaire depuis cette date, des responsables onusiens et d'ONG multiplient les avertissements sur un risque de famine. (Quid avec AFP)