La troisième guerre… Par Samir Belahsen

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La Troisième Guerre mondiale est-elle juste un risque évitable ? Ou bien une fatalité inéluctable ?

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Un monde miné par les rivalités, des puissances nucléaires aux portes du chaos, des mécanismes diplomatiques affaiblis : l'ombre d'une Troisième Guerre mondiale s'étend. Une étincelle au Cachemire, à Taïwan ou en Ukraine suffirait à embraser la planète. Samir Belhasen se demande si à l'ère de la vitesse et des surenchères, l'humanité ne marcherait-elle pas aveuglément vers sa propre fin ?

« Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais ce dont je suis sûr, c´est que la quatrième guerre mondiale se résoudra à coups de bâtons et de silex. »

Albert Einstein

« Un seul homme peut déclencher une guerre mais il faut être deux pour faire la paix. »  

Henry de Montherlant

Les récents attentats au Cachemire, qui ont ciblé des touristes, ont conduit les parties à des accusations et menaces mutuelles. L’Inde en impute la responsabilité à Islamabad. Cette nouvelle tension entre deux puissances nucléaires s’ajoute à plusieurs autres et la crainte d'une Troisième Guerre mondiale revient à l’ordre du jour.  Un sujet complexe qui mêle géopolitique, relations internationales et dynamiques de puissance.

La Troisième Guerre mondiale est-elle juste un risque évitable ? Ou bien une fatalité inéluctable ?

En 1982, le téléfilm de politique-fiction "La Troisième Guerre mondiale" (World War III), réalisée par David Greene et Boris Sagal présentait un scénario où l'Union soviétique envahit l'Alaska en représailles à un embargo américain.

Dans "Le Jour d'après" et dans "Iron Sky", on trouve des thèmes similaires de grands conflits mondiaux et de guerres futures. Ils expliquent les conséquences dramatiques d'une guerre à grande échelle.

Un monde instable

Plusieurs foyers de crise pourraient, en cas d'embrasement, dégénérer en conflit globalisé.

La tension Sino-américaine sous ses formes de Guerre commerciale, de course technologique et la situation autour de la mer de Chine et de Taïwan constitue le risque majeur.

Le second foyer menaçant reste celui de la guerre en Ukraine opposant la Russie à l’OTAN, avec des risques d'escalade dus à l’implication croissante des Occidentaux.

Au Moyen-Orient, Israël qui est la seule puissance nucléaire de la région, s’obstine contre l’Iran et son programme nucléaire.

Si on y ajoute les foyers d'instabilité en Asie en Corée du Nord, en mer de Chine méridionale et enfin les tensions Inde-Pakistan, on voit clairement que nous vivons dans un monde miné. Miné ! Le mot est faible.

Pourquoi le risque est réel ?

La possession d'armes nucléaires par des États en conflit (Corée du Nord) ou en crise (Russie) augmente le risque d'erreur de calcul et donc d’escalade.

La doctrine de Poutine de "l'escalade pour désescalader", il menace de recours au nucléaire en cas de défaite conventionnelle, est une doctrine plus que dangereuse.

Dans un climat mondial caractérisé par l'affaiblissement des mécanismes de diplomatie, le rejet des traités internationaux, la montée persistante des nationalismes, la méfiance croissante entre grandes puissances (Chine-USA, Russie-Europe et ISA-Europe) et par ces guerres hybrides que sont les Cyberattaques, la désinformation, les guerres par proxys créent un terrain propice à l'escalade.

La troisième guerre mondiale n'est pas inévitable

L'interdépendance économique due à la mondialisation a rendu toute guerre totale excessivement coûteuse, les USA restent le premier client de la Chine qui reste le plus grand détenteur des bons du trésor américains...Les États préfèrent encore des mesures non militaires comme les sanctions économiques.

Il reste que la dissuasion nucléaire où l’on est assuré de la destruction mutuelle assurée a permis à ce jour d’éviter le pire : un conflit direct entre puissances nucléaires.

C’est pourquoi, même la Russie, malgré ses menaces, a su éviter une confrontation directe avec l'OTAN. Les institutions internationales, quoique affaiblies et dénigrées, ont le mérite de faciliter des canaux de dialogue (ONU, l'OSCE, G20).

Scénarios possibles

Le pire scénario que l’on peut imaginer serait une escalade incontrôlée Chine-USA au Taïwan, ou suite à une frappe nucléaire Russe, se voulant "limitée" en Ukraine.

Le scénario du statu quo impliquerait des guerres régionales, sous contrôle, sans généralisation un peu comme durant la Guerre froide.

Le retour à une diplomatie multilatérale serait le seul scénario optimiste, où les protagonistes reviendraient au minimum de sagesse.

La multiplication des crises et l'affaiblissement des garde-fous diplomatiques font que le risque d’une troisième guerre est réel, mais c'est loin d’être une fatalité : l'histoire nous renseigne que les guerres mondiales résultent de décisions humaines, pas de lois immuables.

Il y a lieu d’espérer un renouveau diplomatique pour une meilleure gestion des crises

L’humanité n’est donc pas condamnée à une Troisième Guerre mondiale, mais pour l'éviter une vigilance extrême et une volonté politique forte seront nécessaires.

Sir Norman Angell (1872-1967), homme politique, écrivain et lauréat du prix Nobel de la paix en 1933 avait dit : « Les obstacles à la paix se trouvent dans l'esprit et le cœur des hommes… La guerre n’est pas le résultat d’intentions malveillantes, mais plutôt de bonnes intentions qui échouent ou sont contrariées. Elle n’est généralement pas le fait d’hommes malveillants conscients de leurs torts, mais le résultat de politiques menées par des hommes de bien, généralement passionnément convaincus d’avoir raison. »

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