Verrons-nous jour une fumée blanche monter également du toit d’El Mouradia ? Par Tallaa Saoud Al-Atlassi

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Face à cette dynamique, l’attention se tourne désormais vers Alger. Tous les efforts diplomatiques convergent pour inciter l'Algérie à s’engager dans une solution pacifique et pragmatique

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À l'heure où l’ONU prépare une nouvelle résolution sur le Sahara marocain, les regards se tournent vers Alger. Le monde espère un geste d’apaisement qui permettrait de clore un demi-siècle de conflit artificiel. Alors que le projet d’autonomie marocain gagne un soutien international massif, Talaa Saoud Al Atlassi considère que l’Algérie est face au choix de rester dans son isolement ou d’opter enfin pour la voie de la raison.

Un espoir d’évolution dans un contexte de blocage historique

Dans quelques semaines, après la mort annoncée du pape François, toutes les caméras braqueront leur objectif sur la cheminée du Vatican, guettant la fameuse fumée blanche qui signale l’élection d’un nouveau pontife. Depuis des siècles, l’Église catholique utilise ce rituel symbolique pour communiquer ses décisions majeures, ancrant ses traditions dans la mémoire collective.

De manière métaphorique, la communauté internationale attend, elle aussi, sa « fumée blanche », mais cette fois du Conseil de sécurité des Nations Unies, lors de sa session prévue pour fin octobre, au sujet du conflit du Sahara marocain. L’objectif : acter un engagement fort pour un règlement basé sur l’initiative marocaine d’autonomie, fondé sue ni vainqueur  ni vaincu, largement soutenue à travers le monde pour sa crédibilité, son réalisme et sa légitimité.

Le conflit du Sahara n’a plus de raison d’être : né de la contestation algérienne de l’unité nationale marocaine au moment de la consolidation de l’État algérien, portée par un monde gérée par les doctrines de la guerre froide, il s’est enraciné sans fondement historique solide. Après l'échec de l'option référendaire, l'initiative marocaine de 2007 pour une autonomie élargie est devenue l’unique solution viable, reconnue par la majorité des acteurs internationaux, notamment les États-Unis, la France, l’Espagne et de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

La pression internationale se concentre sur la solution d’autonomie

Face à cette dynamique, l’attention se tourne désormais vers Alger. Tous les efforts diplomatiques convergent pour inciter l'Algérie à s’engager dans une solution pacifique et pragmatique. À l’heure où ses relations extérieures sont fragilisées par des tensions avec plusieurs voisins et partenaires, Alger est confrontée à un dilemme stratégique.

En interne, le régime algérien, fidèle aux méthodes des anciens systèmes de parti unique, cherche à détourner l'attention de ses propres échecs politiques et économiques en agitant la menace extérieure. Sous couvert de mobilisation nationale, il justifie des lois sur la conscription et attise le sentiment d’encerclement. Cette posture défensive rappelle les stratégies obsolètes héritées de la guerre froide.

Pourtant, des signaux clairs émanent des grandes puissances. L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara a souligné que le principal obstacle au règlement du conflit reste la tension entre l’Algérie et le Maroc. De son côté, le conseiller américain pour le Moyen Orient et l’Afrique, Massad Boulos, a reçu pour mission d’accélérer un règlement « sans délai ».

L’Algérie doit donc choisir : continuer son isolement diplomatique ou participer à l'ouverture d'un nouveau chapitre régional fondé sur la paix, la coopération et la stabilité. La communauté internationale guette un signal clair d’Alger – une fumée blanche tant espérée.

Une opportunité de réconciliation historique que l’Algérie doit saisir

Le Maroc a fait sa part : il a formulé une solution de compromis, permettant à l’Algérie de se retirer du conflit saharien sans perdre la face. Pourtant, pour tourner cette page, Alger devra faire preuve d’une rare bravoure historique : celle de surmonter son propre legs de ressentiment.

L’hostilité de l’État algérien envers le Maroc ne date pas du conflit du Sahara, mais d’une décennie antérieure. Aujourd'hui, toute évolution exige que l'Algérie prenne conscience de l’échec de son approche : le pari sur le séparatisme au Sahara marocain a échoué, tout comme le modèle interne qui, après avoir eu à constater l’échec de ses options postindépendance, peine à régénérer.

Le Maroc, loin de vouloir isoler Alger, cherche au contraire à l’inclure dans les dynamiques régionales prometteuses : l'Initiative Atlantique, le projet du gazoduc Nigeria-Maroc, et d'autres ambitions de co-développement. Tous nécessitent un partenaire algérien actif et débarrassé de ses réflexes d’immobilisme hérités des années 1960.

Entre espoir et scepticisme

Cependant, rien ne laisse penser que l’Algérie sera prête, dans les prochains mois, à s’intégrer dans la dynamique de transformation profonde que le monde appelle de ses vœux, à commencer par la résolution du conflit du Sahara.

La résistance du régime algérien aux mutations inévitables ne saurait durer éternellement. Sa tentative de mobilisation populaire par la « loi de mobilisation générale » n’est qu’un analgésique temporaire. Le mouvement du monde est en marche, et aucune manœuvre interne ne pourra arrêter l’élan vers un changement historique.

La région attend non pas des démonstrations de crispation, mais une véritable "fumée blanche" qui s’élèverait d’Alger : un signe de renouveau politique, bénéfique à l’Algérie elle-même, à ses voisins, et à toute l'Afrique du Nord.

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