À Łódź, entre les murs encore marqués par l'histoire, une école a réinventé le cinéma. Driss Choui revient sur une école qui, loin des formats imposés, a donné naissance à des regards libres, à des récits intimes et universels, devenant un berceau d'âmes créatives qui allaient changer à jamais le visage du septième art. ????✨

« À Łódź, on n’apprenait pas seulement à faire des films, on apprenait à penser le cinéma. C’était un laboratoire d’idées, bien plus qu’une simple école technique ». Andrzej Wajda.

Après la 2^ème guerre mondiale et l’évolution de l’industrie cinématographique en Europe de l’Est, le gouvernement polonais avait opté pour la création d’une école de cinéma. C’est aunsi que fut créée en 1948 l’École Nationale Supérieure de Cinéma, Télévision et Théâtre de Łódź (PWSFTviT en polonais : Państwowa Wyższa Szkoła Filmowa, Telewizyjna i Teatralna im. Leona Schillera w Łodzi, souvent abrégée en Łódź Film School). Et comme Varsovie était complètement détruite par l’armée nazie et en pleine reconstruction, il a été décidé de créer l’école à Lodz, la plus proche grande ville du pays, et qui a été bien conservée car les allemands en avaient fait leur quartier général. Cette école est vite devenue l'une des plus prestigieuses écoles de cinéma en Europe, ayant formé de nombreux cinéastes de renommée mondiale. Parmi ses lauréats figurent Jerzy Kawalerowicz, Roman Polański, Krzysztof Kieślowski, Agnieszka Holland et Andrezj Wajda qui avait bien affirmé que « À Łódź, on n’apprenait pas seulement à faire des films, on apprenait à penser le cinéma. C’était un laboratoire d’idées, bien plus qu’une simple école technique ».

Roman Polanski, de la promotion 1959 de l’école, a précisé que « Łódź était un endroit où l'on pouvait expérimenter, faire des erreurs et apprendre. C’était une école de liberté, malgré les contraintes politiques de l’époque ». Quant à Krzysztof Kieślowski, lauréat de la promotion 1968, il a à son tout confirmé que « L’école de Łódź m’a appris que le cinéma n’est pas seulement une question de technique, mais de regard. C’est là que j’ai compris que les petites histoires peuvent dire les plus grandes vérités ». Cela reflète bien la notoriété et l’esprit de l’école qui a toujours été, dès sa création, un lieu où la liberté artistique, l’expérimentation et la réflexion sur le cinéma primait, malgré le contexte politique difficile de l’époque de sa création.

Il est aussi à noter que plusieurs cinéastes marocains y ont été formés, notamment les frères Mustapha et Mohamed-Abdelkrome Derkaoui, Abdelkader Lagtaa, Driss Karim, Abdellah Drissi et Mohamed Bensaid Lahlimi.

UNE INSTITUTION PHARE DANS LE DOMAINE DU CINÉMA

Ainsi, l'École Nationale Supérieure de Cinéma, Télévision et Théâtre de Łódź, fondée sur les ruines du cinéma polonais d'avant-guerre, avec l'idée de former une nouvelle génération de cinéastes et d'artistes, est rapidement devenue un bastion de la créativité et de l'innovation dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel en généal. Cette institution phare a joué un rôle essentiel dans l'évolution de l’industrie cinématographique en Pologne tout en influençant le paysage culturel et artistique du pays. Son premier directeur, le réalisateur Aleksander Ford, a insufflé un esprit d'avant-garde qui perdure jusqu'à aujourd'hui. L'école, initialement concentrée sur le cinéma, avait fini par élargir ses programmes pour inclure la télévision et le théâtre, reconnaissant ainsi l'importance croissante de ces médias dans la culture contemporaine.

Cette école, qui a formé de nombreux étudiants devenus des figures emblématiques du cinéma polonais et international et qui a renforçé au fil des décennies sa réputation de pépinière de talents, propose une variété de programmes académiques qui intègrent à la fois la théorie et la pratique. Les étudiants peuvent choisir parmi des spécialisations en réalisation, scénarisation, production, animation, et plus encore. L'accent est mis sur l'apprentissage pratique, permettant aux étudiants de travailler sur des projets de films réels et de participer à des productions théâtrales.

Les enseignants, composés de professionnels du cinéma et du théâtre, apportent une grande richesse expérimentale à la salle de classe. Cette interaction directe avec des praticiens permet aux étudiants d'acquérir des compétences et des connaissances qui vont au-delà de la théorie. De plus, l'école entretient des partenariats avec de nombreuses institutions internationales, offrant des opportunités de stages et d'échanges qui enrichissent l'expérience académique des étudiants.

Le cursus est conçu pour inspirer la créativité tout en fournissant une base solide de connaissances techniques et théoriques. Les étudiants apprennent à maîtriser les aspects techniques du tournage, ainsi que les subtilités de la narration et du développement des personnages. Les ateliers pratiques sont souvent animés par des professionnels de l'industrie, offrant ainsi des perspectives précieuses du monde du travail. Les méthodes pédagogiques de l'école se distinguent par leur approche interdisciplinaire. Les étudiants sont encouragés à explorer les relations entre le cinéma, la télévision et le théâtre, ce qui contribue à une compréhension plus profonde des différentes formes d'art. L'accent sur la coopération entre étudiants de diverses disciplines favorise également un environnement artistique dynamique.

De plus, avec la montée en puissance des plateformes de streaming et la diversification des formats de narration, l'École de Łódź a l'opportunité de réinventer ses approches pédagogiques. Cela inclut l'introduction de nouveaux cours axés sur le numérique, les médias interactifs, et d'autres innovations qui reflètent les réalités d'un monde de plus en plus numérique.

Finalement, l’école de Lodz demeure historiquement l’une des institutions pahres, avec une riche tradition de formation, dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel dans le monde. Et comme avait affirmé Paweł Pawlikowski, l’un de ses lauréats, le réalisateur de « Ida » (Oscar du meilleur film en langue étrangère à la 87e cérémonie des Oscars) et de « Cold War » (Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2018) : « Łódź, c’était l’antithèse des grandes écoles de cinéma formatées. On y cherchait une voix personnelle, parfois dans la contradiction, et c’est ce qui en faisait la force ».