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La pépinière de l’innovation et du progrès : 1/2 - L’Université – Par Seddik Maaninou

Le Roi Mohammed VI inaugurant le 12 janvier 2017 à Benguerir l’Université Mohammed VI Polytechnique
Au cœur de Benguerir, l’Université Mohammed VI incarne une révolution silencieuse de l’excellence marocaine : un pôle académique à la pointe de l’innovation, où se croisent ambitions scientifiques, enracinement culturel et souveraineté territoriale. Entre inventions primées et mémoire historique revendiquée, elle façonne les leaders d’un Maroc tourné vers l’Afrique et le monde. Seddik Maaninou agréablement surpris raconte.
Comme une bouffée de nostalgie, je me suis souvenu de cette halte que je faisais, à chaque fois que je me rendais à Ben Guérir, alors petite bourgade nichée au cœur du royaume, sur la route de Marrakech. Là-bas, il y avait de la viande grillée et des verres de thé à la menthe. Pas cette fois-ci, je me dirigeais plutôt vers une autre nourriture, l’Université Mohammed VI Polytechnique pour donner une conférence sur L’unité territoriale du Royaume. J’étais convaincu d’aller vers un centre du savoir et de la recherche, et pourtant, j’ai été stupéfait à mon arrivée.
J’ai dû laisser ma voiture pour monter dans un véhicule électrique. La responsable de l’accueil m’a conduit à un hôtel magnifique situé à l’intérieur même de l’université. Ce fût ma première surprise : un hôtel étoilé à l’intérieur de l’université, alors que je m’attendais à passer la nuit dans un établissement à Marrakech.
L’horloge s’est aussitôt mise à tourner : rencontre, réunion, conférence, puis une visite des larges artères de l’université bordées d’arbres et de bâtiments d’un esthétisme et d’une élégance remarquables. J’étais dans un autre monde, avec ses propres technologies, ses méthodes de travail, son mode de pensée. J’étais au cœur d’une université telle que l’avait voulue Mohammed VI lorsqu’il l’a inaugurée en 2017. Le Roi avait alors déclaré : « Cette université est dédiée aux compétences et au mérite, à la recherche et à l’innovation ». Et elle l’est vraiment…
Le langage des chiffres
L’Université Mohammed VI compte 7 200 étudiants et étudiantes répartis entre Ben Guérir, ses antennes à Rabat, Paris, Montréal et Yamoussoukro. 90 % des étudiants bénéficient d’une bourse mensuelle destinée aux plus démunis retenus sur des critères d’excellence. Ces étudiants résident à l’université, qui leur fournit nourriture et logement. 60 % des étudiants sont des femmes, tout comme 40 % de ceux qui préparent des thèses de doctorat. L’université n’accueille pas seulement les Marocains brillants, elle reçoit également des étudiants venant de 40 pays, majoritairement africains.
Elle abrite plus de 50 centres de recherche et d’innovation, tous dotés des moyens modernes nécessaires à la réalisation d’idées et de projets. Cela a permis à l’université de produire plus de 130 brevets d’invention dans divers domaines.
L’université est en lien avec 600 entreprises porteuses de projets de développement. Elle leur fournit expertise, soutien et accompagnement pour garantir le succès et la durabilité de leurs projets… Ici, 90 % des cours et des recherches se font en anglais.
L’université compte environ 600 enseignants, dont deux tiers est affilié à l’institution, le reste étant constitué de collaborateurs extérieurs. Pour maintenir un haut niveau académique, des compétences de grande qualité sont recrutées aux quatre coins du monde. 200 d’entre elles sont d’anciens professeurs et chercheurs marocains ayant travaillé dans des universités et entreprises internationales.
La pépinière
Ma visite en voiture électrique a duré plus d’une heure, ce qui m’a permis d’avoir un bref aperçu de cette pépinière de recherche et d’innovation. En effet, l’université se présente comme un vaste laboratoire cherchant à fournir les meilleures solutions aux problèmes dans de nombreux domaines : agriculture, mines, dessalement de l’eau de mer, énergies solaire, renouvelable, hydroélectrique, réseau intelligent, stockage énergétique, voiture électrique, gouvernance, sciences sociales et d’autres disciplines encore.
Les centres de recherche et les incubateurs disposent d’équipements électroniques très avancés et de connexions avec des universités et centres d’étude dans le monde. L’université possède un supercalculateur, l’un des dix plus puissants de son genre dans le monde. Cet appareil tourné vers l’avenir est un véritable joyau dans le collier de l’Université Mohammed VI.
Écoles et instituts
Il serait difficile de couvrir toutes les activités et les centres de recherche. Par exemple, il y a une faculté de médecine et de pharmacie, ainsi qu’un hôpital pour la formation et le contact avec les patients. Il existe aussi une école dédiée au sport, à la préparation et aux entraînements. Une école appelée « 13.37 », qui a des antennes à Khouribga, Youssoufia, Rabat et Tétouan.
L’accès à cette école ne se fait pas par un diplôme mais sur la base de projets. Il n’y a ni salles de classe, ni enseignants, ni horaires fixes. Le travail y est libre, organisé selon le rythme choisi par les étudiants. Les diplômés ne reçoivent ni certificat ni diplôme. Et pourtant, les entreprises, marocaines et étrangères, se disputent leur recrutement dès qu’ils terminent leurs projets, réalisés en collaboration avec leurs homologues du Maroc et d’ailleurs. (A suivre)