Culture
Le SIEL 2025 au carrefour des talents, des idées et de l'innovation culturelle

Signature de la convention Pass Jeunes entre le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication Mehdi Bensaïd (G) et wali Bank Al-Maghrib Abdellatif Jouahri
De la signature de la convention Pass Jeunes aux hommages vibrants aux grandes plumes marocaines, en passant par les réflexions sur l'art, la lecture et la mémoire urbaine, la 30ᵉ édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) à Rabat s'impose comme le cœur battant de la création intellectuelle, artistique et citoyenne.
"Pass Jeunes" : Une convention pour rapprocher culture et finance
Vendredi à Rabat, un partenariat majeur a été scellé entre le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et Bank Al-Maghrib autour du projet "Pass Jeunes". Signée au stand de Bank Al-Maghrib lors du SIEL, cette convention vise à faciliter l’accès des jeunes à la culture, à l’histoire de la monnaie marocaine et à l’éducation financière.
Les porteurs du "Pass Jeunes" bénéficieront d’un accès gratuit aux musées de Bank Al-Maghrib et de tarifs préférentiels sur leurs publications. Le ministre Mohamed Mehdi Bensaid a salué cet engagement en soulignant l'importance d’armer la jeunesse face aux exigences du marché du travail, tandis que le Wali Abdellatif Jouahri a affirmé que "l'ouverture des musées aux jeunes est un investissement pour l'avenir du Maroc".
Leila Abouzeid et Gaël Faye : deux trajectoires célébrées
Parmi les moments forts du SIEL, un hommage appuyé a été rendu à Leila Abouzeid, icône de la littérature marocaine. Son œuvre riche et engagée a été saluée par les critiques et chercheurs présents, rappelant son rôle de pionnière de l’écriture postcoloniale.
Dans le même élan littéraire, Gaël Faye a remporté le Choix Goncourt du Maroc 2025 pour son roman Jacaranda, une œuvre poignante sur la reconstruction du Rwanda. La cérémonie, marquée par la présence d'étudiants jurés, a souligné la force des liens littéraires entre le Maroc et la francophonie mondiale, tout en promouvant l’accès des œuvres traduites en arabe.
Bejaâd et Rabat à l’honneur : patrimoine et mémoire en lumière
Côté patrimoine, l’ingénieur et chercheur Abdelghani Khaldoun a dévoilé Bejaâd : patrimoine urbanistique et architectural de la médina, un hommage minutieux à cette médina du XVIᵉ siècle. En parallèle, une résidence artistique a rassemblé une dizaine d'illustrateurs autour du thème "Rabat, capitale mondiale du livre", aboutissant à une bande dessinée collective qui raconte l’histoire vivante de la capitale.
Mickaël El Fathi et les jeunes artistes ont livré une œuvre collective vibrante, témoignant de la capacité de l'illustration à préserver la mémoire et à transmettre les récits historiques aux nouvelles générations.
La lecture à l’épreuve de l’ère numérique
Comment réconcilier la jeunesse avec la lecture face à la domination des écrans ? C’est la question posée lors d'une rencontre inspirante au SIEL. L’écrivain Laurent Gounelle et l’experte Rabia El Gharbaoui ont rappelé que la lecture reste une formidable aventure intérieure, génératrice d’imagination et de développement personnel.
Leur plaidoyer pour une initiation précoce à la lecture, portée par les parents et les enseignants, a trouvé un écho chaleureux auprès du public, conscient de l'urgence d'agir dans un monde saturé de stimuli numériques.
Fresques murales : quand les villes racontent leur humanité
Autre temps fort : la conférence sur l’art mural au Maroc a mis en avant l’évolution du graffiti et des fresques dans les espaces publics. Ahmed Cherrak, Aziz Azghay et Benyounes Amirouche ont retracé l’histoire de cet art populaire devenu moteur d’embellissement urbain et de transmission culturelle.
À travers les fresques, les villes marocaines se réapproprient leurs murs pour créer des "musées à ciel ouvert", redonnant une âme aux espaces publics et affirmant une identité collective forte.
La créativité comme réponse à la crise du monde
Dans un contexte mondial troublé, le SIEL a aussi été un lieu de réflexion profonde sur l’urgence de l’art et de la philosophie. Lors d'une rencontre poignante, l’artiste Marcel Khalifé, le philosophe Moulim El Aroussi et le penseur Mohamed Noureddine Affaya ont plaidé pour une esthétique engagée, capable de raviver l’humanité face à la laideur des conflits et à la déshumanisation numérique.
"La création est une résistance contre la barbarie du monde", ont-ils affirmé en chœur, appelant à restaurer l'amour, l'imaginaire et la beauté au cœur des sociétés.
Le Parlement marocain, nouvel objet de recherche
Au croisement de la littérature politique et des sciences sociales, de nouvelles publications sur l'action parlementaire ont été dévoilées au SIEL. Des chercheurs comme Hassan Hamourou interrogent la place du Parlement dans la dynamique démocratique marocaine, offrant un regard neuf sur l'évolution des élites parlementaires et l'impact des réformes constitutionnelles.
Le salon s’affirme ainsi aussi comme une vitrine intellectuelle pour les grandes questions institutionnelles du Royaume.
Hommage au dramaturge Ahmed Ghazali : un héritage vivant
Enfin, le Salon a honoré la mémoire du dramaturge et muséologue Ahmed Ghazali à travers une rencontre émouvante à l'ISADAC. Intervenants, étudiants et anciens collaborateurs ont célébré un homme qui a fait dialoguer patrimoine, théâtre et mémoire.
Des lectures théâtralisées de ses œuvres ont rappelé la richesse de son univers, marqué par une profonde humanité et une rigueur créative rare. L’hommage a souligné combien la scène marocaine lui doit, à travers ses projets de muséographie et ses pièces jouées à travers le monde.