Culture
La Chute de Berlin…de Cornélius Ryan - Par Samir Belahsen

La bataille de Berlin, particulièrement meurtrière (80 000 morts côté soviétique et près de 50 000 côté allemand), a partiellement détruit Berlin et les combats de maison en maison étaient acharnés
À travers La Dernière Bataille, Cornélius Ryan livre une fresque humaine et historique de la chute de Berlin, mêlant récits de guerre, témoignages poignants et enjeux politiques. 80 ans après la fin du Troisième Reich, cette œuvre, explique Samir Belahsen, résonne avec force face aux tensions du monde contemporain.
« La guerre, c'est la routine. L'humanité, pour l'instant, n'a jamais connu la paix ; seulement des entre-deux-guerres. »
Voltaire
« C’est l’histoire de gens comme tout le monde, tant militaires que civils, aux prises avec le désespoir, la déception, la terreur et le viol de la défaite et de la victoire ».
Cornélius Ryan
Célèbre par son chef d’œuvre Le jour le plus long, qui a donné le film The longest day en 1962 avec John wayn, Richard Burton et Henry Fonda comme principaux acteurs, Cornélius a publié en 1966 La dernière bataille. La chute de Berlin. Il y traite avec son talent de conteur la chute de Berlin qui a sonné la fin du troisième Reich, il y a maintenant 80 ans. Loin d’être un ouvrage d’histoire militaire, il nous plonge dans la grand Histoire tout en contant les petites histoires.
L’Histoire
Il y a 80 ans, du 16 avril au 2 mai 1945, la bataille de Berlin, sonnait la fin du Troisième Reich. C’était l’offensive finale qui a conduit à la chute de Berlin puis au suicide d'Adolf Hitler le 30 avril, et enfin à la capitulation des forces allemandes le 2 mai.
Cette bataille meurtrière (80 000 morts côté soviétique et près de 50 000 côté allemand), a partiellement détruit Berlin et les combats de maison en maison étaient acharnés.
La chute de Berlin signifiait la défaite militaire finale du nazisme et la fin de son régime totalitaire. La capitulation fut donc signée proclamant la fin de la guerre en Europe.
Dans La Dernière Bataille, Cornélius décrit les trois dernières semaines apocalyptiques de Berlin. Le 16 avril 1945 débute l'attaque russe contre Berlin, les éléments avancés de la 9e armée américaine font demi-tour, alors que la fin de la guerre est à portée de main. Berlin était la dernière défense pour les allemands et le dernier refuge pour Hitler. C’était aussi le triomphe de Staline.
Quatorze jours après, Hitler mourra, vingt et un jours plus tard, la guerre prit fin.
La ville est détruite, éventrée, fumante et terrorisée, mais miraculeusement vivante. Pour reconstituer l'histoire Cornelius se base sur les témoignages. Il a recueilli et exploité des centaines de récits, de soldats, civils, officiers allemands, soviétiques et alliés, il a même pu intégrer des témoignages des survivants de l'entourage d'Hitler.
Ces témoignages ajoutés à des documents authentiques et des faits établis, lui ont permis une reconstitution précise des événements.
Au cœur de la guerre
Il arrive à "ressusciter" l'histoire en mettant en scène ces voix au cœur de la guerre. C’est ce qui donne au récit sa dimension humaine. Cette approche narrative un peu journalistique, comme un scénariste il jongle avec les séquences et flashbacks, aspire le lecteur et l’immerge aussi bien dans la souffrance des gens que dans les décisions politiques et les combats. Ryan invite ses témoins directs dans sa scène, il en fait les personnages principaux de son histoire.
Cette approche lui permet un regard percutant panoramique et intime, à la fois, sur les différents acteurs, civils et soldats.
Il décrit la souffrance et la survie des Berlinois, prisonniers d’une ville détruite et terrorisée, mais miraculeusement résiliente et vivante.
Les portraits présentés des figures centrales comme ceux d’Hitler, du général Heinrici, et des grands chefs alliés, comme ceux des personnages anonymes, donnent une dimension humaine à l’histoire.
On dirait que l’écriture du scénario du film « Le Jour le plus long » a donné à l’auteur une approche narrative nouvelle qui a servi le récit.
Ce roman historique total, mêle, avec art, témoignages, documents et reconstitutions pour saisir l’ampleur humaine et politique de la chute de Berlin.
80 ans après
Quelles leçons peut-on tirer de la dernière bataille de Berlin dans le contexte actuel des tensions politiques internationales ?
La bataille de Berlin explique bien comment les grandes puissances en respectant les accords de Yalta ont pu éviter un affrontement direct. Les négociations et le respect des engagements peuvent prévenir des conflits majeurs.
La destruction massive de Berlin et les souffrances civiles décrites par Cornelius rappellent que les guerres, surtout en zones densément peuplées, entraînent des pertes humaines, sociales et économiques lourdes.
La volonté de Staline de prendre Berlin en premier montre comment les rivalités entre grandes puissances peuvent orienter les conflits et leurs issues, un point crucial dans le contexte actuel de rivalités entre grandes nations.
Si l’on y ajoute l’obstination d’Hitler à refuser de reculer malgré la situation désespérée on perçoit les dangers des hommes politiques déconnectés de la réalité, aveuglés par leur populisme, par leur idéologie ou par leurs réussites qui peuvent aggraver les conflits et les souffrances.