Musk va s'éloigner du gouvernement Trump pour se consacrer à Tesla, en difficulté

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Le président américain Donald Trump et le PDG de Tesla, Elon Musk, dans un véhicule Tesla sur le portique sud de la Maison Blanche, le 11 mars 2025 à Washington, DC. Elon Musk réduira considérablement son travail au sein de l'administration Trump en mai pour se concentrer sur Tesla (Photo par Mandel NGAN / AFP)

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Alors que Tesla traverse une passe difficile, Elon Musk annonce qu’il va lever le pied sur son rôle controversé au sein de l’administration Trump. Après des mois passés à sabrer l’État fédéral à la tronçonneuse, le patron de Tesla veut recentrer ses efforts sur un empire automobile menacé de déclin.

Washington - Elon Musk, patron de Tesla, compte prendre ses distances avec l'administration Trump à partir de mai pour se consacrer davantage au spécialiste des véhicules électriques, qui a pâti au premier trimestre de cette étroite collaboration.

"Probablement à partir du mois prochain, de mai, le temps que je vais allouer à Doge va baisser de manière très importante", a indiqué M. Musk lors d'une audioconférence avec des analystes, faisant référence à la commission pour l'efficacité gouvernementale (Doge).

Le milliardaire, propriétaire également du réseau social X et de l'entreprise spatiale SpaceX, pilote cette commission créée par le président américain pour réduire drastiquement les dépenses fédérales.

Le "travail crucial" de la commission est "en grande partie accompli", a précisé M. Musk, évoquant les "répercussions" sur Tesla du fait de son implication.

Vandalisme, appels au boycott, manifestations, Tesla est pris à partie aux Etats-Unis et dans d'autres pays, en particulier en Europe.

Selon le directeur financier Vaibhav Taneja, "l'impact négatif du vandalisme et de l'hostilité injustifiée envers notre marque et nos employés a eu un impact sur certains marchés".

Les ventes mondiales ont chuté plus abruptement qu'anticipé au premier trimestre, avec seulement 336.681 véhicules livrés (-13% sur un an), selon des chiffres publiés début avril.

Le groupe a annoncé mardi des résultats pour le premier trimestre bien inférieurs aux attentes, affectés par cette étroite collaboration d'Elon Musk avec Donald Trump mais aussi du fait d'une gamme vieillissante et d'une concurrence accrue.

Dans les échanges électroniques après la fermeture de la Bourse de New York et l'audioconférence, l'action Tesla - traditionnellement très volatile - bondissait de près de 5%.

Fonte du bénéfice

Le chiffre d'affaires a atteint 19,33 milliards de dollars au premier trimestre (-9% sur un an) et le bénéfice net 409 millions (-71%).

Le consensus des analystes de FactSet tablait respectivement sur 21,13 milliards et 1,44 milliard.

Rapporté par action et hors éléments exceptionnels - valeur de référence pour les marchés - le bénéfice net ressort à 27 cents. Le consensus attendait 41 cents.

Garrett Nelson, analyste de CFRA Research, a souligné que le chiffre d'affaires pour le seul segment automobile avait chuté de 20% (Tesla vend également des batteries non automobiles et des panneaux solaires) dans le sillage de la baisse des ventes (-13%) cumulée à un prix moyen de vente inférieur.

Le constructeur a repoussé au deuxième trimestre ses prévisions annuelles mais, "élément positif" pour M. Nelson, il a donné des indications sur ses futurs produits.

Car le groupe souffre aussi d'une gamme grand public non renouvelée depuis l'arrivée du Model Y en 2020.

Tesla a confirmé que ses projets de nouveaux modèles, y compris le véhicule meilleur marché promis depuis 2023, restaient "sur la trajectoire d'un début de production au premier semestre 2025".

La production à grande échelle du robotaxi, véhicule électrique entièrement autonome dévoilé en octobre 2024, devrait commencer, comme prévu, début 2026. De premiers exemplaires doivent circuler à Austin (Texas) dès juin.

Cela devrait avoir un impact financier positif à partir du "second semestre de l'année prochaine" et ce sera ensuite "exponentiel", a anticipé M. Musk.

Et une production pilote de son robot humanoïde Optimus devrait commencer courant 2025, avec l'objectif d'en produire un million par an d'ici cinq ans. Optimus devrait travailler sur les chaînes d'assemblage de Tesla dès cet automne.

Mais "l'incertitude sur les marchés de l'automobile et de l'énergie continue d'augmenter tandis que l'évolution rapide de la politique commerciale affecte négativement la chaîne mondiale d'approvisionnement et la structure de coûts de Tesla et de nos pairs", a indiqué le groupe, dans un communiqué.

"Cette dynamique, ainsi que le changement des sensibilités politiques, pourrait avoir un impact marqué sur la demande pour nos produits à court terme", a-t-il prévenu.

Tesla est également confronté à une concurrence grandissante aux Etats-Unis et en Chine - ses deux marchés les plus importants même si Tesla ne détaille pas ses ventes géographiquement - qui lui grignote chaque jour davantage de parts de marché.

En particulier le géant chinois BYD qui n'était plus qu'à une encolure en 2024, avec 1,76 million (+12% sur un an) de véhicules tout électrique vendus quand Tesla en a écoulés 1,79 million (-1%).

Cette accumulation a fait plonger le titre de plus de 40% depuis le début de l'année.

Mais, affirme Elon Musk, malgré de "nombreux obstacles à court terme, l'avenir de Tesla est plus brillant que jamais".

Un bulldozer au sommet de l'Etat fédéral

Un massacre à la tronçonneuse. Les 100 premiers jours d'Elon Musk au sommet de l'administration fédérale ont profondément secoué les Etats-Unis, mais l'homme le plus riche du monde a commencé à revoir ses ambitions à la baisse.

"A partir du mois prochain, je vais allouer davantage de mon temps à Tesla", et beaucoup moins à l'amaigrissement de l'Etat fédéral, a annoncé Elon Musk mardi, après la publication de résultats en nette baisse pour sa société de voitures électriques.

Né en Afrique du Sud, il n'y a qu'une seule chose que le patron de Tesla, mais aussi du réseau X et de SpaceX (aérospatiale), ne peut s'offrir aux Etats-Unis: la Maison Blanche.

Mais son ralliement -- fort coûteux -- à Donald Trump lui a permis d'obtenir un lot de consolation: devenir l'un des personnages les plus puissants du pays aux côtés du président républicain, allant jusqu'à s'adresser à la presse dans le Bureau ovale avec son fils de quatre ans sur les épaules.

Il n'est officiellement que "conseiller spécial" mais dirige une commission pour l'efficacité gouvernementale, le Doge, chargé de sabrer dans les dépenses et les effectifs. Il n'hésite pas à interpeller les membres du gouvernement en plein conseil des ministres.

Sans craindre l'opposition du Congrès ni les recours judiciaires, le multimilliardaire a donné à sa mission l'énergie d'un patron du privé depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.

L'une de ses premières mesures: envoyer un courriel à 2,3 millions de fonctionnaires leur offrant un départ à l'amiable. Ceux qui ont choisi de rester sont priés d'envoyer un message électronique hebdomadaire détaillant cinq choses qu'ils ont faites dans la semaine.

D'un trait de plume, des administrations entières sont rayées de la carte, notamment l'USAID, l'organisme chargé de l'aide au développement.

Du jour au lendemain, des programmes humanitaires sont suspendus, les employés trouvent porte close à Washington et leurs collègues expatriés se retrouvent sans ressource à l'autre bout du monde.

Mais l'homme qui ambitionne de coloniser la planète Mars n'est pas sujet au doute. Il s'exhibe avec une tronçonneuse offerte par un expert en matière de dégraissage de la fonction publique, le président argentin Javier Milei.

Au Doge, ses jeunes informaticiens font main basse sur des organismes publics.

Exemple au CFPB, l'organe fédéral de protection des clients des banques, perçu comme une entrave à la liberté économique aux yeux des conservateurs.

Le Doge s'empare du système informatique, en exclut les fonctionnaires du CFPB, bloque les transactions financières et met la main sur les messages de l'organisme sur les réseaux sociaux.

"Repose en paix, CFPB", triomphe Elon Musk sur X.

Autres institutions dans le viseur: toutes celles qui ont à voir avec les programmes "DEI": diversité, équité et inclusion, bêtes noires de la nouvelle administration.

Juridiquement, un conseiller "spécial" ne peut pas être employé plus de 130 jours, ce qui signifie qu'Elon Musk doit quitter ses fonctions officielles au plus tard cet été.

"A un moment ou à un autre, il retournera" à ses affaires, avait déclaré Donald Trump début avril. "Il en a envie".

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