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Migrants : la dignité humaine comme boussole des politiques publiques

L’heure n’est plus aux déclarations de principe, mais à la mise en œuvre de politiques fondées sur la dignité humaine" (Amina Bouayach)
À Rabat, la présidente du CNDH, Amina Bouayach, a rappelé que les droits des migrants ne relèvent ni du privilège ni du choix politique, mais de l’impératif de justice, dans un monde où les discours de rejet se banalisent. Une table ronde stratégique pour aligner législation, engagement moral et action concrète.
Les droits des migrants : une exigence, pas une option
"L’heure n’est plus aux déclarations de principe, mais à la mise en œuvre de politiques fondées sur la dignité humaine", a affirmé Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), lors d’une table ronde organisée lundi à Rabat. Sous le thème "Pour des politiques migratoires fondées sur la protection des droits de l’Homme", la rencontre a rassemblé experts, représentants onusiens, institutions nationales africaines et parlementaires autour d’un objectif commun : réaffirmer les droits fondamentaux des travailleurs migrants et de leurs familles.
Au cœur des échanges : l’Observation générale n°6, récemment adoptée par le Comité des Nations Unies pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants (CMW). Ce document clé établit les correspondances et complémentarités entre deux textes majeurs : la Convention internationale sur les droits des travailleurs migrants et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en 2018.
Harmoniser le droit, dépasser la stigmatisation
Dans un contexte mondial marqué par la multiplication des crises géopolitiques et la montée des discours xénophobes, Mme Bouayach a insisté sur le caractère stratégique de cette réunion. L’Observation n°6 sert d’outil de convergence, incitant les États à aligner leurs politiques migratoires sur des normes juridiques claires. Il ne s’agit plus seulement d’une question de conformité, mais de responsabilité partagée.
"Les droits des migrants doivent être protégés au même titre que ceux de tout être humain", a-t-elle martelé. Une vision relayée par Fatimata Diallo, présidente du CMW, qui voit dans cette observation un "levier puissant" pour construire une gouvernance migratoire fondée sur le droit, en insistant sur les principes de non-discrimination, réunification familiale, protection contre la traite et refus de la détention systématique liée à la migration.
Un outil juridique au service de la coopération africaine
Cette table ronde a aussi été marquée par la signature d’une convention de coopération entre le CMW et le Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH), présidé par Bouayach. L’objectif : renforcer la coordination continentale en matière de protection des droits des migrants.
Les participants ont salué l’approche inclusive portée par le Maroc, à la fois plateforme de transit et pays d’accueil, tout en appelant à renforcer les synergies entre institutions nationales, société civile et instances internationales.