L'EDITION DANS TOUS SES ÉTATS - Par Mustapha SEHIMI

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Qu'en est-il de la lecture au Maroc et du modèle économique de l'édition? L'accès au livre est-il stimulé par la famille ou à 1'école ? Le réseau des bibliothèques est-il à la hauteur surtout en dehors des grandes villes?

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Il faut savoir gré à la Fondation Abdul Aziz Al-Saoud, écrit Mustapha Sehimi, de publier, chaque année à l'occasion du Siel, un rapport sur l'état de l'édition au Maroc. Un secteur sans doute dynamique avec plus de 3.700 titres. Mais encore fragile. Sehimi plaide pour un écosystème qui doit faire l'objet d'une politique globale de promotion.

 

L'édition peut être qualifiée de secteur actif. Les titres recensés sont de 3.725, en majorité en format papier (91%). Mais les difficultés ne manquent pas : tant s'en faut. La première d'entre elles a trait à l'édition numérique de 9% seulement, traduisant bien sa faible part dans les périmètres du livre. Si l'on note ainsi 334 livres, cela doit être affiné avec la majorité des publications numériques venant d'institutions publiques ou encore parapubliques (Policy Center for the New South, CESE, HCP...).

Un progrès, mais...

Un acquis sans doute couvrant généralement les thèmes économiques, sociaux et même politiques internes ou internationaux. Comme le note le rapport," l'édition numérique est largement absente des domaines de connaissances dominants dans l'édition papier". Référence est faite ainsi à la littérature, la philosophie, l'histoire, le droit, la fiction, la poésie, etc. Autre indicateur tout aussi significatif : 20 % environ des publications sont faites à compte d'auteur. La géographie de celles-ci est surtout localisée en dehors des grandes villes. Dans cette même ligne, par région, l'ensemble de la production nationale classe l'axe Rabat-Salé- Kénitra au premier rang avec 24,5%, puis ceux de Casablanca -Settat (20,7 %), Tanger Tétouan Al Hoceima (13 %), Souss-Massa (7 %), Fès- Meknès (6,5 %), etc. Il faut ajouter la relation entre la production éditoriale et le champ culturel national : 80 % en arabe, 16% en français, l'amazigh et l'anglais pour les 4 % qui restent. Le rapport relève également une certaine tendance : celle d'"une transition d'une époque dominée par la poésie à une ère du récit" avec respectivement 537 romans et nouvelles, soit plus du double des 230 recueils de poésie. Il vaut, par ailleurs, de se pencher sur la place de la traduction dans l'édition, avec seulement 187 titres soit moins de 6% du total de la production nationale. Le français se classe en premier comme langue source mais c'est l'arabe qui couvre 80% de l'ensemble des traductions. Celles-ci regardent des œuvres classiques mais également contemporaines. Il manque, là aussi, une approche conséquente et globale de la politique de traduction.

Un modèle économique

Cela dit, qu'en est-il de la lecture au Maroc et du modèle économique de l'édition? L'accès au livre est-il stimulé par la famille ou à 1'école ? Le réseau des bibliothèques est-il à la hauteur surtout en dehors des grandes villes? De nouvelles dynamiques sont à noter (autoédition et numérique) sans oublier l'émergence de blogs, de booktubers et de clubs de lecture ainsi que des évènements littéraires comme le Siel et d'autres. Des assises nationales de l'édition devraient être organisées pour définir et mettre en œuvre une stratégie nationale. Des pistes sont à retenir : accompagner et conforter le statut des maisons d'édition en les rendant éligibles à la Charte d'investissement des TPME, mettre en place de véritables réseaux de distribution au Maroc et à l'étranger, formation spécialisée des éditeurs et des libraires, implication des régions pour réduire le déséquilibre territorial, etc. C'est toute la chaîne du livre qui doit être mise au net. Un modèle économique devant assurer la viabilité et la promotion des maisons d'édition et de leur environnement commercial.