Le nouveau directeur g?n?ral du Centre Cin?matographique Marocain nie avoir d?cid? la censure du film hollywoodien "Exodus". La d?cision est plut?t souveraine.
??Ce n?est pas moi, c?est lui??. C?est en substance la ligne de d?fense du directeur g?n?ral du centre cin?matographique marocaine pour clamer son innocence et crier ? la face du monde qu?il n?est pas un ma?tre censeur. Non, explique-t-il, ? nos confr?res d?Aujourd?hui le Maroc, ce n?est pas lui qui a d?cid? de la censure du p?plum biblique ??Exodus??, mais une commission ??ind?pendante?? qui ne fait que si?ger au CCM.
Grosse comme une ficelle, l?explication de Sarim Fassi Fihri pr?te ? sourire?: il vient de faire d?une commission qui dicte aux Marocains ce qu?ils doivent voir ou pas un OVNI institutionnel, une structure folle qui ?chappe ? tout le monde. Que dit au juste le successeur de Noureddine Sa?l?? Le centre cin?matographique marocain ne d?livre donc pas de visa d?exploitation de films aux salles. Il y a une commission souveraine pour cela . Peu importe qu?elle soit pr?sid?e par le CCM, peu importe aussi qu?on y retrouve parmi ses quatre membres un repr?sentant du CCM et que la voix du DG du centre cin?matographique y soit pr?pond?rante en cas de d?saccord et peu importe enfin que le communiqu? annon?ant la d?cision d?interdire ??Exodus?? de Ridley Scott ait sign? par un ??pour le directeur g?n?ral du CCM??.
??Tout cela sent le courage. M. Sarim Fassi Fihri aurait ?t? plus inspir? d?assumer une d?cision qu?il a cautionn? d?un bout ? l?autre??, soupire un distributeur de film.
La d?fense de l?ancien producteur devenu officiel sous la tutelle du minist?re de la communication ne r?siste pas ? l?examen du Dahir n? 1-01-36 du 21 kaada 1421 (15 f?vrier 2001) portant promulgation de la loi n? 20-99 relative ? l?organisation de l?industrie cin?matographique telle qu?elle a ?t? modifi?e par la loi n? 39-01.
"Toute exploitation commerciale d?un film cin?matographique sur le territoire national ainsi que du mat?riel publicitaire y aff?rent est subordonn?e ? l?obtention d?un visa d?livr? par le directeur du Centre Cin?matographique Marocain sur d?cision d?une commission dite ? commission de visionnage des films cin?matographiques ? qui si?ge audit centre.??, peut-on lire. La responsabilit? du directeur du CCM ne souffre pas la moindre ambigu?t??: il ne fait pas que pr?ter les murs du centre cin?matographique marocain aux membres de la commission de contr?le et de visionnage.
En d?clarant ? la presse que le CCM ??n?a rien ? voir avec cette d?cision?? d?interdiction, M. Sarim Fassi Fihri a, soit mal compris les nouvelles pr?rogatives qui sont les siennes soit a choisi de plier l??chine devant sa tutelle.
Les justifications du nouveau directeur du CCM donnent s?rieusement ? r?fl?chir. Le 19 d?cembre dernier, explique-t-il, les membres de la commission autorisent ce long m?trage, pour les 16 ans et plus. Mais le repr?sentant du minist?re de la Communication ?met des r?serves. Ses r?serves portent sur la premi?re s?quence o? l?on voit un enfant qui dit ?Je suis??. Un nouveau visionnage est d?cid?. le repr?sentant du minist?re de la Communication que dirige l?islamiste Mostafa El Khalfi d?clare ? ses pairs de la commission qu?il consid?rait cet enfant comme une repr?sentation de Dieu et qu? il s?agissait d?une d?marche blasph?matoire. ??Il a convaincu les autres membres qui ont tous retenu cet argument. Ils avaient le droit de prendre cette d?cision ? condition de la motiver, et ils l?ont motiv?e de cette fa?on?? a en substance affirm? Sarim Fassi Fihi.
Quand un fonctionnaire anonyme d?cide de ce qu?on doit voir au cin?ma
??Ce que dit le directeur du CCM est tr?s inqui?tant. Il est en train de nous expliquer que c?est un fonctionnaire anonyme du minist?re de la communication qui interpr?te ? sa guise un film m?me s?il ne d?tient pas tous les outils requis. Et c?est ce m?me fonctionnaire qui peut au final d?cider d?interdire un film parce qu?il ne correspond pas ? ses convictions religieuses ou morales?!??, s?exclame cette cin?aste de la place.
Et ce n?est pas fini. Car quand l?ignorance se conjugue ? l?arbitraire, les d?g?ts sont foison?
?Il faut inviter le nouveau directeur du CCM ? lire plus attentivement les textes qui r?gissent l?entit? aux destin?es de laquelle il pr?side. La loi portant sur l?organisation cin?matographique au Maroc ?voque clairement les attributions de la commission de visionnage et dans quelles circonstances un film peut ne pas ?tre autoris??. L?argument religieux n?y figure en aucune mani?re. Ce n?est pas ? une commission du CCM de faire une lecture religieuse d?une ?uvre cin?matographique?, fait valoir cet exploitant de salle?tout en brandissant le texte en question o? il est clairement stipul? que ??La commission de visionnage des films cin?matographiques veille au refus de visa ou ? la coupure dans le contenu des films cin?matographiques qui pr?sentent des sc?nes contraires aux bonnes moeurs ou pr?judiciables aux jeunes, ou ? l?interdiction aux mineurs de moins de seize ans d?assister ? la projection de certains films (... )??
??Je suis contre la censure et ce n?est pas de la censure??, affirme haut et fort M. fassi Fihri. Comment alors qualifier l?interdiction d?un film qui a d?abord ?t? autoris? une premi?re fois?? ??Si ce n?est pas de la censure, cela y ressemble beaucoup et ?a en a le go?t amer??, commente ce jeune r?alisateur d?ici. Mais attention tout n?est pas compl?tement perdu. Le directeur du CCM se dit pr?t ? rencontrer, ??s?il y a lieu ?? Ridely Scott qui a d?, comme tout le monde s?en doute perdre le sommeil depuis que le CCM l?a interdit au Maroc et qui doit ?tre tout excit? ? l?id?e de rencontrer notre Sarim Fassi Fihri. Le nouveau directeur du centre cin?matographique ne se d?monte pas. Il a ouvert, d?clare-t-il, des canaux de communication avec la Fox. ??Je suis pr?t ? tout n?gocier, sauf la sensibilit? religieuse des marocains??, soutient le patron du CCM. Sarim Fassi Fihri, l?homme qui veut murmurer ? l?oreille de Ridley Scott, le courageux producteur qui hait la censure s?est d?sormais auto-investi d?une nouvelle mission?: prot?ger la foi des Marocains et se faire porte-parole mondiale de notre ??sensibilit? religieuse??.
Quant ? l?article 25 de la constitution marocaine selon lequel ??sont garanties les libert?s de pens?e, d?opinion et d?expression sous toutes ses formes. Sont garanties les libert?s de cr?ation, de publication et d?exposition en mati?re litt?raire et artistique et de recherche scientifique et technique??, il n?est encore qu?une vague promesse. Et les promesses n?engagement que ceux qui y croient.