Afrique du Sud : Controverse sur l'immobilisation à Varsovie d’un avion de la sécurité présidentielle - Par Hamid AQERROUT

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Le Président Ramaphosa était accompagné d’un énorme détachement de sécurité d'environ 120 éléments, plus environ 12 conteneurs d'armes

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Par Hamid AQERROUT  (MAP, Bureau de Johannesburg)

Johannesburg - L’affaire de l’immobilisation d’un avion charter de la compagnie aérienne sud-africaine SAA sur la piste de l'aéroport de Varsovie, avec à bord des responsables, des journalistes et des conteneurs d’armes, continue de susciter une vive polémique en Afrique du Sud et pourrait conduire à une crise diplomatique avec la Pologne.

La délégation sud-africaine accompagnait le Président Cyril Ramaphosa qui s'est arrêté à Varsovie pour participer à une mission de paix africaine devant convaincre l’Ukraine et la Russie à mettre fin au conflit.

Ce qui était censé être une mission de paix visant à apaiser les tensions entre la Russie et l'Ukraine, s'est alors transformé en une prise de bec diplomatique entre les responsables sud-africains et leurs homologues polonais. La délégation africaine comprenait des dirigeants d'Afrique du Sud, de Zambie et du Sénégal, ainsi que de Hauts Représentants des Comores, de l’Ouganda et d'Egypte.

Lors de cette mission, le président zambien, Hakainde Hichilema, était accompagné d’un total de 24 responsables, dont une douzaine d'agents de sécurité, le président sénégalais, Macky Sall, avait probablement à peu près le même nombre d'agents de sécurité, alors que le président comorien, Azali Assoumani, était accompagné de seulement deux agents de sécurité et de quatre autres responsables.

Grâce à ces petits contingents de sécurité, ces trois chefs d'État participant à la mission de paix africaine ont pu se rendre avec leurs gardes à Kiev pour rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, vendredi dernier, et à Saint-Pétersbourg pour rencontrer le président russe, Vladimir Poutine, le Samedi.

Le Président Ramaphosa, avec un énorme détachement de sécurité d'environ 120 éléments, plus environ 12 conteneurs d'armes, il ne pouvait pas les emmener ni à Kiev ni à Saint-Pétersbourg, car tout ce beau monde a fait trop de bruit en cours de route.

Les autorités polonaises ont immobilisé l'avion à l'aéroport de Varsovie et menacé de confisquer les armes et l'équipement à son bord. Elles ont aussi refusé de laisser les gardes et les journalistes descendre de l'avion, selon la délégation sud-africaine qui précise qu’une femme agent de protection avec un passeport diplomatique, qui fait partie de l'équipe de sécurité, a été fouillée à nu avant de pouvoir monter à bord de l'avion et négocier la libération des passagers et du fret de l'avion.

Finalement, environ 26 heures plus tard, le personnel de sécurité et une douzaine de journalistes, devenus des "dommages collatéraux", ont été autorisé à débarquer et conduit dans un hôtel de la ville, sans leur bagage.

Pour des raisons qui ne sont pas tout à fait claires, l’avion de l'équipe de sécurité ayant raté le voyage de Ramaphosa en Ukraine, n’est pas non plus parvenue à couvrir l'étape russe, car il n’a pas pu obtenir d'autorisations de survol. L’avion avec tout le personnel à bord était alors contraint de faire demi-tour et revenir en Afrique du Sud.

En réaction, le chef de la sécurité de Ramaphosa, le général Wally Rhoode, a fulminé que les Polonais ont tenté de saboter la mission de paix africaine, relevant que cette impasse diplomatique a eu un impact sur la sécurité du chef de l’Etat sud-africain. Il a aussi qualifié les autorités polonaises de «racistes».

Mais, pour les autorités polonaises, cette version des faits est «totalement fausse». Elles pointent de graves erreurs logistiques et de planification commises par le gouvernement sud-africain.

Le ministère polonais des Affaires étrangères avance que l'avion, l'équipe de sécurité et les journalistes sud-africains avaient été cloués au sol en raison "d'un non-respect des procédures d'entrée standard requises par la partie polonaise".

Le département a souligné, dans un communiqué, que "des marchandises dangereuses se trouvaient à bord de l'avion, que les représentants sud-africains n'avaient pas l'autorisation de faire entrer et qu’il y avait à bord des personnes dont la présence n'avait pas été signalée au préalable à la partie polonaise".

Suite à cet incident diplomatique, plusieurs partis de l’opposition sud-africaine ont demandé au gouvernement d’agir au plus vite à ce qu’ils ont qualifié d’«humiliation diplomatique». Alors que l'Alliance démocratique (DA) appelle à des réponses concernant cet incident diplomatique et que le Congrès National Africain (ANC au pouvoir) tente prudemment de donner un sens à cet incident, les combattants pour la liberté économique (EFF), surnommés les bérets rouges, accusent la Pologne d'employer «les tactiques de la guerre froide pour intimider les États africains sur leurs objectifs de politique étrangère».

Mieux encore, EFF a exigé au gouvernement d'envisager de rappeler l'ambassadeur d'Afrique du Sud en Pologne et de rétrograder l'ambassade de Pologne dans le pays. Il a aussi appelé l’exécutif à ne pas réagir à la légère à la décision des autorités polonaises de détenir une délégation de médias et de la sécurité sud-africains pendant plus de 26 heures.

Ces partis de l’opposition soutiennent que le Président Ramaphosa se rendant à Kiev dans un état compromis dans une zone de guerre sans sa sécurité, était non seulement inacceptable, mais c’est «une forme délibérée d'humiliation». Alors qu’ils ont fustigé les autorités polonaises pour avoir compromis la sécurité du chef de l’Etat, ils ont également lancé des coups à Ramaphosa pour sa position "non alignée" dans le conflit russo-ukrainien, affirmant que cela contribuait à "saper le pays".

En attendant d’élucider un peu plus les circonstances entourant cet incident, plusieurs voix s’élèvent en Afrique du Sud appelant les autorités à révéler le type d'armes et de munitions qui se trouvaient à bord du vol de l'AAS transportant l'unité de protection présidentielle.

Il est tout à fait clair que tout cet arsenal militaire n'était pas nécessaire pour la protection du Président.

 

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